Quartiers Populaires
Nicolas Maury
SARKOZY, ROYAL ET LA BANLIEUE:
escalade sécuritaire et politicienne!
Les mêmes lieux, aussi : Montfermeil, Clichy-sous-Bois, la cité des Bosquets, dans ce coin de Seine-Saint-Denis où, il y a sept mois, deux adolescents, Moussa et Medhi, périssaient électrocutés dans un transformateur. Le troisième, Muhettin, le seul qui survécut à ses blessures, vient précisément d’être interpellé en bas de chez lui et placé en garde à vue lors de la nouvelle flambée de colère qui vient d’éclater. Une arrestation pour “ jet de pierres ”, nié par le jeune homme, intervenant – étonnante coïncidence – la veille d’un examen, qui était prévu pour mercredi en présence d’un juge d’instruction, des lieux du drame qui coûta la vie à ses deux camarades, et qui fut le point de départ des émeutes de l’automne…
L’enchaînement des faits ne manque pas non plus d’interroger: une interpellation musclée d’une mère de famille lors d’une perquisition policière aux Bosquets. On chercherait en haut lieu à raviver les braises encore chaudes de novembre que l’on s’y prendrait pas autrement. L’avocat de Muhettin a dénoncé à juste titre cette “ stratégie de la tension ”.
“ Préméditation ”, a tranché Nicolas Sarkozy au lendemain des heurts qui ont opposé des jeunes aux policiers. Toute la question est de savoir qui a prémédité quoi. Un élément de réponse vient de la police elle-même dont le syndicat UNSA dénonce l’attitude du maire UMP de Montfermeil, qui s’était tristement illustré, dans un excès de zèle très sarkozyste, par un arrêté municipal interdisant aux mineurs de circuler à plus de trois dans le centre-ville et aux jeunes de moins de seize ans de sortir non accompagnés après 20 heures… L’état d’urgence et le couvre feu pour les jeunes! “ Il récolte les fruits des décisions intempestives qu’il a prises ”, jugent les syndicalistes policiers. Décisions qui entraînent dans la foulée une politique de tensions anti-jeunes, de stigmatisation accrue des habitants du quartier des Bosquets.
Dès lors, la moindre étincelle peut provoquer un embrasement. L’irresponsabilité est au pouvoir. Certes, le gouvernement n’a pas été avare de promesses face à ce que “ la crise des banlieues ” a révélé en matière d’abandon, de frustrations, d’exclusion… On ne retiendra de la réponse concrète de de Villepin que l’instauration de l’état d’urgence et la tentative d’imposer le CPE, histoire d’en rajouter dans la discrimination anti-jeunes.
Sarkozy, tout occupé qu’il est par sa stratégie de conquête du pouvoir en 2007, cherche à nouveau à déplacer le débat politique du terrain social vers les méandres du sécuritaire, des peurs attisées et des réflexes du chacun pour soi.
On observera qu’au même moment, Ségoléne Royal (PS)n’a rien eu de plus pressé de surenchérir sur ce terrain du tout-sécuritaire, en prônant “ la mise sous tutelle des allocations familiales ”, la culpabilisation des parents, des “ internats pour les perturbateurs ” et “ un encadrement militaire ” pour les délinquants…
Exit le chômage, la précarité, la désertion des services publics, les discriminations… Spectacle navrant de voir ces politiciens s’engager dans une escalade anti-jeunes. C’est sûr que pour eux, c’est plus facile que de convaincre les Français des bienfaits du libéralisme.
Déclarations sécuritaires de Ségoléne Royale