Privatisation d'EDF
Nicolas Maury
ELECTRICITE PRIVATISEE:
la soif de profits
C’est la plus forte hausse en Europe et la France se classe parmi les cinq pays les plus chers du continent. La libéralisation a d’ailleurs conduit dans tous les pays à des hausses à deux chiffres. Ce n’est plus un sondage, c’est une démonstration à l’échelle d’un continent. Sur le même podium que la France, la Grande Bretagne de Tony Blair : après 24% de hausse en 2004, elle enregistre 41,4% l’an passé.
On mesure ce qu’il en coûte en compétitivité pour les entreprises françaises. Une fois encore, le Medef se tournera vers les salariés pour leur présenter la facture des mirobolants profits des géants de l’énergie. Ces derniers ne font pas profil bas. Ils veulent même balayer les garanties dont bénéficient les usagers, les tarifs régulés, avant la déréglementation en 2007. En effet, les prix payés par les usagers ordinaires restent inférieurs de 66% aux prix du marché. Insupportable. Le droit à l’électricité – aussi limité soit-il encore aujourd’hui – doit être banni comme un insupportable privilège de la population française. “ Une telle différence ferme la porte à l’essor de la concurrence ”, proclame ainsi le quotidien économique La Tribune.
La concurrence et la mise en cause de services publics ne visent nullement à la réduction des prix et à l’amélioration du service pour les clients. Elles ambitionnent de livrer des pans entiers de la vie collective à la domination des multinationales et à leurs insatiables appétits de profits. Le secteur des télécommunications l’atteste en France, où les surtarifications et les ententes entre sociétés ont été payées au prix fort par les usagers. La Grande-Bretagne, modèle de certains responsables politiques français, complète la démonstration et en fait une règle. Laissons de côté les exemples trop désastreux des transports et de la santé britannique. Prenons les retraites, livrées aux fonds de pension et à la bonne volonté de financement par les entreprises. Cette dernière s’est vite épuisée et les revenus des retraités anglais ont chuté de près de 50%.
Si l’intérêt général était la motivation, il y a quelques années, de ce fameux sommet des chefs d’État à Barcelone, qui levait les barrières des réglementations du marché de l’énergie, l’échec est patent. Et la privatisation de GDF – Bercy vient de finaliser son projet de loi – en serait un exemple supplémentaire.
Le peuple français a censuré cette Europe-là, il y a un an. Mais une Europe alternative reste à construire. C’est tout l’enjeu des débats qui parcourt la gauche antilibérale française. Il faut à la fois changer le scénario et la distribution de la vie politique pour ne pas résumer les échéances de 2007 à la confrontation d’un libéral néoconservateur et d’un social-libéral qui amplifierait toutes les désespérances