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Marie George Buffet

Perspective communiste

Intégralité du chat internet avec Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste, mardi 26 septembre 2006

Marie George Buffet
Jicémefi : Votre dilemme est-il le suivant : s'allier à la LCR, à José Bové et aux antilibéraux, ou se rapprocher du PS afin de "conserver" vos élus locaux ?

Marie-George Buffet : Non, pas du tout. Ce que je veux, c'est faire bouger la gauche. On a échoué en 2002, on a été sanctionné, j'ai envie de battre la droite, et je veux la battre durablement. Donc j'ai envie de réussir à gauche. Pour cela, je pense qu'il faut mener une confrontation d'idées à gauche. Le PS va choisir son candidat, il a choisi son programme. Pour moi, ce programme ne permettra pas de répondre aux attentes populaires.

Donc je suis dans les collectifs d'union populaire avec des gens du PS, de la LCR, des communistes, des féministes, des altermondialistes, et nous essayons de nous mettre d'accord sur un programme. Je pense que nous allons y arriver, le 14 octobre. Et ensuite, de trouver un ou une candidat(e) commun(e).

u[Emmanuel Lange : On dit souvent que deux trotskistes forment un parti et que trois trotskistes font une scission. Bien que cette alliance soit souhaitable pour ne pas réitérer le 21 avril [2002], est-elle vraiment envisageable ?]u

Marie-George Buffet : Je crois qu'il ne faut pas voir ce qu'on veut construire de neuf à gauche avec les yeux du passé. Je le redis, il faut faire bouger la gauche pour qu'elle devienne, dans son ensemble, antilibérale.

Moi je ne veux pas mettre de frontière d'un côté ou de l'autre de la gauche. Je ne veux dire : "ni avec le PS, ni avec l'extrême gauche." Je veux contribuer au rassemblement de tous ceux et celles qui rêvent, qui veulent, une gauche majoritaire sur un programme qui, cette fois-ci, soit audacieux, courageux.

Le critère n'est pas la tête de tel ou tel candidat, c'est : quel engagement nous prenons pour mettre en place des réformes aptes à contrer les logiques de l'Europe libérale, de la mondialisation capitaliste.

Matthias : Quels éléments du programme du PCF pourraient engendrer un refus du PCF de signer le programme antilibéral commun s'ils n'étaient pas repris ?

Marie-George Buffet : On n'a pas d'opposition entre nous sur le programme. Je crois qu'il y a trois questions essentielles :

1) la démocratie. Il faut créer une VIe République, avec de nouveaux pouvoirs aux citoyens et citoyennes, et des droits d'intervention des salariés dans la gestion des entreprises. C'est essentiel.

2) Il faut des moyens financiers. L'argent, il y en a, mais il faut une très grande réforme de la fiscalité permettant de rendre l'argent inutile des grandes fortunes ou des revenus financiers utiles socialement.

Il faut modifier le financement de la protection sociale. Nous avons des propositions précises sur l'assiette des cotisations, sur la cotisation des revenus financiers. Et il faut un pôle bancaire public.

Enfin, il faut reconquérir un grand secteur public. Et cela pose la troisième condition pour ne pas être démagogue : il faut changer le cours de la construction européenne. Je pense que la gauche au pouvoir, dès la présidence française qui va arriver quelques semaines après les élections, doit prendre l'initiative d'un grand débat dans toute l'Europe sur un nouveau traité européen.

L'unique espoir : Bonjour, je crois savoir qu'il y a, outre vous-même, au moins quatre autres candidatures pour incarner la gauche antilibérale. Comment allez-vous faire pour qu'une seule candidature émane de cette démarche. Clémentine Autain est déjà en campagne alors qu'elle n'est pas mandatée par les collectifs. A quand un débat entre vous tous ?


Marie-George Buffet : Je ne le souhaite pas, car nous ne sommes pas en compétition. Nous nous retrouvons tous dans des initiatives, dans des rencontres, des meetings. Après, je crois que c'est dans la discussion des collectifs locaux que nous trouverons une réponse commune, tout simplement en cherchant l'efficacité.

J'ai écrit à l'ensemble des membres des collectifs locaux pour leur donner mon état d'esprit, à la fois sur la démarche politique, sur les propositions alternatives, sur la conception même de la campagne : je ne pense pas qu'il faille, qu'il y ait un ou une candidate, mais un groupe de porte-parole, et j'ai dit à cette occasion ma disponibilité pour cela. Mais c'est une proposition que je mets en débat.

PIERRE GRANAUD : Au deuxième tour, appelleriez-vous à voter pour le PS, si ce dernier n'affichait pas un programme franchement anticapitaliste ?


Marie-George Buffet : Sans hésitation, au deuxième tour, rassemblement de toute la gauche pour battre la droite. Cela ne veut pas dire participation à un gouvernement social-libéral, mais, je le répète, il faut se rassembler au deuxième tour pour battre la droite, car cinq ans de Sarkozy, c'est un recul dramatique au plan social et démocratique.

Thibaut : Camarade, après la campagne référendaire de mai 2005, où le PC a mené une campagne plus qu'intensive et lors de laquelle vous avez supporté la plus grande partie financière, ne mettez-vous pas en danger l'appareil qu'est le PC si vous faites moins de 5 % ?


Marie-George Buffet : Oui, c'est sûr que si l'on arrivait à ce résultat, ce serait catastrophique. Mais cela voudrait-il dire que pour des raisons financières, il ne faut pas se présenter, ne pas défendre nos idées ? Moi, je me bats pour une candidature de rassemblement, j'espère qu'elle fera plus de 5 %, mais le parti ne vit pas pour lui-même, il vit pour permettre à notre peuple de changer la donne.

Money : Quel est le montant du salaire minimum de gauche antilibéral ?


Marie-George Buffet : Nous disons 1 500 euros tout de suite, c'est une exigence syndicale. Pour trente-cinq heures, évidemment. Aujourd'hui, nous sommes dans un pays où, avec le temps partiel imposé, notamment aux femmes, on peut parler de salariés pauvres. Donc la question des salaires est une question essentielle. Le smic, mais aussi de véritables négociations salariales dans l'ensemble des entreprises.

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