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Loi sur l'emploi : progrès pour Sapin (PS), régression pour Lepaon (CGT)

Perspective communiste

Thierry Lepaon, futur secrétaire général de la CGT : «On sécurise surtout les employeurs...»

Que reproche la CGT à l’accord sur le marché du travail du 11 janvier ?

Ce texte est mauvais. Il est en décalage total par rapport au discours du président de la République, lors de la conférence sociale de juillet, qui appelait alors à lutter contre la précarité et la montée du chômage. Il ne correspond pas non plus à la feuille de route issue de cette conférence. Les entreprises ont obtenu des choses, mais les salariés, rien ou presque. Même la couverture complémentaire santé généralisée à tous les salariés reste un simple vœu, aucune des conditions pour son application effective n’étant réunies. Même chose pour les droits rechargeables à l’assurance chômage, son mécanisme étant renvoyé à la négo Unedic, que le Medef veut faire à coût constant, et donc financer par une baisse des indemnités chômage…

Le recours aux accords «emploi compétitivité» sera pourtant encadré et les plans sociaux mieux «sécurisés»...

Pour la première fois dans notre pays, on érige en principe le fait que le contrat puisse déroger à la loi. C’est un recul sans précédent, une fuite en avant qui va tirer tout le monde vers le bas. Car souvent les salariés, à qui l’on promet de sauvegarder leur emploi, poussent les syndicats à accepter des conditions de travail et de rémunérations en-dessous de la norme légale. C’est pourquoi la loi doit rester le socle du droit, la négociation pouvant l’améliorer mais pas la dégrader.

Quant aux plans sociaux, on sécurise surtout les employeurs. Les délais de recours aux prud’hommes sont réduits de cinq à deux ans, et les indemnités auxquelles peuvent prétendre les salariés sont encadrées. Sur cette base, pourquoi les gangsters n’exigeraient pas eux aussi une barémisation? Il y a une justice en France, et le juge doit rester chargé d’examiner les circonstances, la réalité économique et sociale des licenciements, et d’apprécier le préjudice.

Qu’attendez de la majorité de gauche à l’Assemblée sur le projet de loi ?

Nous avons fait un travail d’«éducation» auprès des députés dans les circonscriptions, en expliquant l’accord point par point. Nous leur demandons de bien mesurer l’enjeu du projet de loi. Le texte qu’ils s’apprêtent à voter doit correspondre vraiment aux intentions qui étaient les leurs quand ils étaient candidats. En fait, nous ne demandons rien d’autre à cette majorité que de faire la politique pour laquelle elle s’est fait élire…


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