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Réaction après le premier tour

Nicolas Maury

Les communistes ont la parole: réaction de Jean Louis Brunel, ancien secrétaire de la section du Pays d'Aix du PCF et militant CGT sur le rectorat

Réaction après le premier tour
Je crois sincèrement que nous devons aujourd’hui nous interroger sur les raisons profondes de nos échecs et arrêter de nous bercer d’illusions.

Avant de poursuivre, il me semble bon de prendre quelques précautions oratoires. Je n’ai nullement la volonté de choquer ou de heurter mes camarades, encore moins celle de faire de la provocation. Il me parait nécessaire aujourd’hui de prendre le temps de réfléchir, d’analyser et de comprendre.

Il me semble inutile pour cela de nous lamenter, de crier à l’incompréhension où de chercher des fautifs qu’ils soient à l’intérieur du parti ou qu’il s’agisse de nos adversaires de classes.

Les raisons de nos échecs sont à aller chercher dans notre incapacité à avoir un discours qui suscite l’adhésion de groupes sociaux. Deux questions nous sont ici posées : à qui prétendons-nous nous adresser et quel discours politique leur adressons nous ? Plus prosaïquement, par rapport à qui et par rapport quoi agissons nous ?

Il fut une époque pas si lointaine où le parti communiste reposait sur une base sociale identifiée, la classe ouvrière, une idéologie, le marxisme, une stratégie politique qui même si elle a évolué d’une stratégie protestataire vers une stratégie de participation au pouvoir était une stratégie politique qui visait à la défense des intérêts de la classe ouvrière quoi que puisse en dire les trotskystes.

Aujourd’hui le parti ne dispose plus ni d’une base sociale identifiée, ni d’une idéologie. Quant à sa stratégie, le rassemblement anti-libéral et la co-élaboration avec les gens, le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’est pas comprise des gens eux mêmes. Nous avons collectivement commis, à mon humble avis, plusieurs erreurs.

La plus importante est d’avoir négligé notre base sociale originelle pour tenter de séduire les classes moyennes. L’irruption des questions sociétales qui intéressent surtout les secteurs petits bourgeois et bien pensants de notre société la meilleure illustration. Féministe convaincu, j’affirme pourtant que la question de l’égalité homme-femme, par exemple, n’est pas une question essentielle dans les classes populaires. Les questions qui se posent dans les quartiers populaires tournent autour des questions de l’emploi, de la sécurité, de l’immigration et du logement. Pour n’avoir pas apporté des réponses à ces questionnements, nombre de nos électeurs ou électeurs potentiels se sont tournés vers d’autres. Nos tentatives de séduction des classes moyennes se sont soldées par des échecs tout aussi cuisants parce que nous avons sous estimé leur méfiance à notre égard.

Notre discours ne s’adresse plus à la classe ouvrière et les classes moyennes ne sont pas très disposées à notre égard. Aujourd’hui si je suis ouvrier, employé ou petit fonctionnaire quel peut être mon intérêt de votre pour le PCF ? Si je suis un bobo, il y d’autres offres politiques vers lesquelles vers lesquelles mes inclinaisons vont plus facilement.

En bref, notre discours est inaudible.

Une des erreurs tout aussi importante est d’avoir abandonné progressivement nos références au marxisme et par là nos analyses en terme de classes. Les discours lénifiants et bobo-gauchistes sur la lutte contre "toutes les discriminations", le "vivre ensemble", la défense des "sans ceci" ou des "sans cela " ne sont que le cache-misère de l’absence cruelle de repères idéologiques.

La question qui est posée aujourd’hui est la reconstruction d’un parti communiste : elle présuppose avant que nous répondions aux questions suivantes : pour qui et pour quoi entendons nous reconstruire un parti communiste et sur quelles bases idéologiques ?

La tâche est rude, elle prendra des années mais cessons de nous leurrer, nous sommes arrivés au bout, à la fin d’un cycle ou d’une histoire. Nous devons regarder avec lucidité cette réalité pour reconstruire et préserver ce que nous pouvons et devons préserver : l’idéologie.

Pour finir, même si je me considère comme un opposant à l’actuelle direction du parti, je salue le courage de Mme Buffet et je la respecte profondément. En faire la seule responsable de nos erreurs collectives qui se sont certes accélérées depuis le 28ème congrès, n’est pas seulement injuste, c’est surtout contre productif et inefficace dans la compréhension de la situation actuelle et donc dans la reconstruction du parti.

Fraternellement


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