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PCF en 1940 (1/3)

Perspective communiste

Le Parti communiste français en 1940. Première partie, le Front Populaire (1934-1939) et l’esprit anti-fasciste

A) L’héritage du Front populaire: "la lutte anti-fasciste" (1934-1938)

La montée du fascisme en Europe ne laisse pas indifférents les communistes. Le fascisme est considéré, par les communistes, comme une forme exacerbée de la dictature de la bourgeoisie. Avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933, l’Internationale Communiste, sous l'impulsion des communistes français, décide de lancer la dynamique des "fronts communs".

En France ceci se traduit par un rapprochement avec la SFIO en 1934, après la tentative de putsch des ligues factieuses en février. On veut une union pour la défense des libertés. Le rassemblement du 14 juillet 1935, rassemble des centaines de milliers de parisiens, des communistes, des syndicalistes, des socialistes, des radicaux ... Une volonté de lutter contre les fascistes apparaît : "Nous faisons le serment solennel de rester unis pour désarmer les ligues factieuses. Pour défendre et développer les libertés démocratiques et pour assurer la paix humaine". Un serment que les socialistes trahiront rapidement dès 1938.

Ainsi est né le Front populaire, une alliance autour des communistes, des socialistes, des radicaux, sur la base d'un programme social, démocratique et anti-fasciste. Les législatives de mai 1936 donneront la victoire au Front populaire, le PCF rassemblera plus de 15% des suffrages. S'en suivront les grandes grèves de 1936 et les accords de Matignon. La CGT réunifiée, sous l'impulsion du communiste Benoit Frachon, obtiendra les congés payés et bien d'autres choses.

Lorsque que le fasciste France tente de renverser la République espagnole, le Front Populaire se divise. Le gouvernement de Léon Blum ne soutient pas ses homologues espagnoles légalement élus, les principales puissances démocratiques répugnent a intervenir a la différence de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste. Le PCF s'oppose à ce qu'il dénonce comme "l'hypocrisie de la non intervention" et lance une campagne de soutient a l’Espagne et organise les brigades internationales (Le Colonel Fabien en sera un des héros).

B) Munich ou la fin de l'espoir

En 1937 Léon Blum décrète la "pause sociale" et suspend toutes les conquêtes obtenues par les luttes de 1936. Le PCF condamne cette attitude mais c'est peine perdue, de compromis en abondons, le gouvernement Blum va vers sa fin irrémédiable et est renversé en juin 1937. En 1938, le second gouvernement Blum tombe aussi. Le mouvement social laisse faire, les radicaux de Daladier quittent le Front populaire.

Le 29 septembre 1938 des accords sont signés à Munich entre Hitler-Mussolini-Chamberlain (Angleterre) et Daladier (France), on ne se battra pas pour la Tchécoslovaquie, Hitler à les mains libres en Europe pour permettre la libre expansion de son Reich.La paix est sauvée clame la presse française. Ce n'est pas l'avis du PCF qui refuse de voter ce traité a l'assemblée en octobre 1938 , il est presque seul.

On ne fait pas reculer Hitler en acceptant ses revendications dévorantes, on ne bat pas le fascisme en capitulant devant ses exigences. Cependant des hommes à courte vue soupirent un "lâche soulagement" comme déclare Léon Blum. Daladier, fort de sa renommée, commence la destruction des des acquis de 1936 avec les "décrets-loi" de 1938.

Le PCF, isolé face à la lâche capitulation de la SFIO et des radicaux à Munich appelle à "balayer l’esprit de Munich pour l’esprit de Valmy".

C) Le choc du pacte Germano-soviétique

Les espoirs français reposent sur une union entre la France, le Royaume Uni et l'URSS. Joseph Staline tente, en vain de relancer une alliance contre le fascisme, or le traité de Munich brouille les pistes. L'URSS souhaitait faire de la question tchèque un moment décisif du rapprochement avec la France contre l'Allemagne.

Français et Britanniques ont du mal à se dégager des vieux rêves de destruction de l’épouvantail bolchevique. Face a cela l'URSS met en garde contre la guerre "impérialiste" qui s'annonce en Europe. Face aux positions anti-soviétiques des européens, Staline choisi la sécurité.

Le coup de théâtre vient le 24 août 1939, on apprend que l'URSS et l'Allemagne ont signée un pacte de non agression. Pour l'URSS et face aux déclarations des occidentaux joue la prudence et décide de laisser face à face les puissances occidentales.Cette annonce désarçonne l'opinion française qui croyait en une alliance avec l'URSS.

