Perspective Com
Le Front de gauche dessine le socialisme du XXIe siècle

Perspective communiste

Par Robert Guédiguian, cinéaste et producteur


Je vais voter, dimanche 22 avril, pour le candidat du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon. D'abord pour son programme. Pas pour son physique, pas pour ses talents d'orateur, pas pour son humour, pas pour la conduite de sa vie privée, mais pour le programme du Front de gauche qu'il incarne.

C'est le seul programme de rupture avec la société en crise dans laquelle nous sommes broyés. De la hausse du smic à la reprise en main du secteur bancaire, du renforcement du droit du travail à la démocratie dans l'entreprise, du salaire maximal à la définition d'une nouvelle Union européenne, et au maintien des services publics...

Lisez-le avant de voter et vous verrez que ce texte, intitulé "L'humain d'abord", est si ouvert que ses auteurs demandent qu'il soit enrichi, discuté, contesté même. Et, en effet, le mot d'ordre du Front de gauche n'est-il pas : "Prenez le pouvoir" ?

Le Front de gauche exalte la politique dans son contenu et dans sa forme ; il l'élève au niveau où elle ne devrait jamais cesser d'être : un rêve possible.

Sous les coups conjugués du crédit et de la télévision, le peuple conscient de lui-même, le peuple "pour soi", s'était comme dissous... Mais aujourd'hui, grâce à ce rêve possible proposé par le Front de gauche, le peuple est réapparu. Il s'est remis sur ses jambes, il a repris des couleurs, il a retrouvé sa voix, son verbe... Et sa dignité.

Il est à nouveau visible dans la rue, sur les places publiques, où il va écouter les propositions de Jean-Luc Mélenchon sans intermédiaire, sans radio et sans télévision, dans ces manifestations où enfin nous nous retrouvons côte à côte... Nous en avions assez d'être dos à dos...

Nous en avions assez de travailler plus que le voisin de gauche pour gagner plus que le voisin de droite et consommer plus de choses souvent inutiles que le voisin du dessus...

Ce rêve qui s'est réveillé et qui nous réveille, c'est le socialisme. C'est le socialisme du XXIe siècle dont on connaît l'essence et la morale et dont on doit tous ensemble inventer les formes inédites.

Laurence Parisot, la sainte patronne des patrons, ainsi que toutes les élites et leurs représentants conscients ou inconscients, ne s'y trompent pas. Ils attaquent le projet du Front de gauche sur son prétendu irréalisme qui en ferait une proposition plus morale que politique. Pendant combien d'années encore allons-nous supporter cette opposition ridicule entre la morale et la politique, entre le rêve et la réalité...

Nous savons depuis Jean Jaurès la belle dialectique qui allie la compréhension de la réalité et le chemin vers l'idéal. Nous savons que si l'on dissocie ces deux termes de l'action politique nous risquons de voir le monde se défaire.

Oui, Mme Parisot, c'est de morale qu'il s'agit, vous avez raison. Nous préférons la coopération à la concurrence, la fraternité à l'évaluation, la solidarité au résultat et, en plus, nous pensons que nos valeurs sont plus productives que les vôtres parce que la réussite ne peut être que sociale et collective car il y a de la honte à être heureux parmi tant de misères.

Votre réalisme consiste tout simplement à maintenir les choses en leur état, à nous faire croire que c'est de l'ordre de la nature. C'est un réalisme de la conservation qui ne sert qu'à perpétuer votre domination sans partage.

Nous ne vous écouterons plus du tout car vous nous avez toujours trompés, vous n'avez jamais rien prévu et car vous ne nous avez jamais fait rêver. Vos mensonges et ceux de vos hommes de main nous avez éloignés les uns des autres... Nous nous sommes retrouvés, nous ferons en sorte de ne plus jamais nous perdre parce que nous avons retrouvé le sourire...

Et si nous ne prenons pas le pouvoir cette fois, nous avons déjà pris du pouvoir.

Robert Guédiguian, cinéaste et producteur


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