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Législatives en Italie : le centre-gauche en tête mais sans majorité, les communistes au plus bas depuis 1945

Perspective communiste

Le résultat incertain des législatives italiennes a plongé lundi dans le désarroi les dirigeants de la gauche, donnée pour l'instant victorieuse à la Chambre, mais sans majorité au Sénat. Si une alliance avec le parti de l'ex-président du Conseil italien, Mario Monti, est plus que jamais évoquée, des membres du Parti démocrate (PD) le parti de Pier Luigi Bersani, envisagent des rapprochements au coup par coup sur des projets de loi avec le Mouvement 5 Étoiles de Beppe Grillo, seul vrai vainqueur du scrutin

Au centre de presse mis sur pied par le PD dans la capitale italienne, la tristesse se lit sur les visages, d'autant plus que de premiers sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote avaient donné la gauche majoritaire aussi bien à la Chambre qu'au Sénat. «C'est sûr que s'il y a une majorité à la Chambre et une autre au Sénat, il n'y a pas de gouvernement», commente dépité Stefano Fassina, membre du secrétariat national du Parti démocrate. «Je ne sais pas si l’addition des sénateurs de centre gauche et de la coalition de Mario Monti peut constituer une majorité», s'interroge à voix haute cet économiste, le visage sombre, avant de s'éclipser. Les maigres 17/20 sénateurs prévus pour le camp Monti ne suffiront peut-être pas pour former une alliance majoritaire.

Beppe Grillo, un populiste compatible avec la Confindustria

Seul véritable vainqueur du scrutin, Beppe Grillo et son Mouvement 5 Etoiles (M5S) a su séduire en surfant sur le rejet de la classe politique, la colère contre l'austérité, la défiance à l'égard de l'Europe. Catalyseur du malaise social dans un pays en pleine récession économique (- 2,2 % en 2012), il a pris des voix aussi bien à la droite qu'à la gauche, avec un programme jugé "populiste" par ses adversaires : fin du financement public des partis politiques, revenu minimum de 1 000 euros et référendum sur l'euro. Selon les résultats officiels, il obtient aux alentours de 25 % dans chacune des deux chambres, devenant la troisième force politique du pays.

Monti sanctionné, Berlusconi toujours là

De son côté, le chef du gouvernement sortant, Mario Monti, a perdu son pari de former une grande force au centre, puisque sa coalition ne remporte qu'environ 10 % des voix dans chaque chambre. "Nous sommes très satisfaits" du résultat, a-t-il toutefois déclaré, rappelant que sa coalition a vu le jour il y a seulement deux mois. Le Professore a exprimé le vœu d'un "gouvernement qui fera mieux" que le sien, "sans balayer les sacrifices consentis par les Italiens" pour permettre l'assainissement du pays.

Quant à Silvio Berlusconi, parti sous les huées en novembre 2011 et malgré des procès à répétition, dont un pour prostitution de mineure, il a opéré une remontée spectaculaire en promettant d'abaisser les impôts et même de rembourser une taxe foncière impopulaire rétablie par M. Monti. "C'est un résultat extraordinaire" qui montre que "ceux qui croyaient que Berlusconi était fini devront y repenser", s'est félicité Angelino Alfano, secrétaire général du parti du Cavaliere, le PDL.

Une gifle pour le Parti Démocrate, l'austérité même de gauche ne fait pas recette

La coalition de centre-gauche de Pier Luigi Bersani (PD-SEL), qui remporte 29,5 % des voix, s'adjuge la majorité des sièges à la Chambre (340 des 630 sièges), grâce à un système qui accorde 54 % des fauteuils à la formation arrivant en tête.

L'ex-communiste Bersani fut le ministre de la privatisation de l'électricité et du pétrole en 1999, sous le gouvernement Prodi I, il a libéralisé certaines professions fermées (taxis, pharmacies) et ouvrant les transports urbains communaux à la concurrence privée pendant le gouvernement Prodi II.

Mais au Sénat, où la prime de majorité est accordée par région, les résultats donnent le centre gauche très loin de la majorité absolue des 158 sièges. En termes de voix, la gauche en remporte 31,63 % et la droite 30,71 %. "C'est sûr que s'il y a une majorité à la Chambre et une autre au Sénat, il n'y a pas de gouvernement", a constaté avec dépit Stefano Fassina, l'économiste du Parti démocrate. Et les modestes dix-sept à vingt sénateurs prévus pour le camp Monti ne suffisent pas pour former une alliance majoritaire. "Un pays ingouvernable, politiquement mais aussi techniquement avec peu d'issues fondées sur des alliances presque impraticables et numériquement insuffisantes", a commenté Massimo Razzi dans la Repubblica. Pour lui, la seule solution sera de retourner voter, soit pour tout le Parlement soit seulement au Sénat.

En ce qui concerne le taux de participation, il s'est établi à 75,1 % pour le vote à la Chambre des députés et à 74 % au Sénat, selon les derniers chiffres disponibles, en baisse de cinq à six points par rapport au scrutin de 2008.

Législatives en Italie : le centre-gauche en tête mais sans majorité, les communistes au plus bas depuis 1945
Pour la chambre des députés :

La coalition de centre gauche emmenée par Pier Luigi Bersani (Italia. Bene Comune qui rassemble le Partito Democratico, Sinistra Ecologia Libertà de Nichi Vendola, Partito Socialista Italiano, Centro Democratico) est arrivée en tête du scrutin, elle recueille selon les résultats 29,5% des voix (en baisse de 7,9% par rapport à 2008). Il gagne 344 députés. Sinistra Ecologia Libertà de Nichi Vendola obtiendrait 37 députés, comme quoi la stratégie de liquidation de la Rifondazione Comunista et de collaboration de classe a payé pour avoir des strapontins.

Arrivé en seconde position, l'inoxydable Silvio Berlusconi qui recueille 29,2% des voix (-17,6 points), sa coalition obtiendrait 157 sièges.

Beppe Grillo et son parti, Movimento Cinque Stelle, obtient la 5ème place avec 25.6% et 109 sièges.

Mario Monti est lourdement sanctionné, sa coalition, Con Monti per l'Italia, obtient 10,6% et 48 sièges (-16 sièges)

Les communistes regroupés dans la coalition, Rivoluzione Civile de Antonio Ingroia obtiendrait 2,2% des voix. Les communistes obtiennent leurs plus mauvais scores depuis 1945. Après avoir été évincé du Parlement en 2008, ou la coalition "Arc en ciel" avait obtenue 3%, les communistes continuent leurs déclins. Les stratégies de liquidation du Parti Communiste et de ses successeur ont porté les fruits : Le "vote utile" et le vote "populiste" ont vidé l'électorat communiste, les dirigeants de la Rifondazione et du PdCI ne sont plus en état de pouvoir faire vivre les idées communistes et de renforcer leurs organisations.


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