Perspective Com
Les français ne sont pas des paresseux

Nicolas Maury

Il faut, paraît-il, "réhabiliter la valeur travail". Nicolas Sarkozy en a fait le thème central de sa campagne victorieuse. Il considère manifestement que la paresse actuelle des Français est la cause principale des difficultés que rencontre le pays

Les français ne sont pas des paresseux
Rien n'est plus faux que ce préjugé tenace d'une France paresseuse: les salariés français figurent au contraire parmi les plus productifs au monde.

Selon les chiffres du Bureau des Statistiques du Travail (BLS), un Français qui occupe un emploi avait produit 71900 dollars de riches en moyenne au cours de l'année 2005. C'est certes moins que les 81000 dollars produits pas l'employé américain moyen, mais significativement plus que les 64100 dollars d'un Anglais, les 59100 dollars d'un Allemand ou les 56300 dollars d'un Japonais...

Et même en matière de temps de travail, si Nicolas Sarkozy ne se contentait pas de répéter les poncifs que lui soufflent ses amis chefs d'entreprise, il saurait que les salariés français ne sont pas, et de très loin, ceux qui travaillent le moins en Europe. Selon Eorostat, l'organisme statistique officiel de l'Union, un salarié français travaillait en moyenne 36,4 heures par semaine au troisième trimestre 2006. Contre 36,1 dans l'ex-Union à quinze pays. Les Français travaillent presque aussi longtemps que les Anglais (36,5 heures) et significativement plus que les Danois (34,6 heures) dont le modèle social est si envié ou que les Allemands (34,5 heures) champions du monde de l'exportation. Sans parler des Néerlandais qui ne restent en moyenne que 29,8 heures au travail chaque semaine. (...)

Contrairement à ce que laisse entendre le nouveau président de la République, les salariés ne sont donc pas des paresseux ni les chômeurs de l'Hexagone des profiteurs.

Pour autant, il ne fait guère de doute que les entreprises françaises rencontrent des difficultés importantes. Elles sont sont souvent à la peine sur les créneaux high-tech en expansion et s'en sortent nettement moins bien sur le marché mondial que les entreprises allemandes. Et cela bien que le travail soit sensiblement plus cher outre Rhin: 33 dolars de l'heure en 2005 pour ouvrier de l'industrie contre 24,5 en France selon les chiffres du BLS.

Si la paresse des salariés n'est pas encause, ni le coût de leur travail, est-ce que les raisons de ces difficultés ne seraient pas à chercher plutôt en priorité du côté de la tête des entreprises ? Du côté de la faible qualité de leurs dirigeants et de l'inefficacité de leurs modes de gestion ?

Quand on observe, par exemple, le gigantesque gâchis que l'incurie d'un Arnaud Lagardère, actionnaire de référence, combinée à la soif de pouvoir d'un Noël Forgeard, a provoqué au sein d'Airbus, on se dit en effet que c'est surtout au niveau de ses élites économiques, de leur recrutement et de leurs habitudes de fonctionnement, que l'économie française aurait besoin d'une "rupture".



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