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Redonner un avenir au PCF dès maintenant

Perspective communiste

Interpellation de Maxime Cochard (PCF Paris) sur l'avenir du Parti communiste français à la veille de son Conseil national

En ce surlendemain de deuxième tour, constatons une nouvelle fois combien l’attitude de Jean-Luc Mélenchon et de la France Insoumise a été préjudiciable à notre camp.

Le brouillage du candidat FI sur l’appel à battre Marine Le Pen puis son refus de tout accord avec le PCF et EELV nous ont coûté l’élection de dizaines de députés qui auraient pu résister à la vague Macron, ouvrant un boulevard à nos adversaires.

Alors que Jean-Luc Mélenchon ambitionnait de diriger le pays fort de son score impressionnant au premier tour, la France insoumise a connu une hémorragie aux législatives : 64 % de déperdition de votes. Au second tour, sur plus de 70 candidats FI qualifiés, seuls 14 ont été élus. Voilà le prix d'une stratégie politicienne diviseuse.

En outre, les difficultés posées par le positionnement de fond du candidat et de son entourage sont réelles -- la synthèse de Vincent Présumey, « Quelques réflexions sur la France Insoumise », en dresse un relevé saisissant (https://blogs.mediapart.fr/…/quelques-reflexions-sur-la-fra…).

Mais la responsabilité indéniable de Jean-Luc Mélenchon dans l’échec de la gauche face à la blitzkrieg macronienne ne doit pas nous conduire à sous-estimer la nôtre dans nos très mauvais résultats.

Le fait que le PCF regagne des députés pour la première fois depuis 1997 ne peut pas nous illusionner. Nos scores aux élections législatives (2,7%) sont particulièrement préoccupants. Ils soulignent l’échec de notre stratégie. Ils posent la question de l’utilité de notre parti pour la population comme pour les militants qui donnent tant d’énergie pour permettre à chacun de s’y organiser.

Le secrétaire national a promis d’importants changements pour répondre à ces problèmes. Hélas, ces proclamations ont déjà été faites à de nombreuses reprises dans le passé et n’ont guère été suivies d’effet. Tout montre que malgré la réduction à peau de chagrin de l’appareil du parti, un phénomène d’inertie bloque toute initiative et tout changement.

Or, sans remise en question radicale de notre approche des élections présidentielles, de notre absence de stratégie de conquête et de notre façon de communiquer, nous courrons à la disparition pure et simple du PCF.

C’est d’autant plus urgent qu’il est désormais clair que Jean-Luc Mélenchon et la France Insoumise préparent déjà l’échéance de 2022, qui sera considérée par le candidat malheureux comme celle devant le conduire enfin à la victoire finale... Cette démarche personnelle porte en germe le risque de notre éviction définitive de la scène politique nationale.

Il est impératif non seulement d’ouvrir le débat, mais surtout de prendre enfin des décisions pour redonner à notre parti un avenir, avec d’autres objectifs que le maintien de nos positions électives locales.

À la suite de discussions avec d’avec d’autres camarades, je verse à notre débat collectif quelques pistes de chantiers à ouvrir immédiatement :

1) Doter le PCF d’une direction opérationnelle en vue de 2022


• Remplacer le CEN (l’organe de direction) pléthorique par une direction opérationnelle resserrée autour d’une quinzaine de membres dotés d’une feuille de route claire et chargés de prendre les décisions qui s’imposent ;
• Recentrer le rôle du secrétaire national afin que sa mission soit principalement l’animation de la vie du parti ;
• Lancer dès maintenant un collectif de préparation de l’élection présidentielle 2022 chargé d’élaborer une stratégie politique, un programme, et de repérer puis de préparer un ou une candidate pour porter notre voix en vue de cette échéance structurant l’ensemble de la vie politique ;
• Définir une stratégie de conquête à moyen et long terme au-delà du calendrier électoral, dessinant des perspectives réelles pour le parti (reconstitution du maillage territorial affaibli, investissement sur des territoires électoraux, réinvestissements des orgas de masse…)

2) Révolutionner la communication du PCF


• Nommer plusieurs porte-paroles ayant fait la démonstration de leur efficacité médiatique ;
• Remplacer les campagnes thématiques épisodiques par le travail de long terme sur trois grands identifiants martelés ;
• Réélaborer nos identifiants autour de sujets « vie quotidienne » immédiatement concernants pour les salariés précaires ;
• Engager un travail approfondi de réadaptation de notre vocabulaire, afin de systématiser un lexique simple et concret compréhensible par 100% des gens ;
• Redéfinir les modes d’expression du PCF en substituant aux formats exhaustifs, abstraits et collectifs des formats courts, concrets et incarnés ;
• Investir enfin sérieusement internet et les réseaux sociaux

3) Rendre plus efficace l’organisation interne du PCF

• Réorienter notre approche de la formation et de la politique des cadres vers les tâches opérationnelles (pilotage de section, travail d’implantation et d’orga, campagnes électorales) ;
• Réformer les commissions thématiques en les dotant d’une plus grande autonomie et de porte-paroles dédiés pour renforcer leur pouvoir d’interpellation ;
• Créer un comité d’intellectuels et de salariés chargé de travailler une approche résolument contemporaine, accessible et concrète du communisme du PCF ;
• Réorienter la vie des sections vers les activités solidaires et concrètes d’implantation et de contact avec les habitants


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