Perspective Com
Le pain, symbole des hausses de prix de la rentrée

Nicolas Maury

Pain, pâtes, lait, yaourts, beurre, fromage, les produits d’origines végétale et animale utilisant des céréales vont augmenter sensiblement en France, le gouvernement compte rien faire contre cela

Le pain, symbole des hausses de prix de la rentrée
On la sentait venir. La hausse des prix alimentaires va réduire le pouvoir d’achat des ménages dès le retour des congés d’été. La baguette augmente cette semaine de 5 % à 8 %. La hausse mondiale des cours du blé de près de 100 % en un an est mise en avant pour justifier les augmentations de prix en cascade d’une longue liste de produits alimentaires à base de céréales. La Confédération de la boulangerie estime que les augmentations de prix sont imputables pour moitié à la hausse des cours du blé et pour une autre moitié aux charges salariales dont l’augmentation du SMIC. L’Association nationale de la meunerie affirme de son côté qu’une augmentation de 10 % du prix de la farine ne suffira pas pour répercuter l’envolée du prix du blé.

Cette flambée du blé et les céréales secondaires résulte du cumul de plusieurs causes.


-Les dernières récoltes n’ont pas été bonnes dans de nombreux pays et les stocks mondiaux de report sont inférieurs à soixante jours de consommation. Les stocks de sécurité ont été abandonnés ces vingt dernières années dans presque tous les pays du monde à l’exception notable de la Chine.
-La montée en puissance de la production de bioéthanol dans certains grands pays producteurs de céréales a accentué cette pénurie relative au niveau planétaire.
-Enfin, les spéculateurs en quête de profits rapides misent sur le marché à terme des céréales.

En France, cette hausse profite surtout aux gros céréaliers installés sur les zones les plus productives de l’Hexagone.

Mais elle pénalise les éleveurs spécialisés de porcs et de volailles qui doivent acheter des aliments composés. Le prix de revient du kilo de viande de porc a augmenté de 10 centimes d’euro en quelques semaines. Les aliments complémentaires à l’herbe pour les vaches laitières sont également en hausse. Un bras de fer s’engage aujourd’hui sur la manière de répercuter la hausse des coûts depuis les producteurs agricoles jusqu’aux distributeurs en passant par les abatteurs d’animaux de boucherie et les transformateurs de l’industrie agroalimentaire. Dans ce secteur, seules les grandes firmes osent donner des indications. Le volailler LDC a annoncé dès juillet une hausse des prix de 5 % sur ses poulets. Le laitier Lactalis parle de hausses de 4 % à 5 % sur ses produits transformés.

Interrogé dimanche soir par TF1 sur cette flambée des prix alimentaires, François Fillon a indiqué que le gouvernement entendait favoriser une concurrence plus vive qu’aujourd’hui afin de contenir les prix. Ce faisant, il confie un rôle de police à la grande distribution. Si elle contient les hausses dans des limites « raisonnables » en rackettant ses fournisseurs, le gouvernement fermera les yeux sur ses marges. En tout état de cause, les consommateurs à faible pouvoir d’achat seront les grands perdants dans cette guerre des marges. Les PME de l’agro-industrie ont aussi du souci à se faire.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :