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Le PAM privatisé ?

Fréderic Dutoit

Le patronat appuyé par la présidente du MEDEF veut privatiser le port autonome de Marseille.

Le PAM privatisé ?
Qu’elle drôle d’idée ? Leur proposition est tout simplement de changer le statut public du port pour en faire une société anonyme au prétexte que les acteurs privés sont aujourd’hui les plus gros investisseurs sur le port.

Le président de CMA-CGM, Mr Jacques Saadé lui-même, invoque leur droit à dire leur mot dans la gestion du PAM. Mais si mes souvenirs sont bons, le PAM est géré par trois parties engagées dans l’économie du territoire ; les entreprises, les collectivités territoriales et l’état. Et cette privatisation se ferait dans de singulières conditions. A la partie publique les fonctions dites régaliennes ; gestion du foncier, planification, sécurité, etc. ; c'est-à-dire ce qui coute mais ne rapporte rien. Et aux entreprises privées les fonctions commerciales ; c'est-à-dire tout ce qui rapporte des dividendes aux actionnaires.

Décidément on ne refait pas le patronat. Sa vision ultra libérale est donc de réserver tous les couts à la puissance publique et tous les profits aux actionnaires privés. Le président de la chambre de commerce lui-même, Mr Pfister, doit remettre un rapport fait de propositions allant dans ce sens au Maire de Marseille d’ici fin juin. Alors, soyons un peu sérieux.

Rien aujourd’hui ne limite l’activité privé sur le port de Marseille. Bien au contraire. L’état, depuis des années, se désengage, de son rôle moteur dans la vie du port. Et comme le déclare si bien le président du conseil d’administration du PAM, lui-même chef d’entreprise, Mr Garin, « le problème majeur ce n’est pas celui de la gouvernance, c’est celui de la position de l’état.

Comment envisage-t-il les partenariats public-privé ? Comment se position-t-il en tant qu’investisseur ? Que deviennent l’établissement public et son personnel à partir du moment où l’actionnaire public n’est plus présent ? Les vrais enjeux sont là ». Le port autonome de Marseille, ce qu’on appelle les bassins Est, c’est 16000 emplois directs et indirects pour Marseille. Avec les bassins Ouest, c'est-à-dire la zone de Fos, c’est 40000. Et personne ne remet en cause la diversification de l’activité portuaire entre le trafic passager avec les croisières, le pétrole et le gaz, et le trafic conteneurs.

Au moment où Nicolas Sarkozy, nouveau président de la république, en visite samedi au Salon aéronautique du Bourget, a prôné une "vraie politique industrielle européenne" face à la concurrence des géants chinois ou américain, et en récusant "une approche idéologique qui fait de la concurrence une fin en soi", ce n’est pas le moment de jouer avec le feu pour l’avenir de Marseille.

Soyons donc honnête en vers nous même, l’atout majeur du port de Marseille d’Est en Ouest des Bouches-du-Rhône, réside dans sa capacité à jouer la carte de la complémentarité : la complémentarité géographique et la complémentarité des activités économiques. Cette cohérence repose sur l’harmonisation des activités économiques comme la réparation navale industrielle de haut niveau, la réparation de grande plaisance, les plateformes logistiques pour l’accueil, la distribution et la transformation des marchandises, le transport des dites marchandises et des passagers, le cabotage maritime, les croisières, la plaisance et la pêche.

Alors je pose la question. Puisque rien ne justifie la privatisation du port autonome de Marseille, ni juridiquement, ni socialement, ni économiquement, cette proposition n’aurait-elle pas pour objectif tout simplement de livrer les terrains portuaires aux appétits des promoteurs immobiliers en mal d’espaces en bord de mer ?



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