Perspective Com
Restauration

Nicolas Maury

l'UMP et le gouvernement au secours des malheureux patrons.

Restauration
L'UMP vient de déposer en urgence à l'Assemblée un amendement qui n'a aucun rapport avec la loi en discussion, qui porte sur le budget de la Sécurité sociale. C'est que, mercredi 18 octobre, le Conseil d'État a annulé l'accord passé fin 2004 entre le patronat de la branche hôtels-cafés-restaurants et quelques syndicats minoritaires, CFTC, FO et CFE-CGC, qui exonérait ces patrons d'appliquer la loi sur les 35 heures. Il fallait donc voler à leur secours.

L'accord en question permettait de faire travailler les 800000 salariés de ce secteur 39 heures au lieu de 35, sans leur payer les majorations pour les heures supplémentaires effectuées. En échange, les salariés s'étaient vu "octroyer" six jours de congés, qui pouvaient bien sûr être imposés par les patrons dans les périodes creuses.

Pour faire son tour de passe-passe, le patronat de cette branche avait décrété qu'entre 35 et 39 heures, même si le salarié était sur son lieu de travail, il ne s'agissait plus d'heures de travail mais "d'heures d'équivalence", et qu'il n'y avait donc plus d'obligation pour lui de les payer en heures supplémentaires. C'est cela que le Conseil d'État a refusé. Du coup, les patrons du secteur devraient payer à leurs salariés toutes les heures supplémentaires non payées depuis le 1er janvier 2005, ce qui serait vraiment la moindre des choses.

D'autant que les patrons du secteur ont reçu du gouvernement pendant la même période 1,5 milliard d'euros d'aides, sans aucune contrepartie.

Cela n'a pas empêché le porte-parole de la profession de crier comme un écorché vif. Cet ancien patron d'un hôtel-restaurant de luxe est à la tête d'un syndicat professionnel ne regroupant que 7 % de la profession et représentant les plus riches. C'est pour répondre aux cris de ce type de malheureux que l'UMP et le gouvernement ont proposé avec précipitation une modification de la loi, qui piétine allégrement les principes de base du code du travail. Mais s'il est modifié... ce sera la loi!

Décidément, ceux qui méritent le nom de larbins ne servent pas dans les cafés-hôtels-restaurants. Ils siègent au gouvernement et au Parlement.

Un patronat qui pille les salariés et les caisses de l'État.

La branche des cafés-hôtels-restaurants est un secteur particulièrement florissant puisqu'il génère, comme le revendique la présidente du Medef, Laurence Parisot, 6,5 % du produit intérieur brut du pays. Ce patronat parle haut et fort en dénonçant le "poids insupportable des salaires et des impôts". C'est pourtant un de ceux qui pratiquent les plus bas salaires et reçoivent le plus de subventions de la part de cet État dont il ne cesse de se plaindre. Les dernières aides reçues en 2005-2006 correspondent à une subvention moyenne de 1900 euros par salarié, qui sont sans doute tombés d'abord dans l'escarcelle des plus gros patrons. Les syndicats ont calculé que le paiement des majorations des heures supplémentaires dues à la suite de l'arrêt du Conseil d'État correspondrait au trentième des subventions reçues par les patrons du secteur pour la seule dernière période.

Bien des plus gros du secteur, comme le Club-Med et d'autres chaînes appartenant à des groupes multinationaux, pratiquent des salaires qui sont en dessous du smic, si on se rapporte aux heures effectuées et aux prélèvements faits pour la nourriture et le logement.


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