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Le Vénézuéla nationalise la sidérurgie

Nicolas Maury

Le vice-président vénézuélien a annoncé mercredi la nationalisation de Sidor, le plus grand groupe sidérurgique du Venezuela, après l'échec de négociations entre la direction et les salariés

Le Vénézuéla nationalise la sidérurgie
Le 9 avril, le gouvernement vénézuélien a annoncé la nationalisation de l’immense aciérie SIDOR. Cette décision a été prise alors que le principal actionnaire, la multinationale refusait obstinément d’améliorer les conditions de travail des salariés. Les travailleurs de SIDOR ont lutté pendant 15 mois pour améliorer leurs salaires, leurs conditions sanitaires et le niveau des retraites, qui sont inférieures au salaire minimum. Ils demandaient aussi l’intégration dans les effectifs des 9000 salariés en « sous-traitance » – sur les 15 000 travailleurs de l’usine.

Sidor, privatisé en 1998, est détenu à 60% par le Luxembourgeois Ternium, 20% par le gouvernement vénézuélien et le reste par des salariés passés et actuels. Il emploie quelque 5.400 ouvriers et 9.000 sous-traitants. Ternium est contrôlé par le conglomérat argentino-italien Techint.

SIDOR a été privatisé en 1997, sous le gouvernement de Caldera, puis cédé à la multinationale Techint, qui a fait d’énormes profits sur la base d’une exploitation massive. Le nombre d’accidents du travail – souvent graves, parfois mortels – a augmenté. En 10 ans, il y a eu 19 morts. José Rodriguez, dirigeant du syndicat SUTISS, décrivait les dix années de privatisation comme des années d’« humiliation et de traitement indignes, qui ont choqué les travailleurs et le pays ».

L'an dernier déjà, Hugo Chavez avait menacé les propriétaires de Sidor de nationaliser l'entreprise pour l'empêcher d'exporter la plupart de son acier au lieu de donner la priorité à l'industrie vénézuélienne.

Hugo Chavez avait appelé à « nationaliser tout ce qui a été privatisé », en janvier 2007. La nationalisation des secteurs économiques stratégiques est l'un des pivots du programme socialiste du président vénézuélien depuis deux ans. Le gouvernement a ainsi pris le contrôle des télécommunications et de l'électricité l'an dernier, ainsi que de ce qu'il restait du secteur pétrolier privé.


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