Perspective Com
Royal de gauche?

Nicolas Maury

Après des mois de lutte contre le CPE défendu par le MEDEF et sa vitrine politique l'UMP, Ségolène Royal (PS lance l'idée d'un CPE de gauche: le CPC...de qui se fout-on?

Royal de gauche?
Le projet de Ségolène Royal permettrait aux petits patrons de bénéficier d’un emploi gratuit pendant un an.

Ségolène Royal vient de proposer un Contrat Première Chance qui permettrait aux entreprises de moins de dix salariés d’embaucher gratuitement des jeunes pour un an, pendant cette année les entreprises n'aurait pas besoin de payer les salaires des jeunes car ils sont pris en charge par l'Etat. Vaste fumisterie qui ne résout en rien le problème de la jeunesse face à l'emploi.

C’est une proposition dangereuse qui rappelle malheureusement la logique du CPE. Les jeunes sont descendus en masse dans la rue pour l’empêcher, ils n’en veulent pas davantage aujourd’hui. Ils refusent la précarité, le travail au rabais, et plus encore l’idée que leur travail ne mériterait même pas que les entreprises leur versent un salaire.

Pour Ségolène Royal il y a aussi la volonté d'alléger le coût du travail

« Alléger le coût du travail ». Depuis plus de vingt ans, toute la politique de l’emploi est guidée par cette logique. Les gouvernements successifs ont développé pour cela deux types de mesures. D’abord, les contrats atypiques (TUC, CES, emplois-jeunes, CIVIS), précaires, souvent réservés aux jeunes, fortement aidés par l’État.

Ensuite les exonérations de cotisations de Sécurité sociale pour les entreprises, jusqu’aux salaires correspondants à 1,6 fois le SMIC, véritables incitations fiscales à embaucher en deçà de ce niveau.

Résultat, la France reste un pays au fort taux de chômage, la précarité s’est installée dans le paysage au point de représenter sept embauches sur dix et les bas salaires se sont multipliés. Avec 16,8 % de salariés smicards, la France a battu en 2005 un record absolu.

Loin d’y contribuer, Ségolène Royal en rajoute. Tellement, que la droite se plaint d’être plagiée. François Bayrou s’amuse à répéter que cette proposition est « celle que j’ai défendue à la tribune de l’Assemblée nationale au moment du CPE ».

Des contrats d’un an, pas forcément pérennes, pas forcément à plein-temps et pas forcément payés au SMIC, n’y a-t-il pas de quoi se demander où se niche la nouveauté à gauche !



Commentaires (0)
Nouveau commentaire :