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Sarkozy arrive aux Antilles dans un climat loin d'être apaisé

Nicolas Maury

Les syndicats membres du LKP ont appelé à une « semaine de mobilisation » avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy jeudi aux Antilles. Jean-Marie Nomertin, secrétaire général de la CGT Guadeloupe, décrypte les enjeux de cette mobilisation

Vous appelez à une « semaine de mobilisation », est-ce une manière de mettre la pression avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy ?

Jean-Marie Nomertin.
L’arrivée de Nicolas Sarkozy est un épiphénomène. Nous sommes mobilisés depuis le 16 décembre 2008. Et depuis le protocole signé avec les autorités et le patronat, il y a une mobilisation permanente, quels que soient les entreprises et les secteurs concernés. Il y a des grèves isolées ici et là : nous allons soutenir ces salariés en lutte tout au long de la semaine. Il n’est pas normal que ces grèves perdurent alors que les salariés sont plus déterminés que jamais. Pour la grève générale, nous prenons notre temps. Le plus urgent, c’est la résolution des conflits sociaux en cours. Si demain la classe ouvrière lance un mouvement de grève générale, nous allons certainement prendre le relais. Mieux vaut frapper ensemble que de frapper chacun dans son coin. Car c’est le même gouvernement, la même politique au service des mêmes profiteurs, que ce soit dans l’Hexagone ou en Guadeloupe. Nous avons des intérêts communs et nous souhaitons que la classe ouvrière puisse préparer un mouvement fort, et que celui-ci puisse renforcer les luttes que nous menons ici.

Trois mois après la crise sociale de Guadeloupe, quel bilan faîtes vous des accords signés avec l’État et les organisations patronales ?

Jean-Marie Nomertin.
Plus de 65.000 salariés sur 80.000 sont concernés par l’accord Bino avec la clause de convertibilité, ce qui veut dire que dans un an les collectivités locales ne subventionneront plus cet accord et que le patronat devra prendre le relais. Il en sera de même lorsque l’État arrêtera de verser sa manne financière dans trois ans. Par contre le gouvernement tente de nous berner avec le RSTA, le revenu supplémentaire temporaire d’activité. Nous avons signé un accord qui prévoit 200 euros d’augmentation net de salaire mensuel, hors prime. Or il s’avère que ce gouvernement a décidé tout simplement d’inclure les primes, ce qui va réduire le nombre de bénéficiaires. Pour nous c’est inadmissible. Il reste également quantité de problèmes non réglés liés à la pollution des terres agricoles par le chlordécone, aux contrats précaires ou encore aux minima sociaux.

Le Medef de Guadeloupe attribue au LKP la responsabilité de la crise économique actuelle…

Jean-Marie Nomertin.
C’est évidement faux, c’est une manière de nous mettre la pression avant la visite de Nicolas Sarkozy. Mais en admettant que ce soit vrai, le Medef n’a qu’à s’en prendre à lui-même. Qui a fait traîner les négociations jusqu’à ce qu’une situation de violence s’installe dans le pays avec la mort d’un syndicaliste ? Pour eux, si demain le volcan de la Soufrière entrait en éruption, ce serait de la faute du LKP. Nous sommes dans la lutte des classes. Elle passe par la mobilisation, le rapport de force, et aussi par une campagne médiatique. Le Medef mène la sienne avec les journaux qui sont à son service, mais nous sommes sereins. S’il y avait un fond de vérité dans les propos du Medef, les militants du LKP seraient victimes d’une vindicte populaire. Ce n’est pas le cas.

Entretien réalisé par Marc de Miramon pour l'Humanité


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