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Quatre députés communistes au pays qui interdit les communistes

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Alors que nos flèches européennes donnent des leçons de démocratie au Vénézuéla, le parti communiste est interdit en Lettonie, ceci dit 4 communistes ont été élue grâce au Parti Socialiste Lettonien (LSP-vitrine légale du PC)

Quatre députés communistes au pays qui interdit les communistes
La Lettonie est pratiquement le seul pays européen où les ministres ont en personne inauguré un monument en l’honneur d’une division blindée SS. Depuis la chute de l’Union soviétique en 1991, le Parti communiste y est interdit. Mais sous le nom de Parti socialiste de Lettonie, les communistes sont bel et bien présents avec quatre représentants au Parlement. Aleksandrs Golubovs est médecin ORL et donne toujours des consultations un jour par semaine. Il en est déjà à son quatrième mandat parlementaire. Il se souvient encore très bien de la première fois, c’était en 1995.

Aleksandrs Golubovs: C’était une époque difficile. Le Parti communiste était interdit. Notre président, Alfreds Rubiks, avait été arrêté. Il a attendu quatre ans avant d’être jugé et a été libéré au bout de six ans. C’est depuis la prison qu’il a fondé en 1994, avec quelques partisans, le Parti socialiste de Lettonie. L’année suivante, je figurais sur la liste et j’ai été élu immédiatement.

Lors des élections nationales vous avez remporté 80 000 votes de préférence! Comment expliquez-vous ce résultat record?

Aleksandrs Golubovs: C’est surtout grâce aux rencontres avec les gens. Nous les annonçons à l’avance par tracts. Nous organisons de véritables assemblées populaires, soigneusement préparées avec nos cellules de base chargées de trouver la salle, les fonds et de rédiger les invitations. Parfois nous sommes 25, parfois 100. Nous demandons aux gens ce qu’ils voudraient changer. Il y a un micro et chacun peut s’exprimer. Les problèmes sont mis en relief : un homme voudrait restaurer sa maison, un chômeur ne sait pas quoi faire pour trouver un emploi, un jeune songe à émigrer… Les autres partis ne proposent pas ce genre d’assemblées, ils paient cher pour passer à l’antenne et faire distribuer de luxueux dépliants dans les gares.

Quels sont les thèmes pour lesquels vous êtes connu?

Aleksandrs Golubovs: La lutte pour le droit au logement. En 1940, lorsque la Lettonie faisait toujours partie de l’Union soviétique, les blocs à appartements et immeubles ont été nationalisés. Les prix étaient donc très bas. En 1991, toutes ces habitations ont été restituées aux anciens propriétaires au grand dam des locataires, d’autant plus que la loi autorise depuis le 1er janvier 2007 une augmentation illimitée des loyers. Avant, on avait un loyer maximum par mètre carré. Des milliers de familles risquent de se retrouver à la rue. Les personnes âgées, les invalides et les familles nombreuses ne savent plus payer. Ces personnes doivent être indemnisées pour pouvoir acheter ou louer un autre logement. Il faut mettre un terme à l’augmentation des loyers, nous exigeons en outre la construction de nouveaux logements sociaux.

En dehors des campagnes électorales, gardez-vous des contacts avec vos électeurs?

Aleksandrs Golubovs: Bien sûr. Tous les vendredis, je rends visite aux habitants de mon district, comme un médecin qui rend visite à domicile. En septembre, on m’a remis une plainte contre une entreprise de tracteurs et matériel de construction responsable de nuisances sonores dans un quartier résidentiel. Pour les autres partis la propriété privée des hommes d’affaires est sacrée, ils refusent donc d’intervenir. J’ai alors adressé une lettre au propriétaire en ma qualité de parlementaire. Deux semaines plus tard, comme le vacarme n’avait pas cessé, j’ai appelé le propriétaire en personne. Ce dernier a eu une peur bleue lorsque je l’ai menacé de lui envoyer l’inspection et qu’il devrait payer une grosse amende ! Les nuisances ont immédiatement cessé.



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