Pour les militants PCF, rejoindre le gouvernement aurait été "une trahison"
Perspective communiste
A une écrasante majorité, les communistes ont décidé, mercredi 20 juin, de ne pas envoyer de ministres au gouvernement. Réunis à la Mutualité, à Paris, les représentants des militants ont voté à main levée : 494 ont approuvé le choix de la direction, 4 ont voté contre et 27 se sont abstenus
"Si la feuille de route de François Hollande n'est pas négociable, le Front de gauche n' a pas sa place au gouvernement", juge Jean-François Régnier, qui a fait le déplacement depuis la Savoie.
Les militants PCF ne sont pas tendres avec la politique du gouvernement. "Des mesurettes", "des pas timides", "des propositions faibles", "des miettes". "Le programme de François Hollande ? Ça consiste juste à mettre des pansements", tacle Danielle Raucoules, conseillère municipale à Pau (Pyrénées-Atlantiques).
"INACCEPTABLE"
Gros point noir : l'Europe et le traité Merkel-Sarkozy. "Même s'il veut négocier un volet sur la croissance, Hollande ne remet pas en question ce traité qui met sous tutelle les décisions politiques de chaque gouvernement, dénonce Gilles Garnier, conseiller général de Seine-Saint-Denis. C'est inacceptable ! Même en période de crise, il faut répartir les richesses autrement."
Autre sujet sensible : le pouvoir d'achat. "J'ose espérer que le 'coup de pouce' au smic ne sera pas que symbolique", ajoute M. Garnier. Ce dernier met aussi en garde les socialistes sur les dangers de la concentration des pouvoirs, eux qui ont la majorité absolue à l'Assemblée nationale. "En choisissant de gouverner seuls, ils risquent de connaître les mêmes affres que le Pasok en Grèce, qui l'a payé cher", estime-t-il.
"CAUTION DE GAUCHE"
Danièle Gioli, militante parisienne, n'imagine même pas que des communistes puissent rejoindre les socialistes : "Ça aurait été comme une trahison." "On aurait été une caution de gauche pour une politique qui tire à droite", juge également Marie Carmen Nazabal, venue d'Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). "Attention, on n'est pas ad vitam contre une participation au gouvernement, précise M.Garnier. On n'est pas le NPA."
Ils ne seront donc pas au gouvernement, et ils ont perdu près de la moitié de leurs députés après les législatives du 17 juin. Pourtant, ces militants communistes ne semblent pas abattus. Après leurs 11,1 % à la présidentielle, ils espéraient élargir leur assise parlementaire. Las. Ils n'auront que dix députés Front de gauche (9 PCF et apparentés et un Parti de gauche), contre 19 auparavant.
"Oui, bien sûr, c'est décevant, mais on progresse en nombre de voix et en pourcentage, se réjouit tout de même Jean-François Régnier. Ça montre bien l'ineptie du système parlementaire actuel." En 2007, avec un peu plus de 1,1 million de voix, les communistes avaient en effet réalisé un score de 4,29 %. Cinq ans plus tard, avec 6,91 %, ils atteignent près de 1,8 million des suffrages.
"LA FAUTE DES MÉDIAS"
Mais peu de militants estiment que des erreurs ont été commises dans la campagne, y compris la bataille médiatique d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). "C'est vrai que ça a cannibalisé le débat, mais on ne peut pas en faire le reproche à Mélenchon, c'est la faute des médias", tranche M. Régnier.
"Le scrutin uninominal, c'est la première chose à mettre au bout du fusil", juge Mme Raucoules. Tous plaident pour la proportionnelle. "J'ose espérer que dans les promesses tenues, il y aura la proportionnelle", glisse M. Garnier. Au risque de faire entrer encore plus de députés du FN à l'Assemblée ? "Il faut le combattre politiquement, estime Mme Nazabal. Finissons-en avec la misère sur laquelle il prospère, et on en finira avec le FN."
"OPPOSITION CONSTRUCTIVE"
Sa voisine, Mme Raucoules, met aussi en cause le vote utile : "Les gens ont été très sensibles à l'argument de donner une majorité à François Hollande. On va bien voir ce que ça va donner !" Entre soutien critique au gouvernement et opposition feutrée, reste à trouver le bon positionnement... et à l'expliquer. "Ce n'est pas simple mais on le savait", estime M. Garnier. "Nous faisons partie de la majorité, tient à préciser Jean-François Régnier. Mais nous serons une opposition constructive : on vote ce qui va dans le bon sens et contre le reste."
Budget compris ? "Surtout si c'est un budget d'austérité ou de récession", ajoute-t-il. "Pas question de voter des choses qui n'iraient pas dans le sens d'une amélioration de la vie des gens", estime également Jean-Louis Faure, venu de Corrèze.
