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Nakba : Israël commet un carnage au sud du Liban

Fares Chahine

C’est une Intifadha qu’ont vécue, hier, les territoires palestiniens à l’occasion du 63e anniversaire de la sinistre Nakba marquant l’établissement de l’Etat hébreu, en 1948. Au moins 10 personnes ont été tuées et 112 autres blessées, dont 13 grièvement, selon un bilan provisoire confirmé par une source à l’hôpital de Bint Jbeil, près de Maroun Ar Ras, où ont été évacués les victimes et les blessés

Ce bain de sang a été provoqué par des éclats d’obus de mortier et des balles réelles tirées par des soldats israéliens près du terminal d’Erez, à la frontière nord avec l’Etat hébreu, et au niveau du terminal de Karnaï, à la frontière est, alors qu’ils tentaient de s’approcher de la ligne frontière. « Les personnes tuées ont été touchées au visage, au ventre et au cœur », a précisé la source médicale.

Des ambulances ont évacué les blessés vers les hôpitaux du nord de la bande de Gaza ainsi que vers l’hôpital El Shifa à Gaza-Ville. Certains blessés, dont un photographe touché par balle à la tête, se trouvent dans un état critique.

Les manifestants, des milliers, réconciliation aidant, portant uniquement des drapeaux palestiniens, étaient en majorité des jeunes. Certains, au risque d’être mortellement atteints par les soldats israéliens qui avaient renforcé leur présence en cette occasion, tout le long de la frontière, ont réussi à accrocher le drapeau palestinien sur la clôture qui sépare la bande de Gaza du territoire israélien.

« Ils visent le visage et le cœur »

Ces actions étaient coutumières durant l’Intifadha d’El Aqsa, lorsque de jeunes lanceurs de pierre risquaient leur vie pour accrocher le drapeau palestinien sur une tour de contrôle ou le mur de certaines positions militaires israéliennes. Des militants des droits de l’homme occidentaux, en majorité Italiens, des amis de Vittorio Arrigoni assassiné à Ghaza par un groupe salafiste le 15 avril dernier, ont participé à la manifestation près du terminal d’Erez.

La police du gouvernement Hamas a tenté vainement d’empêcher les jeunes Palestiniens de trop s’approcher de la frontière. En Cisjordanie, les manifestations populaires commémoratives de la Nakba dans les villes et villages ont ressemblé à celles de la bande de Ghaza avec leurs lots de blessés par des tirs de soldats israéliens. Des manifestants sont sortis de la ville sainte d’El Qods, surtout de la localité d’El Aissaouiya, du camp de réfugiés de Chaafate ainsi que du camp de réfugiés de Qalandiya, proche du barrage militaire israélien qui sépare El Qods du reste de la Cisjordanie occupée.

Vers une troisième Intifadha

Les manifestants se sont heurtés aux soldats israéliens au niveau du barrage militaire de Qalandiya. Aux jets de pierres des jeunes Palestiniens, les soldats israéliens ont répondu par des tirs de bombes lacrymogènes, des balles en caoutchouc et parfois des balles réelles. Des dizaines de jeunes touchés par balle ou asphyxiés par les gaz lacrymogènes ont été évacuées vers les hôpitaux.

Les soldats israéliens ont arrêté 6 jeunes dans la localité d’El Aissaouiya. Des manifestations similaires ont eu lieu aux entrées et sorties où généralement l’armée israélienne implante des barrages militaires. Dans d’autres villes comme Ramallah, El Khalil, Bethléem, Toulkarem et Naplouse ainsi que dans plusieurs autres villages et localités de Cisjordanie, des Palestiniens se sont révoltés hier.

Des blessés et des arrestations ont été signalés au niveau de tous les points de contact avec les soldats israéliens. Moustapha Al Barghouti, député palestinien et chef du Mouvement l’initiative (El Moubadara), ainsi que la députée Khalida Jarare du Front populaire de libération de la Palestine ont souffert d’asphyxie due à l’inhalation de gaz lacrymogènes.

Les réfugiés palestiniens, qui vivent péniblement en Syrie et au Liban, ont également entrepris des manifestations aux frontières libanaises, au Golan syrien et en Jordanie.

Ce fut pour eux l’occasion de rappeler leur attachement à la terre de leurs parents et ancêtres et de réclamer l’application de leur droit au retour dans leur patrie.

La Nakba s’est traduite, faut-il le rappeler, par l’exode de quelque 760 000 Palestiniens, point de départ de la question des réfugiés. Ils sont actuellement au nombre de 4,8 millions avec leurs descendants, répartis pour l’essentiel entre la Jordanie, la Syrie, le Liban et les territoires palestiniens.


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