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Malgré un modeste score, le Parti Communiste s'inscrit de nouveau dans le paysage politique de l'Ombrie (Italie)

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Les élections régionales en Ombrie ont donné la victoire à la coalition de droite-extrême droite conduite par la Lega. Dans cette ancienne région de l'Italie rouge, la "gauche" (les descendants du PCI) perd ses bastions historiques au profit de l'extrême droite - article et traduction Nico Maury

Donatella Tesei (Lega) a remporté les élections régionales en Ombrie avec 57,55% des voix (dès le premier tour de scrutin) et s'empare d'un bastion historique du Parti démocrate dans cette ancienne région de l'Italie Rouge. La coalition de droite-extrême droite remporte même 58,84% des voix et 13 des 21 sièges du parlement régional (dont 8 pour la Lega qui rassemble 36,95% des voix).

C'est un coup dur pour le Parti démocrate, qui allié au M5S, subit une très lourde défaite politique. Vincenzo Bianconi, le candidat de centre-gauche, ne rassemble que 37,48% des voix et la coalition ne remporte que 8 sièges (-6). Le Parti démocrate, pourtant dans un de ses bastions historique, hérité du Parti communiste italien, s'incline avec 22,33% des voix, loin derrière la Lega de Salvini. Le Mouvement 5 Etoiles, s'effondre à 7,41% (-7,1 points).

A gauche, la situation n'est pas plus réjouissante. La Gauche verte civique (qui inclut une ancienne scission de droite de la Rifondazione comunista) remporte 1,61% des voix, le Parti Communiste (Marco Rizzo) recueille 1,01% des voix (on y reviendra) et une coalition entre Potere al popolo et le Parti communiste italien (2016) recueille 0,87%.

L'Italie rouge émoussée par une nouvelle cire populiste

Le comportement électoral des citoyen.ne.s de Toscane, d’Émilie-Romagne et, aujourd'hui d’Ombrie a bien changé. Pendant plus de 50 ans, les électeurs et électrices de ces régions votaient pour le Parti Communiste, puis pour ses descendants (Parti démocrate de gauche, Démocrates de gauche, puis enfin Parti démocratique).

"C’est-à-dire que non seulement le PCI, les substituts et les dérivés de ce parti étaient les forces les plus votées, mais aussi le pivot économique d’une société" explique Alessandro Chiaramonte , professeur en sciences politiques à l'Université de Florence. "Il existe une combinaison de facteurs expliquant la disparition des processus d'identification à la gauche. La crise économique a également accru la désaffection déplaçant le consensus vers les partis (Lega et M5S) qui sont devenus les vecteurs de la protestation issues des problèmes économiques et culturel.

Pour le politologue Marco Tarchi, "La gauche, qui n'est plus de gauche, est devenue le refuge de la stabilité, de la haute bourgeoisie, des intellectuels qui se croient toujours du côté du bien, de la justice et donnent des leçons de morale à une populace jugée grossière et cruelle". L'abandon par les successeurs du PCI des repères de classe et de l'action politique de gauche au profit du libéralisme et de ses dérives idéologiques a créé une situation où l'électorat traditionnel de la gauche se déplace vers le M5S et aujourd'hui la Lega.

La réponse, reconstruire un Parti Communiste de classe

C'est le sens de la candidature du Parti Communiste (fondé par Marco Rizzo). Avec la candidature de Rossano Rubicondi (PC) le mouvement communiste italien tente de reconstruire une base sociale en Italie et sur des valeurs politiques claires.

Pour le Parti Communiste, il n'est pas question de soutenir une coalition de centre-gauche (comme l'a fait la Gauche verte civique) qui porte la responsabilité des désastres économiques et sociaux, ni de disparaître dans une coalition sans fond avec Potere al popolo et le PCI (2016).

Le Parti communiste poursuit son chemin avec persévérance et résultats. Bien que modeste (1,01%), le PC réalise l'exploit de devancer le PCI (2016) et Potere al popolo, ainsi que de doubler le score du Parti. Uniquement par la force et volonté de ses militant.e.s.

Avant les élections, il y avait trois sections du PC dans la région: Pérouse, Terni et Spolète. Aujourd'hui, après les élections, il y en a neuf (avec Amelia, Foligno, Marsciano, Media Valle del Tevere, Pietralunga, Umbertide) et ces dernières retrouvent des cellules de territoires et d'entreprises.

Si il reste encore beaucoup de chemin pour que le Parti communiste s'impose comme une force majeur, les communistes restent lucides et savent qu'il faut jouer la clarté politique, la construction à la base et la discipline d'organisation.


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