Nous sommes allés voir à quoi ressemblent vraiment les tracts dans les archives du PCF à Bobigny
Perspective communiste
C’est la petite phrase que tout le monde retient après le passage de François Hollande au “Supplément” de Canal+: "Madame Le Pen parle comme un tract du Parti communiste des années 1970”
François Hollande a eu beau nuancer ses propos d’un “sauf que le Parti communiste, il ne demandait pas qu'on chasse les étrangers, qu'on fasse la chasse aux pauvres", sa comparaison a suffi à provoquer un tollé au sein du PCF. Le numéro 1, Pierre Laurent, a exigé des excuses publiques et toute l’extrême gauche a commenté cette sortie. Mais à quoi ça ressemble au juste “un tract du Parti communiste des années 1970”?
Sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être vu circuler des affiches de l’époque et quelques documents numérisés. Mais pour se rendre véritablement compte de la teneur des tracts de la période Georges Marchais, il fallait se rendre aux archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Le Parti communiste a déposé ses documents à Bobigny, commune qui a longtemps fait partie de la “banlieue rouge” de Paris. Ils sont soigneusement archivés non loin d’une rue Maurice Thorez. Au numéro 18 de l’avenue du Président Salvador Allende, marxiste au pouvoir dans les années 1970 justement...
Pierre Boichu, responsable du fond du PCF dans ces archives, nous a préparé les fameux documents. Six cartons et trois classeurs pleins pour une décennie de tracts communistes, plus d’un millier de feuilles volantes et de brochures, en couleur, en noir et blanc, et parfois même au format carte postale (pratique pour envoyer directement son bulletin d’adhésion).
Sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être vu circuler des affiches de l’époque et quelques documents numérisés. Mais pour se rendre véritablement compte de la teneur des tracts de la période Georges Marchais, il fallait se rendre aux archives départementales de la Seine-Saint-Denis. Le Parti communiste a déposé ses documents à Bobigny, commune qui a longtemps fait partie de la “banlieue rouge” de Paris. Ils sont soigneusement archivés non loin d’une rue Maurice Thorez. Au numéro 18 de l’avenue du Président Salvador Allende, marxiste au pouvoir dans les années 1970 justement...
Pierre Boichu, responsable du fond du PCF dans ces archives, nous a préparé les fameux documents. Six cartons et trois classeurs pleins pour une décennie de tracts communistes, plus d’un millier de feuilles volantes et de brochures, en couleur, en noir et blanc, et parfois même au format carte postale (pratique pour envoyer directement son bulletin d’adhésion).
En éparpillant nos tracts sur les tables en bois des archives, nous cherchons des points de comparaison avec le Front national et ce qu'a voulu dire François Hollande. Les tracts nous permettant de faire le rapprochement ne manquent pas, d'autres viennent au contraire invalider les propos du Président.
Un programme commun qui prône la nationalisation
Dès les premiers cartons, difficile de passer à côté des dépliants sur le programme commun. Au début des années 1970, les tracts du PCF sont sur la ligne du Parti socialiste, Georges Marchais milite en faveur de l’union de la gauche et sa stratégie aboutit au “programme commun”, signé le 27 juin 1972.
Le “Programme commun” du PS, du PCF et des radicaux de gauche, prône de grandes réformes en termes d'emploi, la décentralisation mais aussi la nationalisation de groupes industriels. Comme l’ont fait remarquer Les décodeurs, ce projet est alors souple quant à l'immigration.
Solidarité avec les travailleurs immigrés
Parmi nos montagnes de tracts, ceux qui parlent des “travailleurs immigrés” sont exclusivement des brochures défendant leurs droits, et appelant à la solidarité avec ces travailleurs qui après tout ont “les mêmes patrons”.
Nous mettons égakelebt la main sur de nombreux feuillets critiquant les médias de l’époque, leur manque d’indépendance et parfois même, l’absence de visibilité du Partic communiste. Sur ce point, on comprend la comparaison de François Hollande.
Que propose alors le PCF: de lire et de s’abonner au “journal de la vérité de l’espoir”, L’Humanité.
Le VGE bashing et le produire français
À partir de 1974 et de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing, les tracts au vitriol contre l’action du Président sont omniprésents dans nos cartons d'archives.
Le chômage et le gouvernement
Difficile de faire plus contemporain que les dizaines de tracts sur le chômage que l'on déniche dans nos classeurs. Le thème est récurrent dans un contexte national marqué par les débuts de la crise économique.
Un tract des années 1970 parle aussi beaucoup de pauvreté et de pouvoir d'achat. Les références au panier de la ménagère pour parler de la hausse des prix ne sont pas rares...
Le pari de la jeunesse
Dans les années 1970, le PCF se rajeunit. Il devient même le premier parti de France chez les jeunes après l'abaissement de l'âge de la majorité à 18 ans (en 1972). Et ça se ressent dans ses documents...
Un autre thème de ces tracts peut aller dans le sens de François Hollande et sa comparaison: l'Europe. Dans ce dépliant de 1979 George Marchais appelle ses électeurs à utiliser leur voix et à voter communiste aux européennes pour “élire des hommes et des femmes dont vous serez assurés qu’ils défendront bien votre emploi, votre niveau de vie, votre avenir, vos régions, votre droit de vivre, de travailler, décider au pays.” Voter communiste aux Européennes c'est "défendre l’indépendance nationale”, annonce le président du PCF.
"L'immigration nuit aux travailleurs" de Georges Marchais et les actions anti travailleurs immigrés en région parisienne, ça ne sera que plus tard, à partir de 1980.
Voyant notre déception, l'un des fonctionnaires des archives de la Seine-Saint-Denis s'approche à nouveau de notre table et glisse un inédit sous notre lampe. Le document date de 1991. Nous sommes loin de notre période de comparaison mais il insiste: "C'est sur l'immigration, à l'époque certaines antennes ont refusé de le distribuer". Pas si hors-sujet.