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Les communistes tchèques sous surveillance

Perspective communiste

Bien qu’il soit la troisième force politique du pays, le Parti communiste de Bohême-Moravie est l’objet d’une discrimination patentée

Les communistes tchèques sous surveillance
C’est un endroit où vous entendrez chanter les hymnes tchèque et slovaque l’un après l’autre. Car c’est ainsi que commence le meeting du Parti communiste de Bohême-Moravie (KSCM), le 1er Mai. C’est un peu une marque de fabrique pour la troisième force politique d’un peuple séparé, par le hasard d’un vote au Parlement tchécoslovaque en 1993, de ses « petits frères » slovaques.

Ce 1er Mai, c’était aussi le « 18e anniversaire de la naissance d’Haló noviny, le seul quotidien de gauche », dont le tirage est de 35 000 exemplaires, nous explique son directeur, Pavel Safranek. Avec 12,81 % des suffrages lors des élections de 2006 et un quart des eurodéputés tchèques au Parlement européen ; avec 75 000 membres (pour une moyenne d’âge, certes, de soixante-sept ans), le KSCM est le deuxième parti communiste de l’UE, derrière celui de Chypre, mais il a été mis dans une sorte de quarantaine politique.

Un congrès du Parti social-démocrate (CSSD) a statué qu’une coopération avec KSCM était impossible. Il reste qu’au niveau local, les deux forces ont commencé à gérer des collectivités conjointement. Si le CSSD gagne les législatives d’octobre, il aura du mal à se complaire dans son ostracisme. Il n’aura de choix qu’entre une grande coalition avec le Parti démocrate civique (ODS) et un soutien extérieur des communistes. « KSCM est perçu comme un parti qui ne s’est pas assez défait de son passé totalitaire, argue Petr Drulak, directeur de l’Institut des relations internationales. Pour de nombreux électeurs, une présence des communistes au gouvernement serait un risque pour la Constitution. »

« Le socialisme, nous le définissons comme une société démocratique et plurielle », assure pourtant Stanislav Grospic, député et responsable de la fédération de Bohême-centre du KSCM. « Nous ne sommes pas nostalgiques et nous sommes ouverts à des discussions sur notre passé », souligne Vojtech Filip, secrétaire de KSCM. En revanche, l’ex-gouvernement Topolanek est moins ouvert au débat. Il a fait interdire la Jeunesse communiste tchèque (KSM), au motif qu’il estime que ce parti « lutte pour le renversement révolutionnaire de l’ordre capitaliste par les masses laborieuses ». Pour Stanislav Grospic, c’était un test. Mais, se plaint le député, cela limite l’expression des communistes, qui font part de discrimination sur les lieux de travail.

Malgré cela, KSCM s’est taillé une place sur la scène politique. « Notre force, nous la devons à l’activité de nos représentants dans les régions et les communes », explique Vojtech Filip. Et, petit espoir, « j’ai l’impression qu’avec la crise, les gens perçoivent mieux les communistes », se réjouit la candidate aux européennes, Natalia Briardova. Au meeting du 1er Mai du KSCM, des représentants du principal syndicat étaient présents, ce qui n’était pas le cas les années précédentes.


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