Le refus des députés communistes de voter les accords de Munich déclanche une vague anti communiste qui exige la dissolution du PCF sous le pretexte d'avoir voté "contre la paix".Le pacte germano-sovietique renforce la desorientation du PCF qui est divisé entre soutient a l'URSS et l'union des français contre l'agresseur hitlerien.
Le PCF se retrouve isolé.


Commentaires (5)
1. Sébastien le 10/01/2006 01:50
Globalement ok, ce n'est pas la partie la plus intéressante puisque l'URSS affichait son opposition à Hitler, et que le PCF s'alignait déjà sur cette position officielle.

Ce qui va être intéressant (et troublant) par la suite, c'est que le PCF demeure strictement sur la ligne soviétique, et la suit dans toutes ses alliances de circonstance et ses compromissions avec l'Allemagne nazie.

Une fois encore, pour comprendre la position de l'URSS entre 1934 et 1945, dire qu'elle lutte contre le fascisme n'est pas une clé efficace, puisque ça ne marche pas entre 1939 et 1941.

Par contre, dire qu'elle suit la ligne soviétique, y compris lors du pacte avec Hitler, explique toutes les prises de position du PCF. L'alignement inconditionnel.

Alors, évidemment que ça a posé des problèmes de consicence à certains militants, qui ont pris les armes et le maquis. Mais si le PCF a été plus lucide que la société française au moment de Munich, il s'est ensuite compètement discrédité par son soutien implicte au pacte germano-soviétique (refuser la guerre, c'est soutenir INDIRECTEMENT Hitler).

Bien sincèrement,



Sébastien
2. guy queytan le 10/01/2006 17:31
Ces échanges ont le mérite de nous faire découvrir deux spécialistes d'histoire certes opposés dans leurs analyses mais trés "pointus" sur la question.
J'admire pour ma part la courtoisie de vos dialogues...
Je crois qu'il faut bien discerner l'action du PCF par rapport au communisme international.On pourrait trés facilement d'ailleurs dénoncer les dérives de la droite au niveau mondial!
Et si nous revenions a la politique intérieure et/ou locale???
Fraternellement
Guy
3. nicolas le 10/01/2006 21:37
Les brigades internationales françaises lancée par le PCF ont elles soutenue indirectement hitler non,elles etaient sur le front en 1940.Le PCF et sa ligne est claire:appel a lutter contre "l'enemis hitlerien",l'huma du 29 aout 1939 appelle a faire front contre hitler.
et cela en contradiction avec l'IC et G Dimitrov!
4. nicolas le 11/01/2006 16:18
un truc que j'ai oublié de rapporter
Le PCF a déja été en contradiction avec l'IC,en 1934 lors que Maurice Thorez relance l'idée des fronts uniques avec les" freres socialistes" l'IC le condamne imédiatement,G Dilitrov finalement se rallira a sa position quelques jours aprés cette action(par la même Staline!)
L'IC a condamné le PCI en 1922 face a sa position contre mussolini,en effet contre tout les ordres de Moscou le PCI c'est rapproché des socialistes italiens pour lutter contre les factieux,avec l'exile forcé du PCI en France le PCF a été condamné car il a collaboré avec ses freres italiens contre les factieux au lieu de condamné le PCI pour s'etre raproché des socialistes.EN France le PCF est pourtant sur la "ligne classe contre classe"!
en 1939-1940 c'est pareil,on refuse de se battre contre l'URSS mais on se battra contre l'allemagne(et l'IC ne condamne pas elle est completement dépassée et résignée a la guerre depuis 1938 et les accords de munich)
5. Jacques Leroux le 16/02/2007 22:32
ça veut dire quoi "le PCF en 1940" ?
Avait-il des permanences?
Y avait-il des clubs où l'on pouvait parler de sa politique et d'aller faire la fête ensuite ?
Pouvait-on aller dans la rue pour manifester contre la guerre?
Avaient-ils des blogs ?
Poser ces questions montre toute la connerie du débat.

En 1940 le PCF était interdit et sa presse aussi.
Ses députés étaient arrêtés ou en fuite.
Ses militants étaient mobilisés ou clandestins.
Mais c'est au PCF qu'on demande des comptes en 2007 !!! foutaise !
Question: qui a voté l'interdiction du PCF et de sa presse?
Mais alors quelle était la ligne politique du PCF en 1940 ? implosée !
Quelles expressions publiques? même réponse !
Si tu ne te pose pas laquestion du contexte tu ne pourra rien comprendre de la situation de l'époque.
Tout le reste c'est du pipeau, ou ne vise qu'à dédouanner ceux qui ont trahi réellement, c'est à dire les élites, le patronat et la grande finance, mais aussi les radicaux et les socialistes, dont une majorité a voté les pelins pouvoir à Pétain.
Mais à eux, personne ne demande des comptes.
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