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Manifestations et crise politique majeure au Pérou

Perspective communiste

La crise politique au Pérou part de la destitution du président Martín Vizcarra par l'Assemblée législative du pays. Accusé de corruption et après un simulacre de procès, le Congrès péruvien a destitué ce dernier le 9 novembre.

Des manifestations ont éclaté dans tous le pays pour dénoncer le "coup d'état". La crise économique et à la pandémie de Covid-19 font surgir, comme au Chili, le besoin d'un nouveau modèle économique et politique, la nécessité de mettre fin à la constitution néolibérale de 1993.

Article et traduction Nico Maury

Accusé de corruption à la suite de la diffusion d'un enregistrement le mettant en cause dans un contrat de complaisance supposé d’un chanteur, le Congrès ouvre une procédure de destitution à l’encontre de Martín Vizcarra le 11 septembre 2020. Il échappe à la destitution le 18 septembre, la motion recueillant seulement 32 votes favorables sur les 87 nécessaires.

La justice annonce le 10 octobre l’ouverture d'une enquête pour corruption. Celle-ci ne commencera ses travaux qu'après le départ du pouvoir de Martin Vizcarra, celui-ci étant couvert par l'immunité présidentielle. Une nouvelle procédure est enclenchée en novembre suite aux témoignages de plusieurs hommes d’affaires, qui ont affirmés devant la justice avoir versé en 2014 des pots-de-vin à Martín Vizcarra, alors gouverneur de la région de Moquegua, en échange de contrats pour des travaux publics, ce qu'il dément.

Le président du parlement Manuel Merino prend la tête du mouvement en faveur de l'inculpation de Vizcarra. Il est finalement destitué par le parlement le 9 novembre 2020 avec 105 voix pour, 19 contre et 4 abstentions.

Le président du parlement Manuel Merino lui succède le lendemain et devient président par intérim.

Manifestations et crise politique majeure au Pérou
"Coup d'état" parlementaire et manifestations

Les manifestations de grandes ampleurs éclatent dans le pays, les manifestant.e.s accusent le parlement de « coup d'État » . Aux cris de « Merino ne sera jamais mon président ! » ou « ce Congrès ne me représente pas ! » les péruvien.ne.s occupent les rues de la capitale, Lima. Le Défenseur du peuple a dénoncé un usage indiscriminé de la force par la police.

Trois personnes sont tuées lors d'une manifestation brutalement réprimée par la police le 14 novembre. Le Congrès appelle Merino à démissionner immédiatement le 15 novembre, ce qu'il fait le jour même.

Le Parlement doit désormais nommer un nouveau président parmi ses membres, le troisième en moins d'une semaine après la destitution par cette même assemblée de Martin Vizcarra, populaire président mis en défaut par une procédure expéditive qui témoigne de la fragilité des institutions péruviennes.

Les membres du Congrès péruviens ne sont pas parvenus à un accord pour élire une nouvelle présidence.

Manifestations et crise politique majeure au Pérou
"C'est l'immense rejet citoyen qui s'exprime dans les rues, sur les réseaux sociaux, à travers les cacerolazos" (Concert de casseroles) déclare le Parti Communiste du Pérou (Patria Roja).

"Comme pour toute dictature, les putschistes se soutiennent en recourant à la répression et n'ont pas tardé à faire couler le sang contre le droit légitime de manifester. Nous rejetons les mesures répressives, nous demandons une sanction exemplaire contre les responsables du meurtre des jeunes manifestants, que les manifestants d'être soumis à la terreur et que la campagne pour amalgamer Patria Roja avec le Sendero Luminoso cesse.

Merino, Aráoz et leur combo facho doivent partir immédiatement et céder la place à un gouvernement provisoire qui garantit un calendrier électoral et la transparence du processus, qui ne cède pas face à la corruption, qui gère efficacement la lutte contre la pandémie, qu'il acte une augmentation des salaires et protège l'emploi, qui alloue une augmentation du budget à la santé et à l'éducation.

Nous exprimons notre solidarité avec les familles des victimes, les blessés et détenues. Le Pérou est un peuple digne, qui dit ASSEZ! aux abus, à la pourriture et à l'arrogance qui caractérisent les classes dirigeantes."

Le Parti Communiste du Pérou (Patria Roja) explique que la "démocratie" ne peut être sauvée dans le cadre de la Constitution néolibérale de Fujimori (1993). La lutte contre le coup d'État Merino / Flores ne doit pas être une lutte pour le gouvernement de Vizcarra. Les luttes populaires doivent aboutir à un processus constituant, une nouvelle république, une nouvelle constitution, une nouvelle démocratie, un nouveau modèle économique, une souveraineté nationale, un développement industriel basé sur les besoins réels du peuple péruvien.


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