Les 1800 salariés de Kem One-Arkéma victime d'un prédateur financier
Perspective communiste
Le tribunal de commerce de Lyon a placé ce mercredi le groupe chimique Kem One en redressement judiciaire. Les syndicats obtiennent que l'actionnaire principal, le financier Gary Klesch, soit écarté. mais l'entreprise a six mois pour se trouver un avenir
Dans son jugement rendu public mercredi, le tribunal de commerce a placé sous observation Kem One, sous supervision d'un administrateur judiciaire, Me Bruno Sapin, qui aurait pour mission "l'administration entière de l'entreprise", ce qui revient à en écarter son unique actionnaire, le financier américain Gary Klesch. Cet administrateur sera assisté de deux experts judiciaires.
Pour les syndicats, ces désignations vont "permettre de mener une expertise financière, de suivre les flux financiers", a indiqué Franck Zarbo (FO). "Financièrement, personne n'y retrouve ses petits, il faut établir une comptabilité complète de l'entreprise afin de rassurer les fournisseurs et les clients", a renchéri Didier Chaix (CGT). Car l'histoire de Kem One, ex-Arkéma, est celle d'un dépeçage par un prédateur financier d'une entreprise qui avait 100 millions d'euros en caisse.
Un euro symbolique
Avant même de s’inquiéter pour leur avenir, les 1 800 salariés de Kem One en France ont de quoi être écœurés par le passé récent. Fin 2011, début 2012, le groupe Arkema, lui-même ancienne division chimie de Total, cherche à se délester de son pôle qui fabrique du PVC. Gary Klesch se présente: il est prêt à tout reprendre pour un euro symbolique. Tout? Les usines, les salariés et surtout près de 100 millions d’euros de trésorerie qu’Arkema laisse dans les caisses… Pour Arkema comme pour Klesch, c’est tout bénéf ! Début juillet 2012, les premiers transfèrent à un fossoyeur spécialisé dans la responsabilité sociale des plans de licenciement à venir et le second pompe les ressources immédiatement disponibles avant de les envoyer sur les comptes de ses holdings patrimoniales immatriculées à Jersey ou à Malte.
Pour les syndicats, ces désignations vont "permettre de mener une expertise financière, de suivre les flux financiers", a indiqué Franck Zarbo (FO). "Financièrement, personne n'y retrouve ses petits, il faut établir une comptabilité complète de l'entreprise afin de rassurer les fournisseurs et les clients", a renchéri Didier Chaix (CGT). Car l'histoire de Kem One, ex-Arkéma, est celle d'un dépeçage par un prédateur financier d'une entreprise qui avait 100 millions d'euros en caisse.
Un euro symbolique
Avant même de s’inquiéter pour leur avenir, les 1 800 salariés de Kem One en France ont de quoi être écœurés par le passé récent. Fin 2011, début 2012, le groupe Arkema, lui-même ancienne division chimie de Total, cherche à se délester de son pôle qui fabrique du PVC. Gary Klesch se présente: il est prêt à tout reprendre pour un euro symbolique. Tout? Les usines, les salariés et surtout près de 100 millions d’euros de trésorerie qu’Arkema laisse dans les caisses… Pour Arkema comme pour Klesch, c’est tout bénéf ! Début juillet 2012, les premiers transfèrent à un fossoyeur spécialisé dans la responsabilité sociale des plans de licenciement à venir et le second pompe les ressources immédiatement disponibles avant de les envoyer sur les comptes de ses holdings patrimoniales immatriculées à Jersey ou à Malte.
«Ce prédateur doit être chassé»
En quelques mois, le groupe a accumulé des dettes faramineuses et, aujourd’hui, Gary Klesch a l’air de vouloir se débarrasser d’une partie des installations. Pour le syndicaliste CGT, pas question de le laisser faire : «Ce prédateur doit être chassé purement et simplement. Nous allons demander des comptes à Arkema et à Total, qui ont utilisé Klesch pour faire la sale besogne. Le gouvernement doit intervenir fermement dans le dossier car, comme nous sommes sur une filière chimique très intégrée, des milliers d’emplois sont donc en jeu… »
Depuis quelques semaines, la CGT réclame la « nationalisation provisoire » de Kem One, « le temps de retrouver un repreneur industriel, crédible et digne de ce nom ». En déplacement à Lyon, hier, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, s’est dit « évidemment extrêmement préoccupé par le dossier Kem One, qui donne des signes de fragilité extrême ». « Nous avons appelé l’actionnaire repreneur, Gary Klesch, à prendre ses responsabilités et honorer les engagements qu’il avait lui-même pris », s’est-il contenté d’ajouter.
La méthode Klesch pour piller une boîte. Le mécanisme est bien rodé. Gary Klesch, as des montages financiers mais piètre industriel, s’est constitué un tout petit groupe en reprenant des unités que des multinationales voulaient abandonner. Sa stratégie est de négocier pour reprendre à très bon compte des activités délaissées. Comme le relevaient déjà les experts mandatés par les élus du personnel d’Arkema au printemps 2012, dans un rapport auquel l’Humanité a eu accès, « afin de se placer dans la meilleure position possible, M. Klesch prend contact avec des groupes, si possible importants et profitables, et qui ne souhaitent pas être accusés d’avoir par une cession externalisé une restructuration. M. Klesch va utiliser cette “contrainte” pour obtenir du groupe vendeur des conditions de reprise qui devront permettre aux activités reprises, en l’absence de changements brutaux dans l’environnement économique, de poursuivre leurs activités sans restructuration pendant au moins deux ans ». Pour Kem One, Klesch n’aura même pas tenu si longtemps…
Thomas Lemahieu avec S.G.
