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Les "Arcelor" veulent mettre leur direction au chômage technique

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Dénonçant une "mort programmée du site" ArcelorMittal de Florange, des ouvriers ont investi lundi matin les locaux de la direction. Les syndicats ont promis de faire de Florange "le cauchemar du gouvernement" s'ils n'étaient pas épaulés dans leur lutte

Aux cris de "Mittal, on veut du travail", cent à deux-cents métallurgistes, pour la plupart casqués, ont investi lundi vers 8 heures du matin les locaux de la direction de l'usine ArcelorMittal de Florange. Répondant à l'appel d'une intersyndicale CFDT-CGT-FO-CFE/CGC, les ouvriers sont entrés dans les "grands bureaux" de l'usine avant de se rendre dans les étages supérieurs, dont la direction générale était absente. Selon Edouard Martin, membre CFDT du Comité central d'entreprise d'ArcelorMittal, il s'agit de "mettre au chômage technique la direction". Et le syndicaliste a prévenu : "Nous resterons dans ces bureaux tant que les haut-fourneaux de l'usine n'auront pas redémarré". Histoire de bien marquer la détermination des ouvriers, une source syndicale a annoncé que des tentes allaient être érigées sur les pelouses de l'usine lors de cette occupation qui devrait se prolonger plusieurs jours.

Pour les syndicats, la décision de la direction de ne pas remettre en route la filière liquide à Florange annonce une "mort programmée du site" où travaillent quelque 5000 personnes, dont 3000 en CDI. Lors d'une assemblée générale la semaine dernière, les syndicats ont promis de faire de Florange "le cauchemar du gouvernement" s'ils n'étaient pas épaulés dans leur lutte.

Un arrêt des hauts fourneaux qui s'éternise

A Florange, l'arrêt des hauts fourneaux était annoncé comme provisoire. Pourtant, il s'éternise. Et les syndicats de l'usine tirent le signal d'alarme à deux mois de l'élection présidentielle sur les risques de fermeture du site. La direction a confirmé la semaine dernière à l'intersyndicale qu'aucun redémarrage des fourneaux n'était prévu avant la fin de 2012, et que la situation actuelle, qui se traduit par du chômage partiel pour 2600 des 5000 employés du site durerait au moins jusqu'à la fin du deuxième trimestre et pourrait se poursuivre sur l'ensemble de l'année, a dit la CFDT.

En octobre, le directeur du site de Florange, Thierry Renaudin, avait affirmé que la "mise en veille" du haut fourneau P6 était "conjoncturelle". Et ce fameux "P6" cristallise aujourd'hui toutes les inquiétudes et les derniers espoirs des salariés : il est le dernier du groupe sidérurgique encore en activité en Lorraine. Il doit être en activité pour recevoir un projet européen Ulcos de captage de CO2, représentant un investissement de quelque 600 millions d'euros et sur lequel la Commission européenne doit statuer en juin-juillet. Les syndicats estiment que seul ce projet, qui ferait de Florange un site pilote pour la capture et le stockage de CO2 dans le sol, garantirait l'avenir.

Mais le contexte ne laisse que peu d'ouvertures pour les salariés : après avoir décidé fin 2011 la fermeture définitive de ses hauts fourneaux de Liège en Belgique et la mise à l'arrêt de ceux de Florange et d'Eisenhüttenstadt, en Allemagne, ArcelorMittal a annoncé en janvier des suppressions d'emploi en Pologne et la fermeture de son aciérie de Madrid. Et la direction a confirmé la semaine dernière qu'elle allait présenter jeudi aux représentants du personnel un projet de prolongation de la fermeture temporaire du site pour le deuxième trimestre.


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