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Menace d'abstention massive aux élections européennes de juin

Nicolas Maury

L'Europe des capitalistes, du fric, n'intéresse décidément personne: La menace d'une abstention massive se profile pour les élections européennes de juin avec 34% seulement de citoyens prêts à aller voter, selon un sondage européen

Plus de la moitié (53%) des personnes interrogées se déclarent "pas intéressées" par les élections européennes, indique également cette enquête Eurobaromètre réalisée pour le Parlement européen entre la mi-janvier et la mi-février auprès de 27.218 citoyens des 27 pays membres. Quelque 62% des personnes interrogées estiment que leur vote ne changera rien. Et 55% estiment que "le Parlement européen ne traite pas assez de problèmes me concernant".

La Pologne et le Royaume-Uni, bastion eurosceptique, sont les deux pays où le désintérêt semble le plus fort, avec respectivement 13% et 22% seulement des électeurs se déclarant prêts à aller voter. L'abstention menace aussi d'être forte au Portugal (24%), en République Tchèque (26%), en Espagne (27%) et en Italie (30%). En France, 47% des électeurs disent qu'ils iront "probablement" voter alors que 15% sont déjà certains de ne pas remplir ce devoir.

L'indifférence a progressé depuis la précédente étude réalisée fin 2008, puisque 37% se disaient alors prêts à aller voter. Même si le sondage, réalisé à cinq mois du scrutin, ne permet pas de déduire des taux de participation, ces données sont inquiétantes pour la Commission et le Parlement européen, car elles traduisent une "baisse significative de la confiance envers les institutions", soulignent les enquêteurs dans leurs conclusions.

La confiance dans le Parlement chute de 6 points (45% contre 51% lors de la précédente enquête fin 2008), de 5 points pour la Commission (42% contre 47%) et de 9 points pour la Banque Centrale Européenne (39% contre 48%), selon le sondage.

L'abstention ne cesse de croître aux élections européennes. De 39,2% en 1979, pour les premières élections au suffrage universel direct, elle est passée à 43,2% en 1984, 47,2% en 1994, 53,2% en 1999 et 54,5% en 2004 - ce alors même que les prérogatives du Parlement sont allées en se renforçant.

La crise économique et le chômage pèsent lourd dans la désaffection manifestée cette année. 57% des personnes interrogées (+10%) ont placé le chômage en tête de leurs préoccupations, suivi par l'inflation et le pouvoir d'achat (52%, +7%).

Un tiers seulement des électeurs (36%) seulement dit avoir vu, lu ou entendu parler des actions engagées par les institutions européennes pour lutter contre la crise. Et parmi ces électeurs, seuls 44% jugent ces actions positives, 21% négative.

Les électeurs prêts à voter indiquent qu'ils se détermineront en fonction de l'expérience des candidats dans les affaires européennes (39%), de leur positions dans les affaires nationales (35%) et de leur position sur les questions européennes (35%), mais également en fonction de leur notoriété (30%).


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