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Les allègements de charges pourront servir à verser des dividendes

Perspective communiste

D'après Pierre Gattaz, le président du Medef, à l'origine du pacte de responsabilité, l'usage que feront les entreprises des allègements de charge ne sera pas contrôlé. Le PS et la CFDT peuvent se déclarer satisfait

Les entreprises décideront de l'usage qu'elles feront des allègements de charges promis dans le cadre du pacte de responsabilité, y compris la distribution de dividendes, a déclaré jeudi 6 mars le président du Medef, Pierre Gattaz. "Ce que je voudrais absolument éviter et je pense qu'on est en train de l'éviter c'est 'qu'est-ce que vous allez faire avec les marges dégagées ?'", a déclaré devant 200 chefs d'entreprises le patron des patrons.

Il s'exprimait au lendemain de la conclusion d'un accord entre le patronat (Medef, UPA, CGPME) et trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC) sur les contreparties de ce pacte annoncé le 31 décembre par le président, François Hollande.

"J'ai eu beaucoup d'angoisses tout le mois de janvier sur l'idée qu'on va tout contrôler, contrôler les dividendes versés, tout contrôler", a confié Pierre Gattaz, au cours d'une conférence organisée par le mouvement d'entrepreneurs Ethic, dans une allusion aux contreparties attendues en échange de baisses de cotisations de 30 milliards d'euros promises dans le but de stimuler l'emploi.

"J'ai dit 'si vous recommencez à tout contrôler, ce n'est pas la peine: on arrête le pacte tout de suite'", a-t-il lancé.

Le pacte de responsabilité selon Gattaz c'est plus de dividendes pour les entreprises

"Les dividendes, c'est la rémunération d'un risque et c'est vrai qu'ils ont été augmentés depuis trois ans", a déclaré jeudi 6 mars Pierre Gattaz, expliquant qu'en période de crise, les entreprises s'étaient moins endettées et avaient "fait appel plus à des fonds propres, et donc à des actionnaires extérieurs". "Et les actionnaires extérieurs vous les rémunérez par des dividendes", a-t-il poursuivi.

"Le monde entier fonctionne comme ça. Ce ne sont pas nous les Français, ce n'est pas le Medef !", s'est-il exclamé. "Les Chinois fonctionnent comme ça, les Indiens, les Coréens, les Allemands, les Anglais", a-t-il dit, fustigeant "l'ignorance de la microentreprise, de l'économie de marché de ceux qui nous gouvernent".

"La position du Medef est de surtout ne prendre aucun engagement chiffré juridique. Pas de contraintes mais par contre c'est un engagement de mobilisation", a rappelé Pierre Gattaz au sujet de créations d'emplois.

Le pacte de responsabilité est "irresponsable"

Thierry Lepaon, a affirmé que "la décision" du président, François Hollande, au sujet du pacte de responsabilité était "irresponsable" et appelé à "un printemps de mobilisation" en France.

"La décision du président de la République est irresponsable sur la méthode et sur le fond", a affirmé le numéro un de la CGT, Thierry Lepaon lors d'une conférence de presse, au lendemain d'un accord sur le pacte signé avec le patronat par trois syndicats dont la CFDT, mais rejeté par la CGT.

Thierry Lepaon a accusé François Hollande d'avoir "passé un accord de nature quasi-personnelle avec le président du Medef".

"L'acte politique du pacte revient à s'en remettre au seul patronat pour régler les problèmes économiques et sociaux", a estimé Thierry Lepaon pour qui "l'intervention de la Commission européenne" mercredi, qui a mis la France sous surveillance, a été "manifestement un élément déterminant pour aboutir" à l'accord signé par le patronat et trois syndicats.

Ainsi le 13 mars, au dernier jour de la négociation patronat/syndicats sur l'assurance chômage, la centrale appelle à une manifestation entre la place de l'Odéon (VIe arrondissement) et le siège du Medef (VIIe arrondissement) "pour exiger que les propositions de la CGT soient prises en compte".

La CGT appelle, en outre, avec FO, la FSU et Solidaires, à une journée de mobilisation le 18 mars sur l'emploi et les salaires. "Occasion de dire qu'on n'est pas d'accord avec les termes de l'accord" sur le pacte, a souligné Thierry Lepaon.

La CGT sera aussi dans le rue le 4 avril avec les syndicats européens et appelle à un "1er mai unitaire", malgré les divergences avec la CFDT.

"Le patronat, c'est prends l'oseille et tire-toi", a ironisé Stéphane Lardy de FO, qui déplore aussi qu'il n'y ait aussi aucune sanction prévue si le patronat ne tient pas ses promesses. La CGT a, elle, fustigé "un simulacre de discussions". "Le patronat n'est prêt à aucun effort, il veut des aides publiques, toujours plus d'aides publiques, sans aucun contrôle", a dénoncé sa négociatrice Marie-Laurence Bertrand.


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