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Nicolas Maury

Le Medef ne veut pas de «charges»

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Laurence Parisot, au nom du MEDEF, a proposé de «fusionner» les cotisations patronales et salariales, pour ne conserver que la dénomination de «cotisations salariales». D’un point de vue comptable, l’opération semble parfaitement neutre: les patrons continueraient à débourser la même somme pour un salarié, et celui-ci conserverait le même salaire net en bas de sa feuille de paye. Seules changeraient les dénominations, les sommes actuellement baptisées «charges patronales» étant intégrées au «salaire brut».

Au premier abord, ce projet se limiterait à mettre fin à une dénomination mensongère, qui fait apparaître artificiellement une distinction entre charges dites «salariales» et «patronales». Car toutes ces cotisations, quel que soit le nom dont on les affuble, sont une fraction du salaire. De ce point de vue, l’appellation de «charges patronales» est un rideau de fumée, qui a permis depuis des décennies aux capitalistes et à leurs serviteurs politiques de prétendre que l’embauche des salariés leur coûtait trop cher.

Mais la motivation du patronat, en lançant cette proposition, n’est pas le souci de la transparence. S’il souhaite abandonner la fiction de ses «charges», c’est qu’il estime pouvoir gagner davantage à présenter les choses sous un autre jour. Comme le martèle Parisot, l’objectif est de «mieux sensibiliser le salarié au coût de la protection sociale». Autrement dit, de faciliter les attaques contre la protection sociale, en tâchant de convaincre les salariés qu’à l’avenir, toute augmentation des cotisations sociales ne pourra se faire qu’aux dépens du salaire net.

Cette stratégie n’a rien de nouveau, puisque depuis des années, les cotisations dites «patronales» ont beaucoup moins augmenté que les cotisations dites salariales. En d’autres termes, la hausse du coût de la protection sociale a été bien davantage directement supportée par les salariés, au détriment de leur salaire net, que par les employeurs.

Pour le moment, nul ne sait si ce projet a une chance d’être appliqué, ou s’il ne s’agit que d’une déclaration d’intention sans lendemain. Mais, mise en pratique, elle pourrait produire l’effet inverse de celui escompté par le MEDEF. En levant l’hypothèque du faux débat sur les «charges», cette mesure pourrait clarifier la situation et inciter les travailleurs à exiger la seule solution qui s’impose: une augmentation générale des salaires.


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