Perspective Com
Privatisation d'EDF

Nicolas Maury

ELECTRICITE PRIVATISEE:
la soif de profits

Privatisation d'EDF
La déréglementation du marché de l’électricité était présentée par la droite comme un formidable progrès pour les entreprises françaises qui mettraient en concurrence les fournisseurs et une promesse pour les usagers particuliers. Les chiffres sont tombés : 48% d’augmentation en un an!

C’est la plus forte hausse en Europe et la France se classe parmi les cinq pays les plus chers du continent. La libéralisation a d’ailleurs conduit dans tous les pays à des hausses à deux chiffres. Ce n’est plus un sondage, c’est une démonstra­tion à l’échelle d’un continent. Sur le même podium que la France, la Grande Bretagne de Tony Blair : après 24% de hausse en 2004, elle enregistre 41,4% l’an passé.

On mesure ce qu’il en coûte en compé­titivité pour les entreprises françaises. Une fois encore, le Medef se tournera vers les salariés pour leur présenter la facture des mirobolants profits des géants de l’énergie. Ces derniers ne font pas profil bas. Ils veulent même balayer les garanties dont bénéficient les usagers, les tarifs régulés, avant la déréglementa­tion en 2007. En effet, les prix payés par les usagers ordinaires restent inférieurs de 66% aux prix du marché. Insuppor­table. Le droit à l’électricité – aussi limité soit-il encore aujourd’hui – doit être banni comme un insupportable pri­vilège de la population française. “ Une telle différence ferme la porte à l’essor de la concurrence ”, proclame ainsi le quotidien économique La Tribune.

La concurrence et la mise en cause de services publics ne visent nullement à la réduction des prix et à l’amélioration du service pour les clients. Elles ambition­nent de livrer des pans entiers de la vie collective à la domination des multina­tionales et à leurs insatiables appétits de profits. Le secteur des télécommunica­tions l’atteste en France, où les surtarifi­cations et les ententes entre sociétés ont été payées au prix fort par les usagers. La Grande-Bretagne, modèle de certains responsables politiques français, com­plète la démonstration et en fait une règle. Laissons de côté les exemples trop désastreux des transports et de la santé britannique. Prenons les retraites, livrées aux fonds de pension et à la bonne volonté de financement par les entrepri­ses. Cette dernière s’est vite épuisée et les revenus des retraités anglais ont chuté de près de 50%.

Si l’intérêt général était la motivation, il y a quelques années, de ce fameux som­met des chefs d’État à Barcelone, qui levait les barrières des réglementations du marché de l’énergie, l’échec est patent. Et la privatisation de GDF – Bercy vient de finaliser son projet de loi – en serait un exemple supplémentaire.
Le peuple français a censuré cette Europe-là, il y a un an. Mais une Europe alternative reste à construire. C’est tout l’enjeu des débats qui parcourt la gau­che antilibérale française. Il faut à la fois changer le scénario et la distribution de la vie politique pour ne pas résumer les échéances de 2007 à la confrontation d’un libéral néoconservateur et d’un social-libéral qui amplifierait toutes les désespérances


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