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Municipales à Aix-en-Provence : Le PCF contre la tambouille électoraliste

Nicolas Maury

Face à la tentation du Parti Socialiste de s’allier au Modem, le Parti Communiste Français envisage de porter, avec tous les progressistes, un projet résolument à gauche. Interview à La Marseillaise de Léo Purguette, secrétaire de la section du PCF du Pays d’Aix, et de Luc Foulquier, membre de la direction de la section PCF du Pays d’Aix

Municipales à Aix-en-Provence : Le PCF contre la tambouille électoraliste
La Marseillaise : L’invalidation de l’élection de Maryse Joissains est-elle une bonne nouvelle ?

Léo Purguette :
Non, parce que ça veut dire qu’il existe un climat politique délétère sur Aix. L’invalidation repose sur des propos calomnieux proférés pendant la campagne cela pointe une conception de la politique qui n’est pas la nôtre. Nous privilégions une politique digne et un vrai débat d’idées démocratique.

La Marseillaise : Les résultats du scrutin européen vont-ils influer sur ces élections municipales ?

Léo Purguette : Visiblement certains partis politiques sont tentés de transposer ces résultats sur un plan municipal. Comme il s’agit d’une annulation, nous sommes plutôt dans une configuration d’un Sème tour sur lequel les élections européennes ne peuvent être calquées.

Luc Foulquier : Le message essentiel à gauche des élections européennes, c’est la perspective d’un rassemblement qu’a ouvert le front de gauche.

La Marseillaise : Maryse Joissains repart avec une liste quasiment à l’identique de la précédente. L’aventure d’Aix pour tous a-t-elle vécu ?

Luc Foulquier : Pour nous, non ! La position des communistes est de reconduire la liste « Aix pour tous ». Même si quelques aménagements sont à faire, nous étions d’accord sur un programme qui est toujours d’actualité. Si ce n’est d’ajouter une partie concernant la défense du service public. Nous avions du point de vue stratégique opté pour le rassemblement de la gauche au premier tour des dernières élections. Au deuxième tour, la liste « Aix pour tous » avait refusé les ralliements de dernières minutes et les arrangements avec la droite, le modem en particulier. Il ne faut pas oublier que la liste conduite par Alexandre Medvedowsky a été battue de peu à cause de la direction fédérale socialiste qui a imposé une liste de division. Ceux qui, cette fois, modifieront cette stratégie porteront non seulement le reniement de la parole donnée mais aussi la division.

La Marseillaise :
André Guinde et Jean-Noël Guérini seraient tentés par une liste de rassemblement très large, qu’en pensez-vous ?

Léo Purguette : Pour nous, il ne s’agit pas d’une question de personne mais de ligne politique. Les communistes sont porteurs face à cette situation de trois principes la clarté, la cohérence et la constance. Ce qui implique que nous ne pouvons envisager d’arrangements électoralistes sans contenu qui consisterait à s’allier à une partie de la droite, c’est à dire le modem, pour en battre une autre.

La Marseillaise : La Parti de gauche et Uni pour un monde solidaire font la même réflexion. Pourriez-vous monter une liste commune si le PS persiste à vouloir faire alliance avec le Modem au premier tour ?

Léo Purguette : Jusqu’au bout, nous chercherons le rassemblement à gauche pour battre la droite. Mais en cas de renversement de la stratégie de la part du parti socialiste nous prendrons nos responsabilités pour porter un projet résolument à gauche pour la ville d’Aix.

Luc Foulquier : Dans ces conditions et au regard des pressions inadmissibles de Jean Noel Guérini pour briser le rassemblement à Aix, nous sommes prêts à affronter l’enjeu électoral si vraiment il se confirmait que le parti socialiste veuille rompre les engagements qu’il avait pris avec « Aix pour tous ».

La Marseillaise :
Peut-on imaginer que cette éventuelle liste soit constituée de toutes les composantes de la gauche de la gauche ?

Léo Purguette : Dans cette hypothèse, et avec toujours la même cohérence, nous chercherons à fédérer toutes les formations politiques de gauche ainsi que les progressistes qui veulent ouvrir une perspective politiques à gauche pour Aix.

La Marseillaise : Quelle crédibilité peut-on accorder à des politiques qui prônent l’union de la gauche il y a 15 mois et affichent désormais des velléités de s’allier à la droite ?

Luc Foulquier : En ce qui concerne le PCF nous restons fidèles au contenu du programme et à la stratégie de rassemblement. Votre question s’adresse au Parti socialiste, il leur appartient d’expliquer à la population, si c’était le cas, un tel revirement politicien.

Léo Purguette : j’ai la conviction que les électeurs aixois sanctionneraient une telle attitude.

La Marseillaise :
Le Parti Socialiste enclenche-t-il une nouvelle fois la machine à perdre ?

Luc Foulquier : Me battant à Aix depuis 30 ans, je sais bien que c’est le refus de cette union à gauche, comprenant les communistes, qui a été la cause de la défaite de Jean François Picheral.

La Marseillaise : Ce scrutin revêt-il un intérêt particulier ?

Luc Foulquier :
Nous mesurons l’enjeu politique de cette élection municipale à quelques semaines du résultat des élections européennes où la ville d’Aix va être scrutée par la France entière. Dans ces conditions, quelle image détestable donneraient certains partis en divisant la gauche avec des alliances contre nature avec une partie de la droite au moment où plus que jamais il faut proposer un front progressiste à la politique de Sarkozy.

Propos recueillis par Angélique Giorgi (La Marseillaise, le 13 juin 2009)


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