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Le royaume désuni par le libéralisme

Perspective communiste

L'éditorial de Jean-Paul Piérot : "Thatchérisme et blairisme sont les deux faces d’un libéralisme brutal et sauvage, qui a détruit l’État social, le Welfare State, bâti en 1945 dans la dynamique de la victoire contre le nazisme."

Être ou ne plus être sujets de Sa Gracieuse Majesté, telle est la question posée aujourd’hui aux électeurs, à Édimbourg, Glasgow, Aberdeen et jusqu’aux plus petits villages de la lande écossaise. Au terme d’une campagne très dynamique, tout particulièrement du côté des militants du oui, ponctuée par des sondages incertains, ces sujets britanniques deviendront-ils des citoyens d’une Écosse indépendante, ou se résoudront-ils à demeurer dans le giron de Londres ? Finalement quel que soit le verdict des urnes, même si demain l’Union Jack continue de flotter au fronton des mairies, cette consultation
populaire aura délivré un message fort aux dirigeants politiques, à la City et à l’Union européenne.

Ce n’est pas d’abord le traité de 1707, qui lia le destin de l’Écosse à l’Angleterre, que les partisans de l’indépendance ont pris pour cible, mais bien plutôt les fantômes du thatchérisme et du blairisme que les ouvriers, la jeunesse précarisée, les retraités appauvris ont voulu chasser.

Thatchérisme et blairisme sont les deux faces d’un libéralisme brutal et sauvage, qui a détruit l’État social, le Welfare State, bâti en 1945 dans la dynamique de la victoire contre le nazisme. Cette société cabossée, ces jobs mal payés et mal protégés par un droit du travail défaillant, cette Grande-Bretagne si dure aux petites gens sont de plus en plus rejetés en Écosse, politiquement plus à gauche que le reste de la Grande-Bretagne. Le ressort du vote oui a peu de choses à voir avec le nationalisme et le chauvinisme anti-anglais. Il s’ancre en premier lieu dans la place occupée dans la société. C’est avant tout un vote de classe. Majoritaire ou non, il ne sera pas sans lendemains. Et si le royaume est désuni, la ligne de fracture passe moins entre Édimbourg et Londres qu’entre la City et le monde du travail. C’est sans doute pourquoi la campagne référendaire a été suivie avec angoisse par les tenants du libéralisme et de l’austérité, du 10 Downing Street jusqu’à la Commission européenne.

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