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Les paysan.ne.s communistes font plier le gouvernement nationaliste du Maharashtra

Perspective communiste

La "Kisan Long March" a mobilisé des milliers de paysan.ne.s de l'Etat du Maharashtra et la All India Kisan Sabha (le front de lutte des paysan.ne.s et des fermier.e.s du Parti communiste d'Inde - Marxiste) a conduit ces derniers vers une victoire politique forte et une première étape pour la reconnaissance des revendications d'une ruralité indienne en crise - article et traduction Nico Maury

Plus de 200 km ont été parcourus dans l'Etat du Maharashtra, entre le district de Nashik et la capitale de l'Etat, Mumbai. Plus de 50.000 marcheuses et marcheurs ont mis 6 jours pour porter les revendications de la All India Kisan Sabha (AIKS - 16 millions d'affilié.e.s) pour sortir les paysan.ne.s et les fermier.e.s de la crise. Les pieds en sang, les chaussures usées, ils-elles ont fait plier le gouvernement nationaliste du Maharashtra.

C'est une première victoire pour la reconnaissance des revendications portées par l'AIKS et le CPI(M). Le gouvernement du Maharashtra a cédé face à la lutte des paysan.ne.s et accepte de répondre aux exigences portées lors de la "Kisan Long March". Cette annonce a été confirmée après une réunion entre une délégation de 12 membres de All India Kisan Sabha et le gouvernement de l'état.

Arrivée de la longue marche vers 5 du matin à Mumbai
Arrivée de la longue marche vers 5 du matin à Mumbai
Pourquoi les paysan.ne.s protestaient-ils?

Les agriculteurs voulaient obtenir un revenu juste de leurs récoltes et ainsi être payés au moins une fois et demi le coût de leurs récoltes. Le gouvernement, qui fixe les prix des productions agricoles en Inde accepte de créer des aides à la production et assure qu'il assurera le revenu des agriculteurs.

Les paysan.ne.s des tribus (principalement installés dans les forêts) obtiennent la reconnaissance de la propriété des terres qu'ils-elles cultivent. Le droit des forêts leurs garantissant cette protection.

Pour Vijay Javandhia, leader de l'AIKS et chef de marche de la "Kisan Long March" souligne que "les revenus agricoles ont rapidement diminué dans le pays". "Les revenus du coton, des céréales et des légumineux diminuent jour après jour, c'est pourquoi l'économie rurale manque progressivement d'argent".

De plus le gouvernement du Maharashtra, en mettant fin au "prêt de récolte" privait les paysan.ne.s d'aides financières pour engager l'achat d'engrais, de semences et d'autres matériaux nécessaires à l'agriculture. Supprimé en juin 2017, le gouvernement a annoncé rétablir cette aide financière à la hauteur de 150.000 roupies (1800 euros).

Les paysan.ne.s déterminé.e.s dans leur lutte

Malgré les rudes conditions de la "Kisan Long March". Elles-ils étaient déterminé.e.s à faire entendre leurs revendications. Sakhubai, une agricultrice de 65 ans originaire de Nashik, déclare "je me suis blessée aux pieds à cause d'une marche excessive, mais je continuerai à protester jusqu'à ce que nos demandes soient satisfaites."

Même son de cloche pour Dharmraj Shinde, l'un des organisateurs de la marche,"nous nous battons pour notre terre" et il doit "nous donner la propriété des terres que nous travaillons parce que c'est notre droit en tant que peuple indigène". Un journaliste célèbre en Inde, Palagummi Sainath, estime "imaginez combien il est difficile pour les populations tribales, qui luttent pour les droits fonciers forestiers, de voir à quel point il est difficile pour les femmes extrêmement pauvres qui ont entre 60 et 70 ans de marcher de Nashik à Mumbai dans un climat aussi chaud".

Les paysan.ne.s communistes font plier le gouvernement nationaliste du Maharashtra
La crise profonde du monde rural en inde

La crise est profonde en Inde et les politiques néo-libérales imposées depuis les années 90 n'ont pas fait évoluer la situation. Entre crise climatique, crise économique et crise sociale, les campagnes en Inde ont besoin d'une grande réforme agraire.

Depuis des décennies, l'agriculture en Inde est touchée par une sécheresse chronique, par l'épuisement des nappes phréatiques, la baisse de productivité et le manque de modernisation.

La moitié de la population indienne travaille dans des fermes, mais l'agriculture ne contribue qu'à 15% du PIB du pays.

Les mauvaises récoltes déclenchent également des suicides massifs de fermier.e.s avec une fréquence alarmante (depuis 1995, 76.000 fermier.e.s ont mis fin à leurs jours).

Le pays manque aussi de capacité de stockage et de transformation des aliments.


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