Et pour Mme Gioli, "même si on a deux fois moins de députés, tout ne se jouera pas là". Cette ancienne syndicaliste le sent, "ça se passera aussi dans la rue". Un rendez-vous que le Front de gauche ne compte pas manquer. "S'il y a demain un mouvement social pour demander des mesures fortes sur le pouvoir d'achat, nous serons évidemment dans la rue aux côtés des gens", met en garde Cathy Apourceau-Poly, conseillère régionale du Nord - Pas-de-Calais.
Les militants PCF ne sont pas tendres avec la politique du gouvernement. "Des mesurettes", "des pas timides", "des propositions faibles", "des miettes". "Le programme de François Hollande ? Ça consiste juste à mettre des pansements", tacle Danielle Raucoules, conseillère municipale à Pau (Pyrénées-Atlantiques).
"INACCEPTABLE"
Gros point noir : l'Europe et le traité Merkel-Sarkozy. "Même s'il veut négocier un volet sur la croissance, Hollande ne remet pas en question ce traité qui met sous tutelle les décisions politiques de chaque gouvernement, dénonce Gilles Garnier, conseiller général de Seine-Saint-Denis. C'est inacceptable ! Même en période de crise, il faut répartir les richesses autrement."
Autre sujet sensible : le pouvoir d'achat. "J'ose espérer que le 'coup de pouce' au smic ne sera pas que symbolique", ajoute M. Garnier. Ce dernier met aussi en garde les socialistes sur les dangers de la concentration des pouvoirs, eux qui ont la majorité absolue à l'Assemblée nationale. "En choisissant de gouverner seuls, ils risquent de connaître les mêmes affres que le Pasok en Grèce, qui l'a payé cher", estime-t-il.
"CAUTION DE GAUCHE"
Danièle Gioli, militante parisienne, n'imagine même pas que des communistes puissent rejoindre les socialistes : "Ça aurait été comme une trahison." "On aurait été une caution de gauche pour une politique qui tire à droite", juge également Marie Carmen Nazabal, venue d'Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). "Attention, on n'est pas ad vitam contre une participation au gouvernement, précise M.Garnier. On n'est pas le NPA."
Ils ne seront donc pas au gouvernement, et ils ont perdu près de la moitié de leurs députés après les législatives du 17 juin. Pourtant, ces militants communistes ne semblent pas abattus. Après leurs 11,1 % à la présidentielle, ils espéraient élargir leur assise parlementaire. Las. Ils n'auront que dix députés Front de gauche (9 PCF et apparentés et un Parti de gauche), contre 19 auparavant.
"Oui, bien sûr, c'est décevant, mais on progresse en nombre de voix et en pourcentage, se réjouit tout de même Jean-François Régnier. Ça montre bien l'ineptie du système parlementaire actuel." En 2007, avec un peu plus de 1,1 million de voix, les communistes avaient en effet réalisé un score de 4,29 %. Cinq ans plus tard, avec 6,91 %, ils atteignent près de 1,8 million des suffrages.
"LA FAUTE DES MÉDIAS"
Mais peu de militants estiment que des erreurs ont été commises dans la campagne, y compris la bataille médiatique d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). "C'est vrai que ça a cannibalisé le débat, mais on ne peut pas en faire le reproche à Mélenchon, c'est la faute des médias", tranche M. Régnier.
"Le scrutin uninominal, c'est la première chose à mettre au bout du fusil", juge Mme Raucoules. Tous plaident pour la proportionnelle. "J'ose espérer que dans les promesses tenues, il y aura la proportionnelle", glisse M. Garnier. Au risque de faire entrer encore plus de députés du FN à l'Assemblée ? "Il faut le combattre politiquement, estime Mme Nazabal. Finissons-en avec la misère sur laquelle il prospère, et on en finira avec le FN."
"OPPOSITION CONSTRUCTIVE"
Sa voisine, Mme Raucoules, met aussi en cause le vote utile : "Les gens ont été très sensibles à l'argument de donner une majorité à François Hollande. On va bien voir ce que ça va donner !" Entre soutien critique au gouvernement et opposition feutrée, reste à trouver le bon positionnement... et à l'expliquer. "Ce n'est pas simple mais on le savait", estime M. Garnier. "Nous faisons partie de la majorité, tient à préciser Jean-François Régnier. Mais nous serons une opposition constructive : on vote ce qui va dans le bon sens et contre le reste."
Budget compris ? "Surtout si c'est un budget d'austérité ou de récession", ajoute-t-il. "Pas question de voter des choses qui n'iraient pas dans le sens d'une amélioration de la vie des gens", estime également Jean-Louis Faure, venu de Corrèze.
Et pour Mme Gioli, "même si on a deux fois moins de députés, tout ne se jouera pas là". Cette ancienne syndicaliste le sent, "ça se passera aussi dans la rue". Un rendez-vous que le Front de gauche ne compte pas manquer. "S'il y a demain un mouvement social pour demander des mesures fortes sur le pouvoir d'achat, nous serons évidemment dans la rue aux côtés des gens", met en garde Cathy Apourceau-Poly, conseillère régionale du Nord - Pas-de-Calais.
