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Les politiques d'austérité ont contribué à la victoire électorale des nazis entre 1930 et 1933

Perspective communiste

Des économistes ont mesuré les effets de l'austérité sur le vote nazi dans l'Allemagne du début des années 1930.

Plusieurs historiens s'étaient déjà penchés sur les mesures d'austérité mises en place entre 1930 et 1932 comme facteur de la montée du nazisme en Allemagne. Mais pour la première fois, une équipe internationale d'économistes a quantifié précisément l'impact de cette austérité sur le vote nazi.

Un lien statistiquement significatif

Quatre économistes des universités Bocconi (Milan), de Californie à Davis et de Londres ont analysé les données de votes de 1.024 districts électoraux allemands entre 1930 et 1933, pour voir de quelle façon la rigueur imposée par le chancelier Heinrich Brüning –réduction des dépenses publiques et augmentation des impôts– a affecté le vote.

«Selon la façon dont nous mesurons l'austérité et selon les élections analysées, chaque écart-type d'1% en termes d'augmentation de l'austérité est associé à une augmentation de 2% à 5% de la part de vote pour les nazis», écrivent les auteurs.

Ils considèrent que la corrélation entre austérité et vote nazi est «statistiquement significative».

Si les Allemands pauvres affectés par la crise ont plutôt voté communiste lors des élections de 1930 et 1932, le vote nazi a augmenté chez les classes moyennes et supérieures, dont les impôts ont été augmentés par Brüning.

Une leçon qui ne s'applique pas à tous les contextes

Les auteurs ne suggèrent pas que les mesures d'austérité étaient la principale cause de l'arrivée du nazisme au pouvoir, mais qu'il s'agit d'un facteur à prendre en compte, d'autant que les nazis avaient fait campagne avec un message anti-austérité –mâtiné de nationalisme et d'antisémitisme.

«La coalition qui a permis à une majorité de former un gouvernement en mars 1933 n'aurait peut être pas pu être constituée si la politique fiscale avait été plus expansionniste», écrivent-ils.

Il est cependant difficile d'appliquer cette leçon de façon systématique à d'autres contextes, tant une multitude de facteurs entrent en compte.

En Grèce, la crise économique de 2008 et les politiques d'austérité qui ont suivi ont certes contribué à la montée du mouvement néonazi Aube Dorée, mais en Espagne, par exemple, l'austérité n'a pas mené à une résurgence de l'extrême droite.

Slate


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