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Pouvoir d’achat: Un député PCF a organisé un repas à 0,94 euro pour alimenter le débat

Nicolas Maury

Les députés communistes font découvrir la vie de millions de français à la presse et aux députés UMP

Pouvoir d’achat: Un député PCF a organisé un repas à 0,94 euro pour alimenter le débat
Panaché de crudités de saison provençale, quenelle strasbourgeoise et son suprême de pommes de terre en flocon, émulsion lactée dans écrin polymérisé. Le tout servi dans le luxueux hôtel de la questure à l'Assemblée nationale. Vous commencez à saliver, vous ne devriez pas car ce menu cache des carottes râpées, une saucisse avec de la purée sans lait et un yaourt sans sucre. Ce sont des députés communistes qui l'ont concocté hier, histoire de prendre au mot la publicité d'une grande enseigne de la distribution.

Les députés «communistes et républicains» ont organisé un drôle de déjeuner sous les lustres de l’hôtel de la questure, à l’Assemblée nationale. D’ordinaire, la table est, aux dires de ceux qui la fréquentent, plus que raffinée. Pour les invités d’hier, c’était un «super-repas hard discount» entrée-plat-dessert-ceinture.

L’ordonnateur de ces agapes ? Le député communiste Pierre Gosnat (Val-de-Marne). Son objectif, en cette période de grande inquiétude pour le pouvoir d’achat : montrer que la concurrence prônée par le gouvernement via la loi de modernisation de l’économie (LME) actuellement en débat fera peut-être baisser les prix (un article de la loi vise à faciliter l’implantation des grandes surfaces) mais ne favorisera en rien le consommateur.

En effet, celle-ci a écrit à des députés dans le cadre du projet de loi de modernisation de l'économie, en se vantant de lutter pour le pouvoir d'achat en délivrant un «repas complet» pour 0,94 euro par personne. Ce repas «hard discount» a donc été offert par les députés communistes hier midi à une trentaine de journalistes. Il pose plusieurs questions notamment sur le pouvoir d'achat, la malbouffe et le lobby des grandes enseignes de la distribution qui, sous couvert d'aider les plus démunis et de mobiliser la concurrence comme levier de croissance, cherche à obtenir une loi qui leur soit favorable.

Pierre Gosnat, député PCF à l'origine de cette opération, reconnaît que «ce repas se mange». D'ailleurs, il est convaincu que «des millions de gens n'ont pas d'autres choix compte tenu de leurs contraintes budgétaires». «On ferait mieux d'augmenter les minimas sociaux et les salaires», a-t-il conclu, alors que personne autour de lui n'avait vraiment osé toucher son assiette.

Sur les tables trônent des carafes d’eau. Les convives, députés, attachés parlementaires, journalistes, s’étranglent à moitié. Mais finissent leurs assiettes. «Non vraiment, c’est pas bon», maugrée Jean-Pierre Brard, député (apparenté PCF) de Seine-Saint-Denis. Et dire que sa femme lui reproche de mettre trop de beurre dans sa purée.


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