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SNCF: grève bien suivie des conducteurs, trafic perturbé

Nicolas Maury

Le trafic SNCF a été perturbé jeudi par une grève suivie par 55% des conducteurs pour protester contre un assouplissement des conditions de travail dans le fret visant selon la SNCF à "être compétitif" face au privé

Le taux de grévistes a donné lieu à une querelle de chiffres inhabituelle dans l'entreprise, la direction avançant finalement un taux de conducteurs grévistes de 43%, la CGT l'établissant à 55% et Sud à plus de 57%. "Avec seulement deux organisations qui appelaient à la grève, celle-ci est réussie", a estimé Sud-Rail, en qualifiant ce mouvement de "dernier avertissement avant le 12 novembre".

Ce jour là, une commission paritaire (SNCF, syndicats, Etat) doit se pencher sur le projet de réforme des conditions de travail des conducteurs du fret. La CGT a demandé le report de cette réunion. Les modifications souhaitées par la direction concernent notamment le nombre maximal d'heures de conduite consécutives, le nombre de nuits de conduite d'affilée et la durée des repos.

Une négociation à ce sujet a capoté ce printemps, à la suite de quoi la SNCF a lancé un appel à des volontaires parmi les conducteurs, qui seraient 800 à accepter les nouvelles conditions. La SNCF compte plus de 16.000 conducteurs, dont un peu plus de 4.000 sont affectés au fret. Les syndicats CGT et Sud, mais aussi la Fgaac (2e syndicat chez les conducteurs) et la CFDT qui n'avaient pas appelé à la grève, sont opposés aux changements envisagés, mettant en avant la santé des agents de conduite et la sécurité des circulations.

"La direction veut allonger le temps maximal de conduite de nuit, de 6 heures actuellement à au moins 7 heures trente", a cité à titre d'exemple Bruno Duchemin, secrétaire général de la Fgaac. "Sept heures trente de conduite sans pause nous semble au delà de la limite physiologique des agents et dangereux pour la sécurité", a-t-il commenté.

Le marché du fret est ouvert à la concurrence depuis 2003 pour l'international et depuis 2006 pour le trafic national.

Pour Didier Le Reste (CGT), le problème du fret, ce n'est pas les conditions des conducteurs, mais la stratégie de la SNCF. La SNCF "ne résiste pas à la concurrence, elle la favorise" en abandonnant sciemment des parts de marchés, a-t-il estimé. Le Parti communiste a lui estimé que la "politique de déréglementation de Guillaume Pépy" aboutira à "la dégradation des conditions de travail des cheminots et (...) un affaiblissement du service public".


Commentaires (1)
1. Tourtaux Jacques le 07/11/2008 08:33
Ce qui me choque dans cette grève des roulants appelés à cesser le travail par la CGT et SUD, c'est qu'il n'y ait pas l'unanimité syndicale contre ce nouveau coup porté au service public, aux cheminots et aux usagers du rail.

Il s'agit tout d'abord d'une question de sécurité car vouloir allonger le temps minimal du travail de nuit des agents de conduite ( ADC) d'au moins 1H30, ce n'est pas rien mais, la direction a pour habitude depuis longtemps de donner la priorité au profit, au détriment de la qualité du service rendu aux usagers.

Il s'agit du transport du fret, donc uniquement des marchandises mais, qu'à cela ne tienne, la sécurité doit également être respectée tout autant que pour le transport voyageurs or, c'est loin d'être le cas à la SNCF et pas seulement pour les ADC.

La récente affaire des caténaires en est une parfaite illustration.

Par ailleurs, je déplore que 800 conducteurs sur 16 000 aient accepté les propositions de la direction d'enfreindre les règles de sécurité. Bien sûr, la direction de la SNCF ne tient pas le même langage militant que moi, les citoyens et les usagers sont muselés par une information tronquée.

Certes, des pressions ont été exercées sur certains agents de conduite mais, tout cheminot qui se respecte a à coeur de préserver dignement son outil de travail, ce qui n'est pas le cas pour ces 800. Honte à ces cheminots qui piétinent leurs acquis sociaux conquis de haute lutte par leurs ainés. N'oublions jamais cela ! Cette remarque est valable pour les travailleurs de toutes les corporations.

Jacques Tourtaux










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