Le communisme municipal la force du PCF
Nicolas Maury
Elles sont encore appelées "la petite Russie", "Leninskaïa" ou "Stalingrad-sur-Seine". Les villes communistes continuent à exister dans leur différence. Le PS est prêt à déclarer la guerre au PCF mais il risque d'y perdre des dents
C'est l'époque de la construction des premiers HLM pour offrir un logement décent, de l'organisation de colonies de vacances pour emmener les enfants à la mer, de la création de théâtres municipaux afin d'offrir la culture aux masses populaires, de l'ouverture des centres de protection maternelle et infantile (PMI) pour lutter contre la mortalité des enfants. Ces réalisations communales sont les signes distinctifs des municipalités communistes.
Cinquante ans plus tard, ces "villes rouges" ont encore de beaux restes. "Une marque de fabrique", comme le souligne André Chassaigne, président de l'Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR) et Député-Maire du Puy de Dôme.
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), la banlieue rouge par excellence, en donne une illustration patente. Avec son taux de logements sociaux (48 %), ses quelque 3 200 emplois communaux, son théâtre et son cinéma municipal, la ville a tout de la tradition communiste. Mais aussi des liens décomplexés avec le patronat pour faire venir les entreprises. Avec la crise industrielle, les milliers d'emplois perdus, la ville semblait sans avenir. Depuis dix ans, l'aménagement des bureaux du quartier de la Plaine, la venue des studios de production audiovisuelle, la construction du Stade de France, l'arrivée du tramway, encouragés par les élus, ont profondément modifié le visage de la ville.
Mais cette transformation n'a pas changé la composition sociale de Saint-Denis. Loin de se "boboïser", elle continue à revendiquer son assise populaire. "Contrairement à d'autres villes de banlieue, les classes moyennes ne sont pas passées au centre du discours, et les politiques publiques en direction des classes populaires sont encore fortement affirmées", souligne le sociologue Yves Sintomer. "On reste les champions de France dans la construction de logements sociaux, parce que les besoins sont encore criants", revendique M. Paillard. Une priorité qui constitue presque la carte d'identité de l'équipe municipale, au grand dam de l'opposition de droite et du PS.
La recette, pourtant, marche : l'attachement des Dionysiens à "leur" Saint-Denis est palpable. Ici, les deux tiers des enfants payent moins de 2 euros leur repas à la cantine et tous vont au cinéma municipal gratuitement avec leur école. Selon un récent sondage CSA, réalisé pour la mairie, 53 % des Dionysiens voteraient pour une liste conduite par le maire sortant.