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MEDEF : Pierre Gattaz aux prud'hommes pour licenciement abusif

Perspective communiste

L'ex-directeur général adjoint du Medef, Anton Molina, attaque en justice son ancien employeur, estimant avoir été victime d'une chasse aux sorcières

C'est une audience peu ordinaire qui s'est tenue mardi aux prud'hommes de Paris, dans la salle réservée aux cadres. Le Medef est poursuivi pour licenciement abusif par l'ex-responsable de la communication, Anton Molina, salarié depuis plus de dix ans.

Ce dernier a été tour à tour responsable de l'information, directeur adjoint du service de presse puis directeur et enfin directeur général adjoint du Medef sous deux présidents, Ernest-Antoine Seillière puis Laurence Parisot, et quelques jours auprès de Pierre Gattaz.

La veille même de l'élection de Pierre Gattaz au poste de président de l'organisation patronale, le sherpa de la com du Medef — sur lequel Laurence Parisot ne tarit pas d'éloges — a découvert son futur licenciement par voie de presse. Dans ses colonnes, « le Monde » daté du 3 juillet 2013 écrivait : « L'objectif n'est pas de chasser tous les anciens responsables, promet-on dans son entourage (NDLR : de Pierre Gattaz). [...] En revanche, le responsable [...] Anton Molina, très proche de la présidente sortante, devrait être invité à partir, selon plusieurs sources. » Après avoir envoyé plusieurs mails demandant des explications, le 18 juillet 2013, Anton Molina est convoqué pour un entretien de licenciement pour cause réelle et sérieuse par le directeur général du Medef, Michel Guilbaud.

« Quelle n'a pas été la stupeur de mon client », plaide aujourd'hui son avocate, Me Isabelle Grelin, devant les quatre juges (deux représentants du patronat et deux côté syndicats), évidemment embarrassés d'avoir à juger une telle affaire. Et de mettre en cause la réalité du motif de la séparation. « Ne pas s'être adapté à la nouvelle organisation du Medef », voilà ce que notifie la lettre de licenciement. Ce que Me Grelin conteste, témoignages et courriels de félicitations du directeur général et de Pierre Gattaz lui-même à l'appui.

Molina réclame 750 000 € d'indemnités

« On prétend qu'Anton Molina a été en opposition. Il a juste envoyé plusieurs mails pour demander des explications relatives à ce qui était sorti dans la presse. Le dossier est vide : son ancien employeur ne fournit aucun élément justifiant son licenciement. Il n'y a aucune cause réelle et sérieuse », a plaidé Me Grelin, demandant 400 000 € pour licenciement abusif. Et de réclamer « compte tenu de la manière dont il a été traité après dix ans d'engagement, nuit et jour, soir et week-end » aussi « le paiement d'heures supplémentaires qui lui sont dues sur les trois années précédant son licenciement abusif », soit environ 350 000 €.

Dans la rangée adverse, l'avocat du Medef, Me Arnaud Teissier, du puissant cabinet Capstan, riposte : « Pierre Gattaz avait dit que tout le monde avait sa place, mais Anton Molina, qui était très proche de Laurence Parisot, s'interrogeait sur sa place et son avenir. [...] Il a eu une attitude d'opposition et cherchait à être évincé. » Quant aux heures sup, Me Tessier les conteste, arguant qu'un cadre dirigeant ne peut revendiquer des heures supplémentaires. Pour Me Grelin, son client n'était pas cadre dirigeant. Contacté, le Medef n'a pas souhaité faire de commentaire. Mais dans la maison, certains ne cachent pas leur agacement et s'inquiètent des dégâts en termes d'image. D'autant que 35 salariés sur 180 ont quitté l'organisation depuis deux ans : le secrétaire général, la directrice générale déléguée, le directeur général adjoint chargé des affaires économiques ou encore celui chargé des affaires sociales. Selon l'un d'entre eux, « beaucoup de salariés encore présents dans l'organisation savent que leur tour est proche et consultent leur avocat ». Le délibéré est prévu début décembre.

http://www.leparisien.fr/economie/medef-pierre-gattaz-aux-prud-hommes-pour-licenciement-abusif-28-10-2015-5225413.php


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