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Marie-George Buffet : "Les murs n'ont guère de justification"

Nicolas Maury

Je ne partage pas tout mais il est bon de connaitre le point de vu de Marie George Buffet

Interview "Une certaine forme de socialisme étatique, bureaucratique et autoritaire s'effondrait sous nos yeux" avec la chute du Mur de Berlin, témoigne Marie-George Buffet, numéro 1 du PCF.
Dans quelles circonstances avez-vous appris que le Mur de Berlin était ouvert ?


- Devant mon écran de télévision, comme des millions de gens, j'ai regardé ces événements qui ont changé le monde. J'ai suivi cette accélération de l'histoire en direct, jour après jour. Pour les communistes, c'était évidemment lourd de sens. Une certaine forme de socialisme étatique, bureaucratique et autoritaire s'effondrait sous nos yeux. La question portait évidemment sur la démocratie, sur le modèle de société, sur la façon dont on répond aux attentes populaires... Ce fut une grande leçon sur le passé et pour le futur. On voit cependant aujourd'hui, avec la crise systémique profonde du capitalisme et ses conséquences sociales, qu'à l'évidence, le capitalisme, à tort, s'est cru exonéré de cette grande leçon.


Imaginiez-vous qu'un tel événement était possible ?

- Non, je n'avais pas imaginé un tel basculement. D'ailleurs ce fut une surprise pour à peu près tout le monde. Bien sûr, j'avais conscience des problèmes posés à l'Est. Ces problèmes faisaient d'ailleurs l'objet d'une intense bataille politique en France et ailleurs. Au sein du PCF, nous savions la distance critique et le rejet qui s'étaient établis entre les peuples des pays d'Europe de l'Est et leurs régimes, leurs dirigeants. Mais nous n'avions vraiment mesuré ni le degré véritable de fragilité et de crise structurelle des régimes dits du "socialisme réel", ni les effets de la confrontation Est-Ouest et de la course aux armements. Nous avions, de toute façon, des divergences nettes, sur des questions essentielles, avec les partis communistes concernés.
Pour moi, l'essentiel politique est dans l'implication des citoyens comme acteurs réels de la vie sociale et politique. La chute du mur montre à quel point cette nécessité est décisive. Mais elle est décisive dans tous les contextes.

Quelles images restent gravées dans votre mémoire ?

- J'ai retenu l'image de ces foules de citoyens montrant leur volonté de circuler librement d'Est en Ouest et s'accueillant ou s'étreignant les uns, les autres. Il y avait les enjeux politiques, géopolitiques, idéologiques mais il y avait aussi des hommes, des femmes qui voulaient simplement être libres... Je me suis dit alors que les murs n'ont guère de justification possible et durable face à cette exigence de liberté et de dignité.
J'en ai fait, en 2004, une sorte d'appel intitulé "Faisons tomber les murs". Il y a encore bien des murs à abattre, des murs de béton et d'annexion, des murs de haine et d'incompréhension.

Avec 20 ans de recul, la chute du mur a-t-elle tenu ses promesses ?


- Ce qui s'est passé depuis montre que si la question majeure est celle de la démocratie et des libertés, il y a bien d'autres attentes sociales auxquelles il faut aussi répondre. L'application de politiques néolibérales dures en Europe de l'Est aboutit effectivement, comme à l'Ouest, à de profondes insatisfactions, à des résistances, des luttes... Vingt ans après, il faut prendre conscience que nous devons construire l'Europe, une autre Europe que celle ultralibérale de Barroso, non plus d'abord contre le communisme à l'Est ou contre les risques de guerre entre Européens... Cette période est terminée. Nous devons construire une Europe sociale, démocratique, écologique pour répondre aux attentes de tous les peuples, au besoin d'un développement humain durable pour tous.


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