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Le postmodernisme sans masques : clés d'une idéologie pour la domination

Perspective communiste

Entretien avec Francisco Erice Sebares, historien marxiste, professeur d'histoire contemporaine à l'université d'Oviedo et collaborateur de la section Histoire de la Fondation pour la recherche marxiste (FIM) - traduction Nico Maury

"En refusant la capacité de comprendre le monde, le postmodernisme empêche la possibilité d'agir pour le transformer"



Après la chute de l'URSS, le développement de la phase capitaliste néolibérale se fonde dans le domaine des idées, par l'imposition d'une nouvelle conception du monde appelée "postmodernité", à laquelle se rattachent des "petits récits". la vérité est toujours relative et dépend du point de vue de chaque faction ou groupe social. C'est le sens de la conception populiste réductionniste de Laclau et de Mouffe, où des élites tentent de mobiliser les masses à partir de mythes. Selon Lyotard, un autre gourou de cette idéologie ("Le postmodernisme expliqué aux enfants"), il n'y a pas de vérité objective, tout est un récit construit historiquement. La science est un mythe de la raison éclairée, pas moins dogmatique que la religion.

La fragmentation sociale postmoderniste basée sur la diversité (Bernabé), les luttes transversales (écologie, féminisme, etc.) sont parfaitement acceptables pour le système capitaliste dans la nouvelle étape de la mondialisation. Il ne s'agit plus d'une lutte de classe, mais d'une infinité de luttes partielles, confinées à des espaces domestiques, privés, académiques et sectoriels; entre femmes et hommes, entre occident contre orient, centre vs périphérie, privilèges vs exclus, ethnocentristes vs minorités, etc. Les mots de Luckács sont "un assaut sur la raison" qui fragmente la lutte émancipatrice de l'humanité.

Comme un âne attaché à une roue, ils forment un cercle vicieux qui ne laisse pas le langage, le récit et le discours sans comprendre que l'idéologie dominante (ou le "récit" comme ils l'appellent) est celui de la classe dirigeante d'un mode de production particulier. Et que les rapports de pouvoir des classes sociales sont structurés en fonction des rapports de production d'un système socio-économique donné; une réalité qui transcende et détermine le langage et le discours.

Derrière le charme du mot, les postmodernes refusent de comprendre que toute lutte partielle s'inscrit dans un système socio-économique dominant qui englobe les phénomènes partiels et transversaux.

Comme ils n’ont pas de vision de la classe, la division repose sur une opposition entre la bourgeoisie, et des opprimés pour des raisons culturelles, de genre, d’ethnie, etc. Il ne suffit pas de changer de langue, de "déconstruire" (comme le dit Derrida) d'avoir conscience de l’oppression, étudiant ses manières subjectives de l’exprimer et de la reproduire, ils oublient le mécanisme collectif de la lutte des classes en tant que moteur de l’histoire dans toutes les sociétés qui ont existé à travers la civilisation humaine.

Comment l'explique Karl Marx dans une lettre à sa fille: "Discuter et faire sont des choses différentes, plutôt antagonistes".

Parti Communiste d'Espagne - Fédération extérieure


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