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Les revers de Die Linke, et les conséquences politiques

Perspective communiste

Après sa défaite en Saxe-Anhalt en mars 2016, le parti héritier de la SED, Die Linke, subit un revers électoral dans l'état du Mecklenburg-Vorpommern lors des élections régionales de dimanche. Retour sur ces élections et les conséquences politiques que cela engendre - article et traduction Nico Maury

Les élections régionales de septembre 2014 en Thüringen qui avaient vues l'élection de Bodo Ramelow au poste de Premier ministre semble être du passé. Si l'AfD faisait son apparition à ce moment là (10,6%), l'impacte liée à la "crise des réfugiés" et son instrumentalisation politique était bien moindre qu'aujourd'hui. Die Linke avec 28,2% des voix incarnait une ligne modérée tournée vers l'union de la gauche allemande (SDP et Grünen).

La ligne "modérée" en échec dans les bastions historiques du PDS/Die Linke

Lors des élections régionales en Saxe-Anhalt en mars 2016, la vague réactionnaire (24,3%) conduite par l'AfD emportait une partie de l'électorat des grands partis (SPD en tête qui recule de 10,9 points) et faisait perdre plus de 7,4 points à Die Linke (au scrutin propositionnel sur liste et -5,5 points au scrutin sur circonscriptions). Dans se bastion traditionnel de la gauche, Die Linke réalisait son plus mauvais score depuis les élections de 1990.

La ligne politique avancée par Wulf Gallert (tête de liste de Die Linke) s'inspirait de celle de Thuringe. Il fallait capitaliser sur la force politique de Die Linke (alors seconde force politique de l'état) pour créer les conditions d'une coalition "rouge-rouge-verte". Les électeurs du SPD des Grünen, comme de Die Linke, ont tourné le dos à cette idée. Au final un accord de coalition a été trouvé entre la CDU, le SPD et les Grünen. Pour Die Linke se sont plus de 50.000 suffrages qui ont été perdu.

Avec les élections en Mecklenburg-Vorpommern, Die Linke réalise aussi son plus mauvais score depuis 1990. Avec 13,2% le parti paye un lourd tribut au profit de l'extrême droite conduite par l'AfD. Helmut Holter, ancien ministre du travail, conduit une liste qui axe son programme principalement sur la nécessité de mener un plan d'investissement de 50 millions d'euros dans les régions sinistrées. La santé et les questions sociales, cœur de la campagne.

Il faut noter deux différences dans la stratégie de Die Linke par rapport à l'élection de Saxe-Anhalt :

1- Une campagne tournée vers les questions sociales et l'investissement pour l'emploi.
2- La dénonciation de l'AfD comme un parti populiste qui incarne une fausse alternative. Et axé cette campagne dans les milieux les plus frappés par la crise.

Si cette campagne n'a pas eu l'effet escompté du fait d'un contexte national dégueulasse, Die Linke résiste mieux et parvient a rallier plus de 106.000 électeurs sous sa bannière (-20.000 voix par rapport à 2011). C'est dans la ville industrielle et portuaire de Rostock que Die Linke réalise ses meilleurs scores sur la ville de Rostock (Rostock 1 - 16,3%, Rostock 2 - 18,3%, Rostock 3 - 16,9% et Rostock 4 - 15,2%) et de Neubrandenburg (18,8% et 16,5%).

La ligne politique de Sarah Wagenknecht renforcée ?

Les conséquences politiques pour Die Linke sont importantes. Les bastions du parti sont attaqués et l'AfD est en capacité de s'imposer au lieu et place de Die Linke. La ligne "modérée" est critiquée et c'est la ligne portée par Sarah Wagenknecht qui pourrait s'imposer.

Sarah Wagenknecht incarne une ligne plus radicale, ouvertement opposée aux politiques de la CDU et du SPD. Les "modérées" de la Karl-Liebknecht-Haus (siège de Die Linke), lui reprochent son "populisme" et ses "croyances communistes". En 2011, Sarah Wagenknecht mettait en garde la direction du parti sur la montée des sentiments réactionnaires et sur la nécessité d'incarner une ligne de rupture avec les politiques néolibérales menées par la CDU et le SPD. La ligne modérée était incarnée par Gregor Gisy à l'époque.

Les débats au sein de Die Linke s'annoncent houleux d'autant plus que des élections locales auront lieu à Berlin dans quelques jours (18/09) et que dans l'ex-Berlin-est, Die Linke est toujours arrivée en tête des élections.

Les sondages indiquent que l'AfD recueillerait entre 10% et 15% des suffrages et Die Linke entre 16 et 17% (en forte progression par rapport au 12% de 2011). Les résultats sur Berlin auront aussi une influence importante sur la ligne politique de Die Linke, car si les sondages se confirment le parti de gauche serait en capacité de renforcer son implantation et son rôle dans les institutions berlinoises.

A voir le 18 septembre.


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