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Lucien Sève, où la falsification du communisme

Perspective communiste

Lucien Sève avait, une fois de plus, l'honneur d'être interrogé par L'Humanité « LA MÉTAMORPHOSE POUR UNE VISÉE COMMUNISTE MARXIENNE » et dans le cadre de sa tétralogie « Penser avec Marx aujourd’hui ». Lucien Sève, ce grand penseur et philosophe réaffirme son approche révisionniste et le tout noyé dans une autophobie communiste. Analyse

Lucien Sève n'est pas un penseur marxiste et il assume cette revendication. Il se qualifie de « marxien ». Se disent « marxien.ne.s » celles et ceux qui n'adhèrent pas au marxisme, mais qui se réclament de la méthode de Marx, une méthode qui permet de comprendre ce qui est au cœur du capitalisme, rejetant l'aspect politique et militant, bref des années d'enrichissement de la lutte des classes face aux conditions réelles de l'exploitation capitaliste.

Pour Lucien Sève, cette approche idéologique s'est construite par le rejet du modèle politique socialiste (que les refondateurs/révisionnistes nomment « étapiste ») et des analyses construites autour du processus enclenché par la Révolution socialiste d'octobre 1917. Un processus qui remonte à 1984, lorsqu'il signe une tribune assez célèbre au PCF, le « Manifeste de la refondation ».

Dans cet article de L'Humanité en date du 21 Octobre 2019, Lucien Sève n'apporte rien de plus par rapport à sa dernière tribune du 9 novembre 2018, il ne fait que confirmer ses dérives révisionnistes et ses dangereuses illusions du "communisme déjà là". Analyse :

1- Toujours la peur irrationnelle du socialisme, et les contradictions de Lucien Sève

La thèse majeur développée par Lucien Sève est très bien résumée dans l'article de L'Humanité : "Marx et Engels vont déterminer le contenu de la visée communiste en l’opposant nettement au socialisme." Une idée qui est rejetée par Karl Marx et Freidrich Engels.

Friedrich Engels lui même démontre que le communisme résulte d'un processus précédé par ce qu'il décrit dans l'Anti-Dühring (1878) : « Avec la prise de possession des moyens de production par la société, la production marchande est éliminée, et par suite, la domination du produit sur le producteur. L'anarchie à l'intérieur de la production sociale est remplacée par l'organisation planifiée consciente. La lutte pour l'existence individuelle cesse. Par là, pour la première fois, l'homme se sépare, dans un certain sens, définitivement du règne animal, passe de conditions animales d'existence à des conditions réellement humaines. Le cercle des conditions de vie entourant l'homme, qui jusqu'ici dominait l'homme, passe maintenant sous la domination et le contrôle des hommes qui, pour la première fois, deviennent des maîtres réels et conscients de la nature, parce que et en tant que maîtres de leur propre vie en société. » C'est à ce moment là que l'on peut parler de socialisme comme « cet acte libérateur du monde, voilà la mission historique du prolétariat moderne. En approfondir les conditions historiques et par là, la nature même, et ainsi donner à la classe qui a mission d'agir, classe aujourd'hui opprimée, la conscience des conditions et de la nature de sa propre action, voilà la tâche du socialisme scientifique, expression théorique du mouvement prolétarien. »

Lucien Sève borne sa définition à une simple étatisation "le socialisme miserait sur l’État et sur sa capacité à transformer la société d’en haut" en faisant l'oubli majeur de poser la question de l'Etat, de sa nature. Il fait preuve d'une faiblesse d'analyse consternante qui démontre que sa vision « marxienne » du communisme ne vise qu'à s'opposer à l'Union soviétique et aux modèles issues des révolutions du XXème siècle.

Pourtant, Lucien Sève parvient à se contredire puisque dans cet article apparaît un extrait fort savoureux : "La révolution est un processus de longue haleine, toute une époque d’évolutions révolutionnaires, de luttes violentes ou non, de rapports de forces" c'est ce que l'on appelle ... le socialisme. Dans son interview de 2018, Lucien Sève expliquait que la prise du pouvoir révolutionnaire ne pouvait que conduire qu'au stalinisme. Pourquoi ce revirement ?

2- L'illusionniste du communisme déjà là

Une fois que la question du socialisme est réglée, dénoncée, condamnée et donc rejetée, il faut trouver une explication logique permettant de justifier le dépassement du socialisme. C'est celle du « communisme déjà présent».

Là aussi dans L'Humanité il est expliqué que "le communisme est compris comme une « visée » et non comme un « projet ». Marx s’est toujours refusé à faire du communisme un idéal, il le définit comme le « mouvement réel qui met fin à l’état de choses actuel »".

Lucien Sève s’appuie sur l'affirmation de Karl Marx et Friedrich Engels « Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l'état actuel des choses. » (L'idéologie Allemande - 1845) qui veut que le communisme se construise sur les fondations de la société capitaliste et qu'il gagne par une construction permanente.

Mais cette affirmation qui représentait une analyse et une perspective politique a un temps donnée est largement dépassée, par Karl Marx lui-même, mais aussi par les faits historiques et la réalité de la lutte des classes, du rapport de force et de l'évolution de la conscience de classe. On se rend vite compte que le communisme ne peut être un mouvement. Il suffit de relire Friedrich Engels dans l'Anti-Dühring (1878).

3- Lénine, détesté hier, devenu le chantre de la "visée marxienne"

Dans L'Humanité on lit que "Lénine se situe de plein droit dans la visée communiste marxienne. Mais Lénine va faire preuve d’une impressionnante lucidité en comprenant rapidement « l’immaturité historique du communisme ». Les présupposés du passage au communisme n’existaient pas en Russie. Les forces productives étaient dans un état de délabrement extrême ; l’individualité était encore insuffisamment développée : « nous sommes illettrés », « nous ne sommes pas assez civilisés », ne cessait-il de répéter. Le temps n’était donc pas encore venu où la gestion des affaires publiques allait être accessible au premier venu. La Russie de Lénine ne pouvait être communiste."

C'est pour cela qu'elle se définissait comme un état socialiste, l'état des ouvriers et des paysans. Pour approfondir la remarque, le véritable problème qu'il existait en Russie reposait essentiellement que le fait que la Russie est peuplée pour l'essentiel de paysan.e.s, et où les ouvrier.e.s ne sauraient à eux seuls constituer une force révolutionnaire suffisante.

Toujours dans l'Humanité "même s’ils pouvaient présenter parfois ici ou là certaines avancées sociales. Rien de la visée communiste marxienne ne s’y retrouve, ni le développement de forces productives de haut niveau, ni la promotion de l’individualité, ni le dépérissement de l’État." Pour Lucien Sève, les décrets soviétiques (1917-1918) ne portent donc en rien une visée révolutionnaire.

En guise de conclusion, Lucien Sève n'approfondi rien de plus et se contredit régulièrement. Il n'apporte rien de nouveau, pas d'idée originale, pas d'arguments forts permettant de justifier sérieusement un rejet du socialisme.

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Pour lire l'article de L'Humanité


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