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Méfiez-vous des trahisons de l'armée, le Parti communiste soudanais met en garde les manifestant.e.s

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Dans une déclaration, le Parti communiste soudanais a demandé aux manifestant.e.s de rester dans la rue pour s'assurer que l'armée respecte l'accord du gouvernement de transition du 5 juillet - traduction Nico Maury

Alors que des masses de manifestant.e.s en liesse dans les rues du Soudan célèbrent leur victoire après que la junte militaire ait accepté de négocier un accord sur le gouvernement de transition, le Parti communiste soudanais (SCP) leur a conseillé de rester vigilants contre toute trahison.

Le SCP a exhorté les manifestant.e.s à maintenir la pression sur la junte militaire en restant dans les rues. Dans une déclaration du 6 juillet, il a mis en garde contre la complaisance et les compromis avec l'agenda prévu pour la période de transition dans la Déclaration de liberté et de changement adoptée par les forces civiles en janvier.

Dans la poursuite de cet agenda, il est nécessaire de négocier la fin de la guerre civile, le retrait des troupes soudanaises du Yémen et la fermeture des bases militaires étrangères dans le pays, a déclaré le SCP.

Le 5 juillet, la junte militaire et les forces civiles sont parvenues à un accord sur une période de transition qui durera 39 mois avant la tenue des élections. Pendant cette période, le pays sera administré selon une structure à trois niveaux.

L'une de ces structures est le conseil législatif, dont 67% des membres seront nommés par la Déclaration de la liberté des forces du changement (DFCF), une coalition de partis politiques comprenant le SCP et des syndicats qui représentent ensemble le mouvement de protestation.

L'ensemble du cabinet (ou du conseil des ministres) sera nommé par la DFCF, qui comptera également cinq membres sur les 11 membres du conseil présidentiel. Cinq membres seront des officiers de l'armée nommés par la junte et le dernier membre sera un civil ayant une formation militaire acceptable pour les deux camps.

"Le public a été surpris par la présence de membres de la junte militaire au conseil présidentiel, [même] après la reconnaissance du massacre", selon le communiqué. Le massacre fait référence à l'assassinat de plus de 100 personnes à Khartoum le 3 juin par une milice sous le contrôle du vice-président de la junte, le général Mohamed Hamdan Daqlo.

Dans ces circonstances, "comment garantir que la junte militaire applique l'accord?", Demande la déclaration.

Les observateurs ont souligné que même si le gouvernement était formé conformément à l'accord du 5 juillet, la présence de membres de l'armée au conseil présidentiel pourrait entraver la poursuite de certains objectifs.

En effet, ce conseil aura le dernier mot en matière de déclaration de guerre et de participation à des exercices militaires conjoints avec des pays étrangers. Le général Dagalo avait auparavant assuré à l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qu'ils continueraient à soutenir sa guerre contre le Yémen. On estime qu'environ à 14.000 soldats soudanais sont déployés au Yémen.

Pour avoir «des relations internationales équilibrées au profit du peuple soudanais» - qui est l'un des objectifs de la Déclaration - le retrait de nos troupes du Yémen [et] l'enlèvement de bases militaires est nécessaire, insiste le SCP.

La présence d'officiers de l'armée au sein du conseil présidentiel peut également s'avérer un obstacle pour négocier la fin de la guerre civile et enquêter sur les violations des droits de l'homme commises par la junte militaire. La junte, connue sous le nom de Conseil militaire de transition, a pris le pouvoir après avoir renversé le président Omar al-Bashir en avril à la suite de manifestations de masse.

La résolution de ces problèmes peut s'avérer particulièrement difficile au cours des 21 premiers mois de la période de transition, lorsqu'un officier militaire dirigera le conseil présidentiel.

Dans ces conditions, "la présence continue du public dans les rues jusqu'à l'achèvement de la transition démocratique, l'abolition de toutes les lois restreignant les libertés ... et la dissolution de toutes les milices" est la seule "garantie du succès de la période de transition". , la déclaration affirmée.

Le SCP a également exigé la levée de l'embargo international imposé au Soudan à la demande des États-Unis. Incidemment, les États-Unis ont qualifié le Soudan d’État «promoteur de la terreur», tout en continuant de former et d’aider ses forces de sécurité à les aider à combattre la «guerre contre le terrorisme».

Le seul moyen de mettre fin à ces sanctions, qui constitueront une étape nécessaire pour faire face à la crise économique qui affecte le pays, est "l'instauration d'une gouvernance civile démocratique", conclu le communiqué.

Pavan Kulkarni
Peoples Dispatch


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