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Le Salvador vire à gauche

Nicolas Maury

Salvador: après ses succès aux municipales et aux législatives, la gauche prépare les élections présidentielles ( Jean Lévy)

Le 18 Janvier dernier, 4,2 millions d’électeurs du Salvador ont voté pour le renouvellement du Parlement et des conseils municipaux.

Après dépouillement de près de 75% des bulletins, le FMLN a obtenu 46,3% des suffrages aux législatives, contre 36,5% à l'Arena, selon le Tribunal suprême électoral (TSE). Les autres formations sont très distancées, avec un total de 15%. Le FMLN est l’héritier des anciens guérilleros marxistes, écrasés par les mercenaires de Washington, en 1992.

Selon les projections officieuses, le FMLN obtiendrait 37 députés (sur un total de 84), gagnant cinq sièges. L'Arena en perdrait un, à 34.

La gauche victorieuse n'aurait cependant pas la majorité absolue. Pour gouverner, il lui faudrait donc trouver des alliances avec les partis minoritaires, qui auraient 14 sièges, soit quatre de moins que dans la précédente législature.

Le FMLN qui s'est proclamé "première force politique du pays" a revendiqué la victoire dans au moins 85 des 262 municipalités du pays, dont 5 des 14 préfectures. Il dirigeait 58 villes jusqu'alors. Le FMLN perdrait toutefois la mairie de San Salvador, qu'il détient depuis 1997, au profit du candidat de l'Arena

Au moins la moitié des 4,2 millions d'électeurs salvadoriens ont participé au scrutin, l'un des plus surveillés par des observateurs nationaux ou étrangers, depuis la fin de la guerre civile, en 1992. Les opérations de vote se sont déroulées sans incidents notables, selon les missions d'observation étrangères. La campagne électorale avait donné lieu à des incidents, parfois violents.

Le 15 Mars, les Salvadoriens éliront, cette fois, leur nouveau président.

Ces élections pourraient voir la fin du pouvoir du parti ARENA (Alliance Républicaine Nationaliste), fondé comme branche politique des milices paramilitaires d’extrême-droite en 1981 par le sinistre Roberto D'Aubuisson Arrieta, alias Blowtorch Bob (à cause de sa prédilection pour la méthode de torture consistant à brûler ses victimes avec une torche), élève-modèle de l’École des Amériques et organisateur présumé de l’assassinat de Mgr Oscar Romero.

Les 4 derniers présidents salvadoriens ont tous été des hommes de l’ARENA. L’actuel président, Rodrigo Ávila, risque bien d’être le dernier de cette série.

Face à lui, le FMLN a choisi le journaliste Mauricio Funes, défenseur reconnu des droits des citoyens, 49 ans, actuellement, en-tête dans les intentions de votes. Mais le FMLN avait déjà gagné les législatives en 2003 mais ils avaient échoué à la présidentielle l'année suivante, face à M. Saca.

Aujourd'hui, les dirigeants du FMLN ont adouci leur discours, basé sur le slogan du "changement dans la sécurité".

Les Etats-Unis, dont l'intervention avait été décisive en faveur de la droite dans la guerre civile, officiellement terminée en 1992, pèsent sur l'économie "dollarisée" du pays.

Ils sont directement intéressés par les résultats des législatives et de la présidentielle. Autrement dit, ils peuvent manœuvrer pour les fausser.

Mauricio Funes a déjà promis que « le Salvador demeurerait un allié convaincu de Washington s'il devenait président », et non un "satellite" du Venezuela et des autres forces de gauche de la région, comme l'affirment ses adversaires de droite.

Après Cuba, le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur et le Nicaragua, le Salvador va-t-il rejoindre le camp progressiste en Amérique latine ?

Le Salvador fut le théâtre d'une guerre civile sanglante (près de 100 000 morts) pendant 12 ans, de1980 à 1992, entre l’extrême droite, représentée par l'ARENA (Alliance républicaine nationaliste) et la guérilla marxiste du Front Farabundo Marti de Libération Nationale (FMLN). Pour soutenir la junte militaire en place, les Etats-Unis se sont engagés au côté de l'armée salvadorienne contre le FMLN.

En1980, Mgr Oscar Romero, engagé au côté des paysans dans la lutte politique, fut assassiné dans la chapelle de l'hôpital la providence de San Salvador par lesescadrons de la mort.

En 1992, les différents protagonistes de la guerre civile signent les accords de paix de Chapultepec qui mettent effectivement fin à la guerre.


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