Perspective Com
Quand l’UIMM étranglait la presse communiste

Nicolas Maury

En 1976, la fédération patronale de la métallurgie fait passer la consigne à tous ses adhérents : pas une pub dans l’Huma

Dans une missive de quatre pages, envoyée à toutes ses représentations territoriales, révélée en juin 1976 dans les colonnes de l’hebdomadaire socialiste l’Unité, l’UIMM fait passer une consigne claire : les patrons ne doivent en aucun cas alimenter les budgets publicitaires de la presse communiste. « La publicité dans la presse communiste occupe une place importante dans les recettes globales de ces journaux, se lamentent les dirigeants patronaux de la métallurgie, et contribue de façon fondamentale à l’équilibre financier interne du Parti communiste. En effet, on ne saurait dissocier la presse communiste du parti lui-même : toute publicité faite dans les colonnes de ses journaux équivaut, pour celui qui s’y prête, à une subvention faite au PC lui-même. »

Dans « presse communiste », l’UIMM englobe l’Humanité, mais aussi toutes les publications de la CGT, et prend soin d’« ajouter la presse locale et les bulletins municipaux qui sont à surveiller de très près ». Dans l’Argent secret, le financement des partis politiques, un livre publié en 1976, André Campana, ex-journaliste du Figaro, cite, lui, un courrier, plus délirant encore, du CNPF adressé à des centaines de PDG et de directeurs commerciaux : « Quand on sait que les ressources publicitaires de la presse communiste correspondent à 80 % du budget officiel du PC et à environ un tiers de son budget réel, on comprend qu’une diminution même modeste de ces ressources publicitaires entraînerait de plus graves conséquences pour la poursuite de certains de ces organes et en même temps sur l’équilibre financier global du Parti communiste. »


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