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Procès d'un sympathisant d'extrême droite pour des violences sur un jeune communiste

Perspective communiste

Le procès d'un jeune sympathisant d'extrême-droite, auteur de violences sur le responsable des Jeunes communistes du Cher, s'est tenu ce mercredi après-midi au tribunal correctionnel de Bourges. Le contexte est particulier : un entre-deux tours de la présidentielle avec le Front national en finale

"Frappé pour des idées", déclare distinctement Me Ludivine Lamoure, en écho à la chanson de Brassens, Mourir pour des idées. C'est sous haute surveillance policière que s'est tenue, en ce mercredi après-midi, une audience à forte teneur politique, surtout pendant cet entre-deux tours de l'élection présidentielle.

Un comité de soutien à la victime

À la barre du tribunal correctionnel de Bourges s'avance un sympathisant d'extrême-droite prévenu d'avoir commis des violences sur le responsable des Jeunes communistes du Cher, 20 ans, Abderranhman Aqlibous.

Debout, face à la présidente, le garçon de 22 ans, une longue barbe qui chatouille une veste sur un jean délavé, doit sentir dans son dos les nombreuses paires d'yeux de celles et ceux venus soutenir la victime de cette agression. Les bancs du fond sont remplis de figures connues du Parti communiste du Cher, venues former un comité de soutien à la victime.

Procès d'un sympathisant d'extrême droite pour des violences sur un jeune communiste
Le 5 novembre, après une contre-manifestation pro-migrants, à Bourges, le responsable des Jeunes communistes du Cher range son drapeau dans son sac et rentre chez lui avec des amis. Le mât dépasse du sac. Dans la rue, près de la place Séraucourt, un groupe de sympathisants d'extrême-droite sort d'un bistrot et commence à insulter le garçon.

"J'ai pas réfléchi et j'ai suivi. Je regrette ce que j'ai fait."

Les invectives se muent en affrontement physique. Ils sont cinq mais le prévenu, à la barre, n'a jamais divulgué l'identité de ses "collègues". Le jeune homme barbu reconnaît les insultes mais pas les coups. Sa déposition en garde à vue dit le contraire. "J'ai suivi mes collègues, j'ai été entraîné et j'ai dérapé, dit-il. J'ai pas réfléchi et j'ai suivi. Je regrette ce que j'ai fait." Mais la victime porte des traces de coups au visage, au crâne, au thorax et aux côtes. "Les gestes de mon ami ont été violents, oui", ajoute le prévenu.

Interrogé sur ses sympathies pour l'extrême droite, le prévenu a confié du bout des lèvres : “Je partageais un peu ces idées-là”. "C'est abject de s'en prendre à quelqu'un de cette façon-là", insiste Me Lamoure. "On peut s'affronter par les idées et les paroles et non par la violence."

Le parquet est très clair : "Dans une démocratie, la liberté de pouvoir manifester ses opinions en débattant doit être défendue, mais lorsque l'on n'est pas d'accord, on ne peut pas utiliser les coups". La substitut du procureur requiert six mois de prison avec sursis. Des réquisitions beaucoup trop lourdes, pour Me Vincent Billecoq, avocat du barreau de Nevers. "Ce jour-là, ils se sont partagés un seul cerveau au lieu de cumuler les neurones, il a suivi la meute".

L'affaire en délibéré

L'avocat demande au tribunal de "faire fi des pressions politiques", en l'occurence, le comité d'accueil à l'entrée du tribunal, "venu conspuer l'un et soutenir l'autre." Et de faire fi du contexte. L'avocat est persuadé qu'en d'autres temps, pas celui d'une élection présidentielle avec le Front national sous-entend-t-il, les réquisitions auraient été différentes.

Pour la peine, il faudra attendre. Sans doute par prudence, la magistrate a placé cette affaire en délibéré au 7 juin.

Le Berry Républicain


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