Perspective Com
Mouvement de contestation "plus fort que le régime"

Nicolas Maury

Interpellé mercredi à son domicile près de Tunis, le dirigeant communiste, Hamma Hammami, estime que le mouvement de contestation en Tunisie est "plus fort que le régime", dans une interview accordée à l'hebdomadaire italien Left

"Malgré les morts, les jeunes sont encore dans la rue. Le mouvement est plus fort que le régime et peut conduire à sa chute. Nous ne savons pas quand, mais la route est tracée", affirme le chef du Parti communiste des ouvriers de Tunisie (PCOT, interdit) dans cet entretien, à paraître vendredi et accordé quelques heures avant son interpellation dans la matinée.

Selon lui, "ce sont les dizaines de morts et les centaines de blessés qui ont exaspéré la population".

"Ce ne sont plus seulement les étudiants, mais aussi les syndicalistes, les travailleurs, les étudiants, les avocats, les artistes, qui réclament le départ de Ben Ali, la fin de la dictature", ajoute Hamma Hammami selon lequel "aucune force étrangère n'est derrière ces protestations".

"Le mouvement islamiste est totalement absent", poursuit Hamma Hammami qui évoque "un soulèvement populaire, démocratique et laïc" et juge que "parler de terroristes ou de mains étrangères est un moyen de légitimer la répression".

Intervenant lundi à la télévision, le président Zine El Abidine Ben Ali avait attribué les troubles à des "éléments hostiles à la solde de l'étranger" et dénoncé "des actes terroristes".

Hamma Hammami, 59 ans, est le premier dirigeant politique à être interpellé depuis le début des émeutes qui ont éclaté en Tunisie il y a un mois et fait entre 21 morts (selon les autorités) et plus de 60 tués (selon une source syndicale).

Il dirige un parti "illégal" communiste très présent à l'université. Recherché par la police, il vivait dans la clandestinité jusqu'à récemment.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :