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On n'est pas 'maso' ! : 10 sonnerie pour un réveil

Nicolas Maury

Nicolas Sarkozy joue à l’homme fort : “ je vais vous faire du mal, mais c’est pour votre bien “, explique-t-il en substance. Travail, ordre mérite... En avant, marche ! La morale républicaine tiendra bientôt en trois mots : “ Travail, famille, patrie “. Les journalistes béats acquiescent : nous devons nous adapter, nous réformer, nous conformer ... Pour aller jusqu’où ?

On n'est pas 'maso' ! : 10 sonnerie pour un réveil
Si vous n’êtes pas patron d’une multinationale, si vous n’êtes pas actionnaire siégeant dans un conseil d’administration de grande entreprise, si vous n’êtes pas une grande fortune assise sur sa rente, alors vous aurez sans doute plaisir à lire ces quelques informations.

1- “ Le système social français n’est plus tenable financièrement “ (18 septembre 2007).

Le nombre de milliardaires a triplé en France entre 1989 et 2001. Les 500 plus grandes fortunes représentent désormais 15% du PIB, contre 6% il y a dix ans. Les 10 plus grandes fortunes accumulent au total 110 milliards d’euros (10% de l’équivalent du budget de l’Etat). S’ils étaient taxés au même taux que les salaires, leurs revenus permettraient de renflouer pour des années les caisses de retraite et d’assurance maladie. Plutôt que d’assurer les financement des besoins sociaux, Sarkozy préfère offrir de nouveaux cadeaux au patronat et aux plus favorisés, et aggraver encore les difficultés des caisses de solidarité puisque c’est là qu’il pioche : 14 milliards d’euros partis dans leurs poches par les réformes du mois de juillet. De quoi renflouer nettement le “ système social “...

2- “ Le système social français décourage le travail, il décourage d’embaucher (...) il décourage de travailler plus longtemps, il décourage de travailler au-delà de cinquante-cinq - soixante ans” (18 septembre 2007).


Le système social français définit des droits et se donne les moyens de les assumer. Depuis qu’il existe, le grand patronat n’a eu qu’une volonté : le retailler à sa mesure pour gagner plus d’argent. Tous les arguments sont bons. Mais le travail occupe beaucoup de place dans nos vies, beaucoup de place dans nos journées. Trop de salariés souffrent de leurs conditions de travail. C’est plutôt à cela qu’il faudrait s’attaquer, car les salariés français sont parmi les plus productifs au monde selon les dernières études des organismes internationaux. Alors ce qui était possible au sortir de la guerre ne l’est plus aujourd’hui ? Va comprendre, Charles...

3- “ Nous devons donner une place plus importante à la négociation d’entreprise et de branche dans la détermination de la durée collective du travail “.

Supprimer la loi pour renvoyer la définition des droits au niveau de l’entreprise, dans un tête à tête entre le salarié et le patron. Le patron sera évidemment, par nature, le plus souvent en position de force.

4- “ La priorité, c’est de traiter la question des régimes spéciaux de retraites. (...) Les différences de situations qui justifiaient tel ou tel avantage particulier créé avant la Seconde, voire la Première Guerre mondiale, ont largement disparu. C’est une question d’équité, on n’entreprendra pas une troisième réforme des retraites sans y inclure les régimes spéciaux. “


Les différences entre les régimes ont été créées par la droite qui a dépouillé le régime général. Elle explique maintenant qu’il faut s’attaquer aux régimes qu’elle avait laissés de côté. Une spirale de destruction est engagée. Oui à l’égalité de traitement, à condition qu’il y ait traitement, c’est-à-dire une vraie retraite. Une société qui fait travailler ses anciens jusqu’à l’invalidité est une société barbare.

5- “ Un pays où les ruptures de contrat de travail sont soumises à des procédures longues et incertaines est un pays qui encourage les délocalisations, qui crée peu d’emplois et peu de richesses. Le résultat de ce trop-plein de droit, ce n’est pas la protection, c’est le contournement du droit, l’explosion du travail précaire, c’est une économie atrophiée. “

Les droits sont des obstacles au tout-profit.Merci, on savait, et c’est pour cela qu’ils sont là : ils protègent l’humain. Poussons la logique sarkozienne : pour être compétitifs, il faut travailler jour et nuit, faire bosser les enfants, diviser les salaires par dix, supprimer les cotisations sociales... Là, enfin, nous pourrons espérer concurrencer la Chine ou le Maroc sur leurs terrains. Beau projet, non ? Les salariés ne sont pas responsables des retards de l’économie française, ils sont sa richesse. En revanche, les actionnaires qui font de mauvais choix, qui boursicottent, spéculent et profitent avec l’argent créé au lieu de le réinvestir dans les entreprises sont les irresponsables que l’on continue de protéger.

6- “ L’assurance maladie n’a pas vocation à tout prendre en charge, sans rien contrôler et sans rien réguler. C’est pourquoi j’ouvre un grand débat sur le financement de la santé. Qu’est-ce qui doit être financé par la solidarité nationale, qu’est-ce qui doit relever de la responsabilité individuelle à travers une couverture complémentaire ? “

Quand on est malade, c’est de sa faute ou de celle de ses parents... La santé coûte trop cher, explique-t-on, alors Sarkozy organise le chacun pour soi. Déjà, de nombreuses familles ne vont plus chez le médecin, ne parviennent pas à soigner leurs dents, à acheter des lunettes pour leurs enfants, à payer l’hospitalisation des anciens. Sarkozy ajoute des problèmes en annonçant que les hôpitaux publics seront “ intégralement financés à l’activité “ en 2008, c’est-à dire qu’ils devront se concentrer sur les activités les plus rentables...

7- “ Définir avant la fin de l’année des procédures et des sanctions, à la fois plus efficaces, plus fermes et plus justes pour un demandeur d’emploi qui refuse deux offres valables d’emploi ou une formation, je suis prêt à discuter de ce qui constitue une offre valable d’emploi et de ce que doit être la sanction. “

C’est ça, les chômeurs sont les coupables. C’est de leur faute s’ils vivent dans la misère et la difficulté. Il faut les châtier, remettre les fainéants au boulot. Tu es secrétaire, tu feras de la manutention à quinze sous de l’heure... Et pendant ce temps, Sarkozy propose de multiplier les heures supplémentaires, de retarder les départs à la retraite... Sûr que ça va inciter à embaucher !

8- “ Il faut, dans la fonction publique, une révolution culturelle “.

Premier acte : 23 000 suppressions de postes programmées dans le budget, et cela touche tous les secteurs, y compris l’éducation nationale (11000). S’il est une évidence que la fonction publique doit mieux répondre aux attentes, les recettes du manager Sarkozy sont à mille lieues de ces enjeux. Il veut juste réduire les voiles de l’Etat et sa capacité d’intervention. Cela fera moins d’impôts pour les plus favorisés et plus de place pour la finance privée.

9- Sarkozy vante le modèle américain.


Ce “modèle “ est une fabrique à exclusion qui est en train de craquer complètement. Il est en train de provoquer une paupérisation massive des classes moyennes américaines. Ses déséquilibres financiers sont colossaux. Mêmes recettes, même résultats...

10- Les sans-papiers se défenestrent, on expulse des jeunes filles de quatorze ans menottées, on sépare des familles, on veut leur faire passer des tests ADN qui rappellent les plus sombres heures de notre histoire.


Le ministre Hortefeux commande à ses préfets de faire du chiffre. Bravo la France, qui bafoue le droit d’asile et le devoir d’asile. Bravo la France, prompte à donner des leçons au monde entier et qui renvoie des hommes et des femmes aux vies brisées vers la misère et la mort.


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