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Selon l’Insee : 700.000 destructions d’emplois en France cette année

Nicolas Maury

Pour l’INSEE, "le paroxysme de la crise économique mondiale semble avoir été atteint au premier trimestre 2009. En effet, après une baisse d’activité déjà forte fin 2008 et encore accentuée au premier trimestre 2009 dans une majorité de pays, des signaux moins négatifs apparaissent au deuxième trimestre

Selon l’Insee : 700.000 destructions d’emplois en France cette année
Ainsi, les inquiétudes sur la santé des banques se sont nettement apaisées et avec elles les tensions sur les marchés interbancaires. Les primes de risque, bien qu’encore élevées, ont également commencé à se replier sur les autres marchés financiers. La chute du commerce mondial, considérable à la fin de 2008 et au début de 2009, s’atténue nettement.

Cette relative amélioration trouve sa traduction dans les anticipations des chefs d’entreprise : interrogés dans le cadre des enquêtes de conjoncture, ils continuent certes d’attendre un recul de leur production, mais moins important qu’en début d’année. L’activité devrait ainsi se replier moins fortement au deuxième trimestre dans l’ensemble des pays avancés ; en France, le PIB ne reculerait plus que de 0,6 %, après -1,2 % au premier trimestre.

Au second semestre, la récession perdrait de nouveau en intensité dans les économies avancées. Les entreprises, ne craignant plus autant de ne pas disposer des financements nécessaires, réduiraient leurs investissements moins drastiquement qu’au premier semestre. En outre, à la fin du premier semestre, elles auraient ramené leurs stocks à un niveau plus en ligne avec une demande réduite : ceux-ci ne pèseraient plus guère sur la croissance au second semestre. Enfin, la montée en puissance des plans de relance soutiendrait l’investissement public et la demande des ménages.

Néanmoins, l’activité baisserait encore dans les grandes économies avancées au second semestre.

En particulier, les importantes pertes d’activité enregistrées jusque-là produiraient des effets retardés. Tout d’abord, la baisse de l’emploi qui accompagne généralement avec un certain retard celle de l’activité a à peine commencé dans certains pays, comme l’Allemagne ou l’Italie ; et même lorsqu’elle est bien entamée comme dans les pays anglo-saxons ou en France, elle n’est pas pour autant achevée. Ensuite, la chute de l’activité laisse les entreprises avec des surcapacités considérables : bien qu’amorti, le repli de l’investissement devrait donc se poursuivre au second semestre en France comme dans les autres pays avancés.

Ainsi, le PIB français reculerait de nouveau au troisième trimestre 2009 (-0,2 %) avant de se stabiliser au quatrième. Sur l’ensemble de l’année, le recul atteindrait 3,0 %. Le marché du travail continuerait de se dégrader et le taux de chômage atteindrait 10,1 % au quatrième trimestre en France métropolitaine (10,5 % y c. Dom).

Parce que la récession actuelle présente des caractéristiques largement inédites, les aléas autour de notre scénario sont inhabituellement importants. D’une part, les précédents historiques montrent que les sorties de crise financière comme les sorties de récession mondiale, deux caractéristiques présentes simultanément aujourd’hui, sont en général plus lentes que les autres fins de récession. Ce pourrait de nouveau être le cas, notamment si l’ajustement de l’emploi et de l’investissement au recul de l’activité se révélait plus intense que celui inscrit dans notre scénario. Mais d’autre part, les précédents historiques ne permettent pas d’exclure un scénario de redémarrage de la croissance plus précoce qu’attendu, si, comme c’est souvent le cas en phase de retournement, se mettait en route une dynamique auto-entretenue : les premiers signes de rebond peuvent s’accompagner d’un retour de la confiance qui peut à son tour inciter les agents à engager de nouvelles dépenses.

La forte contraction de l’activité entre fin 2008 et fin 2009 se traduirait par de nouvelles et fortes baisses d’effectifs. L’emploi se replierait au total de plus de 590 000 postes en 2009 après une baisse de plus de 90 000 postes en 2008.

Les secteurs marchands non agricoles perdraient près de 700 000 postes en 2009, après les 141 000 supprimés en 2008 ; le nombre d’emplois descendrait en fin d’année à son niveau le plus bas depuis 2000. L’emploi baisserait nettement dans l’industrie, la construction et même dans le tertiaire marchand hors intérim, alors que ce secteur avait été épargné lors des dernières récessions. Le repli de l’emploi total serait légèrement atténué par l’évolution des secteurs non marchands, où l’emploi non aidé resterait dynamique et l’emploi aidé progresserait à nouveau après deux années consécutives de baisse.


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