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Le poète communiste grec Yánnis Rítsos mis à l'honneur par Jean-Luc Mélenchon

Perspective communiste

Jean Luc Mélenchon a choisi de terminer son discours sur la Paix à Marseille par ce poème de Yánnis Rítsos. Retour biographique sur ce poète communiste grec qu'est Yánnis Rítsos

Yánnis Rítsos est né le 1er mai 1909 à Monemvasia et est mort le 11 novembre 1990 à Athènes. Il adhère au Parti Communiste Grec (KKE) en 1931. Son engagement politique a influencé son style. Et son militantisme politique et social ira de pair avec son engagement en littérature et en poésie, dans une absolue symbiose jusqu’à la fin de ses jours.

Ses premières œuvres "Tracteur" (1934) et "Pyramides" (1935) témoigne de l’espérance du réalisme socialiste et du futur communiste. Dans "Épitaphe" (1936) il dénonce les violences policières qui ont conduit à la mort de dix manifestants après une marche d’ouvriers dans la ville de Thessalonique. Publiés dans le journal du KKE, Rizospastis, l’accueil du public fut tellement enthousiaste que le journal a décidé d’éditer les poèmes avec le titre "Epitaphe" avec une publication à 10.000 exemplaires qui a été rapidement épuisée.

Pendant la dictature du général Ioánnis Metaxás, les ouvres de Yánnis Rítsos, à l'image du Parti communiste, sont interdites et détruites. Pendant la seconde guerre mondiale, il rejoint le Front de Libération Nationale, mouvement de résistance communiste le plus actif en Grèce durant la guerre. Pendant la guerre civile grecque de 1946, il reste engagé aux côtés des communistes et sera incarcéré en 1948 dans un "camp de rééducation". Il ne sera libéré qu'en 1952. Il sera de nouveau emprisonné pendant la dictature des colonels.

Sa renommée s'étend alors au-delà de son pays, notamment en France sous l’impulsion de Louis Aragon qui le salue comme « le plus grand poète vivant » et mène campagne pour sa libération. Il sera libéré à la chute de la dictature en 1974.

En 1977, il reçu le Prix Lénine pour la paix. Il est un des deux grecs (l’autre étant Kóstas Várnalis en 1959) à avoir reçu l’équivalent soviétique du Prix Nobel occidental.

Le poème récité par Jean-Luc Mélenchon :

Le rêve de l’enfant, c’est la paix.
Le rêve de la mère, c’est la paix.
Les paroles de l’amour sous les arbres

c’est la paix.

Quand les cicatrices des blessures se ferment sur le visage du monde

et que nos morts peuvent se tourner sur le flanc et trouver un sommeil sans grief
en sachant que leur sang n’a pas été répandu en vain,

c’est la paix.

La paix est l’odeur du repas, le soir,

lorsqu’on n’entend plus avec crainte la voiture faire halte dans la rue,
lorsque le coup à la porte désigne l’ami
et qu’en l’ouvrant la fenêtre désigne à chaque heure le ciel
en fêtant nos yeux aux cloches lointaines des couleurs,
c’est la paix.

La paix est un verre de lait chaud et un livre posés devant l’enfant qui s’éveille.

Lorsque les prisons sont réaménagées en bibliothèques,
lorsqu’un chant s’élève de seuil en seuil, la nuit,
à l’heure où la lune printanière sort du nuage
comme l’ouvrier rasé de frais sort de chez le coiffeur du quartier, le samedi soir
c’est la paix.

Lorsque le jour qui est passé
n’est pas un jour qui est perdu
mais une racine qui hisse les feuilles de la joie dans le soir,
et qu’il s’agit d’un jour de gagné et d’un sommeil légitime,
c’est la paix.

Lorsque la mort tient peu de place dans le cœur
et que le poète et le prolétaire peuvent pareillement humer
le grand œillet du soir,
c’est la paix.

Sur les rails de mes vers,
le train qui s’en va vers l’avenir
chargé de blé et de roses,
c’est la paix.

Mes Frères,
au sein de la paix, le monde entier
avec tous ses rêves respire à pleins poumons.
Joignez vos mains, mes frères.
C’est cela, la paix.


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