Le Monde aux ordres de l'UMP/MEDEF
Nicolas Maury
Le Parti de la Presse et de l'Argent en lutte contre les grévistes (d'après David Noël PCF Henin-Beaumont)
Non, l'éditorialiste anonyme du Monde qui ose cette analyse à tomber par terre n'est pas devenu fou et paraît tout à fait sérieux. Partialité des médias ? Quelle partialité ? A hurler de rire, car comme l'écrivent avec humour Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts dans Libération d'hier, la grève des cheminots a trouvé son héros, défenseur de la veuve et de l'usager torturés par les grévistes privilégiés... Ce héros s'appelle... Jean-Pierre Pernaut !
Depuis mardi, toutes les télés se sont mises au diapason de TF1 et on ne nous épargne rien des tracas des fameux usagers en colère. L'information se limite à des micro-trottoirs et les journalistes qui couvrent les grèves étudiantes d'opposer une poignée d'étudiants bloqueurs politisés à la majorité d'étudiants désireux de reprendre les cours et qu'importe si les leaders des "anti-blocage" sont en fait des militants de l'UNI ou de Liberté Chérie tout aussi politisés que les étudiants en grève, les journalistes n'en disent rien.
Depuis mardi, les journaux télévisés et la presse écrite font leurs choux gras de sondages soi-disant défavorables aux grévistes. Comme d'habitude, tout est dans les questions... Aucun sondage n'a mis en avant les propositions des organisations syndicales : retraite à 60 ans à taux plein, retour aux 37,5 annuités de cotisations dans le public comme dans le privé, financées par une taxation des revenus du capital et une augmentation des cotisations patronales. L'alternative est là, mais dans les colonnes du Monde, du Figaro ou dans les sujets de TF1 et de France 2, ces propositions sont systématiquement évacuées.
Le Parti de la Presse et de l'Argent (PPA comme l'appellent nos amis sardons du Plan B) a choisi son camp : celui du gouvernement et du MEDEF qui exige le passage à 42 puis à 45 annuités de cotisations et la mise en place de fonds de pension. Logique, les salariés ne pourront pas cotiser 45 annuités et par le jeu des décôtés, ils ne pourront prétendre qu'à des pensions dérisoires...
Alors, cette après-midi, les ultra-libéraux de Liberté Chérie et d'Alternative Libérale, les étudiants sarkozystes de l'UNI et des élus UMP entendent bien défiler à Paris et rejouer le coup du 30 mai 1968, quand la fameuse "majorité silencieuse" gaulliste défilait contre la "chienlit". Même slogans, même hargne anti-grèves et anti-syndicats et nul doute que les journaux télévisés de ce midi et de ce soir relaieront avec complaisance une initiative présentée par ses initiateurs comme une manifestation d'usagers "apolitiques" favorables à la liberté du travail bafouée par des grévistes nantis et privilégiés...
Le PPA joue sa partition. Acquis aux intérêts du capital, le PPA participe au conflit de classe qui se joue sur fond de division des classes populaires et de volonté d'une droite thatchérienne et ultra-libérale d'écraser le mouvement social. C'est peut-être le paradoxe des luttes sociales actuelles : jamais la lutte des classes n'a été aussi visible, jamais la volonté revancharde du patronat et de la droite aussi transparente. La lutte des classes existe et le camp du patronat est bien organisé. Pour défendre nos droits contre les attaques du patronat, de la droite et du Parti de la Presse et de l'Argent, soyons révolutionnaires !