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Le PCF en 1940 (2/3)

Perspective communiste

Le PCF face a la guerre (1939-1940) - seconde partie

Les signataires des accords de Munich en 1938
Les signataires des accords de Munich en 1938
A)le mot d'ordre du PCF:le refus de la "guerre impérialiste"

Au début septembre 1939, le PCF est sans ligne cohérente, l’Internationale Communiste est de son coté plus capable de faire face à la guerre, qu'elle tient pour inévitable depuis les accords de Munich et la trahison des "grandes démocraties" occidentales. La ligne des communistes est à nouveau teintée du slogan "classe contre classe", on appel les français à refuser "la guerre impérialiste" pour protéger l'URSS et les révolutionnaires. La guerre qui s'annonce n'est autre qu'une lutte entre des puissances impérialistes.

Cependant la sensibilité de l'URSS et de l'Internationale Communiste sont une chose, et celle des communistes français en est une autre. Le PCF infléchie sa position, même si demeure, dans son discours, la thématique de la guerre impérialiste. Il y a une juxtaposition de la volonté de mener une lutte sans merci contre l'hitlerisme : "nous sommes anti-hitlerien, antifascistes" déclare Maurice Thorez en octobre 1939.

La réorientation est pleinement accomplit en novembre face a l'incurie gouvernementale et à la répression systématique qui empêche toutes expressions légales et massives du Parti communiste.

B)l'interdiction

"Union de la nation française contre l'agresseur hitlerien!" titre l'Humanité, le 26 août 1939. Ceci n’empêche pas le journal communiste fondé par jean Jaurès, d' être saisi par les forces de l'ordre. Les journées qui suivent estompent peu le désarroi. Pour certains militants comme Paul Nizan c'est incompréhension.

La guerre tant redoutée éclate au début septembre 1939. Les communistes ont déjà décidés leurs attitudes en cas de conflit :ils se battront les armes à la mains contre les hitleriens honni. C'est la décision de la direction du PCF et des députés.

Peine perdue, la répression s'abat impitoyablement sur les militants actifs, et tandis qu'une campagne anti communiste sans précédent déferle, le 26 septembre 1939 la dissolution officielle du PCF, de ses organisations, de quelques 300 conseils municipaux est prononcée avec le décret du socialiste Sérol (SFIO). Les anciens alliés du Front populaire participent pleinement à la grande curée anti communiste.

Pour les militants communistes qui ne renoncent pas, le temps est venu de basculer dans l'action clandestine, des réunions éparses se tiennent, des tracts circulent sous le manteau. Pour l'humanité, qui reparaît clandestinement le 26 octobre 1939, les choses sont claires : la guerre est un prétexte pour détruire les communistes et l'URSS. Pour les dirigent cette guerre n'est pas celle des peuples mais celle de l’impérialisme. Au début de 1940, la chambre des députés vote la déchéance des députés communistes, le 19 janvier 1940 Maurice Thorez quitte son régiment et doit fuir à Moscou, Jacques Duclos fuit à Bruxelles, Marcel Cachin en Bretagne... la direction du PCF entre dans la clandestinité.

C)La répression

L'hiver 1939-1940 est très difficile pour le PCF, les autorités françaises mènent une répression forte contre les communistes. Le PCF se retrouve isolé, largement coupé d'une opinion dominée par la propagande officielle, il compte alors les coups plutôt qu'il n'en donne. Il assiste au déferlement anti soviétique qui accompagne la guerre fino-soviétique en 1940. On est dans une période, de plus en plus curieuse, ou on envisage une intervention en Finlande et vers Bakou plus que contre l'Allemagne.

Le PCF est malmené Paul Reynaud se vantera d'avoir opéré des milliers d'arrestations, déchu prés de 2800 élus communistes et suspendu 317 municipalités. Le 9 avril 1940 le décret loi Sérol (SFIO) envisage la peine de mort contre les communistes.

Le PCF est en crise en 1940, il perd 1/3 de son groupe parlementaire, ces traîtres se rallieront à la France de Vichy. 4 membre de sa direction quittent le PCF, les cadre syndicaux de la CGT, issue de la CGTU sont exclus. Le mobile de la guerre devient l'anti communisme. Etienne Fajon, François Billoux et tant d'autres sont envoyés au bagne en avril 1940.


Commentaires (2)
1. Sébastien le 10/01/2006 01:43

Nicolas,

Votrez louable tentative d'entrer dans les détails ne va pas sans quelques partis pris tenaces. Ainsi, je trouve trop facile de votre part de décréter subitement que la position de l'URSS et du PCF sont distinctes, au moment même où le pacte de non-agression conduit le PCF a changer brutalement de position et à se dire anti-guerre, au nom de "la vision supérieure de l'URSS". On ne la comprend pas, mais on lui obéit aveuglement.

A cet égard, la condamnation unanime par la société de la position du PCF repose sur ce qui est consiédéré comme une double trahison nationale : 1/ vouloir la guerre quand la paix demeure espérée (Munich) ; 2/ refuser la guerre quand Hitler a les mains libres pour déferler sur l'Europe, du fait du pacte de non-agression.

Le PCF est dès lors interdit.

Là encore, il est trop facile pour vous de subitement ne vous attacher qu'à l'action de quelques militants communistes entrés très tôt dans la résistance, et de ne plus considérer que le mot d'ordre du PCF reste celui du refus de "la guerre impérialiste".

Les tracts communistes et la clandestine Humanité sont d'ailleurs clairs : la guerre ne serait qu'un prétexte pour détruire les communistes et l'URSS. Le mythe du complot anti-communiste est tenace, mais surtout complètement erroné : Hitler a prouvé que son ambition première n'était pas la disparition du communisme, mais bel et bien la constitution d'un Empire et d'un peuple "purifié".

Le PCF de l'époque se prenait pour le nombril du monde, et souffrait d'un manque de lucidité terrible.

De même, comment pouvez-vous dire que "le mobile de la guerre devient l'anti communisme" ? Si la "drôle de guerre" permet à la France de reporter un temps son attention vers les offensives impérialistes de l'URSS (que vous semblez délibérement refuser de nommer ainsi !), Hitler demeure l'ennemi constant.
2. nicolas le 10/01/2006 21:33
L'experience espagnole montre clairement les intentions d'hitler,elles même ecrites noir sur blanc dans "Mein Kampf",peut on esperer la paix avec un type qui marque ses choix bellisistes,l'espagne est pour les communistes le déclic que les "démocrates"auront qu'en septembre 1939
Le decret Serol de 1939(SFIO)qui prevoit la peine de mort contre les communistes est il un pretexte?l'envoit au bagne des députés communistes en est il un autre?
Il est tout aussi revelateur des intention des français et de leur anti communisme quant ils decident de passer a l'attaque de bakou et de l'URSS alors qu'ils restent statiques face a la ligne siegfrid(completement dégarnie en 1939 au printemps 1940).
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